La course de trop?
J'ai longtemps hésité à m'y inscrire... Seulement deux semaines séparaient les 6 jours d'Antibes de ce Bordeaux-Paris cyclo. Comment récupérer en 15 jours? Comment se préparer en 15 jours? Questions complexes, que j'ai un petit peu balayé d'un revers de la main car j'avais vraiment, mais alors vraiment, envie d'y aller. Certes il y a plein de BRMs de 600km, et en plus cette cyclosportive ne permet même pas de se préinscrire et encore moins de se qualifier pour Paris-Brest-Paris. Mais tout de même, « Bordeaux-Paris » je trouve que ça parle, ça éveille dans mon imaginaire l'idée de « la plus longue course à vélo » même si cette appellation est vraisemblablement fausse, ou plus simplement, n'a pas de sens. Par ailleurs, quand j'étais gamin, j'ai souvent passé des vacances en Charentes, et j'ai des souvenirs de remontées interminables en voiture. Poitiers, Tours, Orléans, ... C'est long, ça n'en finit pas. J'ai 10 ans et je n'en peux plus d'être sur la banquette arrière, bombardé par le soleil du mois d'août. Alors même si le parcours de « BPC » n'est pas exactement le même, même si je fantasme un peu et gamberge joyeusement à l'idée de faire à vélo la Grande Route des Vacances, ce qui est clair, net, et définitif, c'est que je veux y aller. J'en crève d'envie.
Je prends donc le train samedi matin à 8 heures du matin à Montparnasse, et suis à Bordeaux sur le coup de midi. Y'a plus qu'à revenir en pédalant!
Ambiance cyclo
Je déballe mon vélo sur l'herbe, en plein soleil. Car oui, il a voyagé dans sa housse ce qui m'a évité d'acheter un billet SNCF spécial vélo et donc permis d'être un voyageur lambda. Ça m'a aussi permis de prendre le taxi pour rejoindre le lieu de départ, lequel taxi a manqué de peu d'expédier mon vélo à la feraille et moi-même à l'hôpital. La vie et les accidents de la route tiennent à peu de chose... Enfin bref, en plein soleil à remonter roues, pédales, selle et autres gadgets, je constate que la météo n'avait pas menti. Ça cogne! Un grand soleil d'été bien puissant grille tout ce qui a l'outrecuidance de s'exposer sans précaution à ses rayons vengeurs. Je me planque à l'ombre.
Je discute avec des types du club de Chilly-Mazarin. C'est juste à côté de Saint-Michel sur Orge, où je suis licencié en triathlon. La conversation est bien engagée quand un des gars raconte un truc incroyable, quelqu'un a fait 52 marathons en 52 jours! Du coup, le thème étant à la course à pied, je mentionne ma participation à Antibes 15 jours avant. Le kilométrage que j'annonce leur paraît énorme. Ce qui me frappe surtout c'est à quel point quand on connaît peu une discipline, on apprécie mal les performances réalisées par les spécialistes de celle-ci. En l'occurence la plupart de mes interlocuteurs feraient de très corrects coureurs de grand fond je pense, mais ils ne connaissent pas et ils ont vaguement entendu dire que les marathons, il ne faut pas en faire plus de 3 par an... Les mêmes types qui s'apprêtent à tenter de faire 620km de vélo en moins de 28h. C'est drôle non?
Go!
Le départ est finalement assez zen. Nous sommes 180 je crois sur cette formule 28h. À peu près autant sont partis vendredi matin, et un peu plus (500?, 600?) samedi matin, à 6h. Quelques tandems et vélos couchés, dont un rencontré au BRM 300 de Villepeux . Nous partons donc à 14h, tout le monde doit être rentré à Ballainvilliers, dans la banlieue sud de Paris, avant dimanche 18h. Un gros peloton se forme. Je le laisse partir, trop vite pour moi. Je jette un oeil derrière moi. La voiture balai est à 30 mètres, je ne suis pas loin d'être le dernier. Je roule à 35 km/h, et finalement un petit groupe se forme, nous nous agrégeons et formons un petit groupetto d'arrière garde, pas tout à fait dernier, mais loin derrière les furieux devant. Nous roulons bien, je prends copieusement les relais, après tout je suis aussi là pour m'entraîner pour Lensahn donc je fais ma part du boulot, faut s'habituer à rouler nez au vent. Je sympathise avec le dossard 190 (le seul n° que j'ai retenu...) et nous devisons sur le départ rapide des types devant. Sans surprise, nous rammassons régulièrement quelques cyclistes isolés, qui grossissent nos rangs. Nous avons du être une grosse demi-douzaine dans ce paquet, au maximum.
Tiens, une pharmacie avec une enseigne qui donne la température extérieure. Elle annonce... 37°c! Bon, c'est vraisemblablement un peu plus que la réalité, le capteur doit être au soleil, mais c'est un fait, il fait diablement chaud. Je bois comme un trou, ma poche à eau est vide, il ne me reste plus qu'un bidon sur deux, et j'ai certes du coca en bouteilles en complément mais de ce temps il ne faut pas du coca il faut de l'eau. De l'eau de l'eau de l'eau...
Et là , je mesure la différence entre le vélo façon cyclosportive et la course à pied longue distance. En effet, je ne peux pas vraiment m'arrêter pour faire le plein d'eau. Car si je le fais, je perds mon paquet, et je me retrouve dans le vent. Dilemne. Alors je roule, et j'économise mon liquide. J'ai soif, je joue un peu avec le feu car si j'ai un coup de chaud, je perds tout, mais nous roulons tellement bien que je ne troque pas cette place contre un épisode de cavalier seul en plein cagnard, vent dans le nez. Car oui, il y a un léger vent nord-est, donc plein face en ce qui nous concerne. Finalement, c'est très intéressant comme épreuve car ça oblige à combiner la sagesse du spécialiste de la longue distance qui part lentement et respecte son propre rythme avec cette réalité incontournable du cyclisme, qui veut que celui qui est dans le bon groupe a un avantage inestimable sur celui qui roule tout seul. Dans l'ensemble, je ne m'ennuie pas.
Surtout que certains participants ajoutent du piment à la fête, en particulier ces deux lascars avec leur voiture ouvreuse. Normalement il est interdit de suivre les coureurs en voiture, le ravitaillement par les accompagnateurs est autorisé uniquement 5km avant et 5km après les points de contrôles. J'ai régulièrement vu des passages de bidon en pleine circulation - limite dangereux - et donc, plein de voitures suiveuses. Mais là c'est pas une voiture suiveuse c'est une voiture ouvreuse. Elle est devant avec deux cyclistes planqués derrière. Sauf que, bien planqués comme ils sont, tout près de la voiture, ils ne voient pas le marquage au sol. Et le conducteur du véhicule non plus, manifestement, et là c'est plus grave. En effet, il rate magistralement un virage à droite, un de nos deux compères file tout droit, l'autre tourne en catastrophe, et moi et les autres, en embuscade 30 mètres derrière, obliquons tranquillement sur la bonne route en laissant cette joyeuse compagnie s'engueuler copieusement. Je ne les ai jamais revus.
En revanche j'ai revu celui qui s'était arrêté pisser quelques kilomètres avant... ... quelques kilomètres plus tard, partant du 1er point de contrôle alors que moi j'y arrive à peine. Bon, j'ai du rater des épisodes ;)
Le tobogan
À partir du km 100 (en gros) le parcours change de visage. Fini le joli ruban qui va vite, bienvenue au pays de la petite-côte-qui-paye-pas-de-mine. Et ça monte, et ça descend. J'ai souvenir de mon grand père André qui vantait les mérites du relief de la Haute-Vienne. Nous n'y sommes pas, mais nous visitons ses contreforts. C'est marrant, il m'a X fois raconté l'histoire d'une course qu'il a faite à vélo. Ça devait être Royan-Angoulême-Royan. C'est très surprenant car ce n'était a priori vraiment pas le genre de personnage à apprécier les « loisirs » - ni le genre d'époque où c'était développé - et clairement il ne s'est jamais entraîné pour ça spécifiquement. Ah, me direz-vous, le gars ufoot il vient donc d'une grande lignée de sportifs! Même pas, il était cardiaque (le genre de cardiaque qui a dépassé les 80 ans et l'était surtout parce qu'il n'a pas eu une vie facile) et à 100 lieues de la logique moderne entraînement-compétition. Je ne sais plus s'il avait gagné la course ou fait second, mais je me rappelle du plaisir à entendre son récit. Enfin bref je pense à lui car finalement je roule dans le secteur, et puis, comment dire, dans la série « faut s'accrocher » j'ai du pain sur la planche. Après une petite traversée du désert en solitaire, j'ai en effet réintégré un petit groupe de 8, dont les gars de Chilly-Mazarin rencontrés au départ, et j'essaye de rester dedans. Et ça roule, ça roule... Je contemple les haubans des vélos de mes compagnons de route. J'observe les dérailleurs. Les talons. Les mollets. J'admire les pneus. Mais les haubans c'est bien aussi. Le paysage est superbe. Non, sans rire, c'est vrai, c'est vraiment beau comme tout, avec ce soleil rageur qui se calme en début de soirée, les éclairages sont sublimes et nous empruntons des départementales improbables, je me régale.
Coucou Paulo!
Arrivé au CP2, je suis soulagé d'avoir une excuse en béton pour larguer le groupe auquel j'étais accroché. Je suis épuisé, nerveusement, par ces relances incessantes pour garder le contact, par cette pression psychologique permanente qui m'empêche de faire une petite pause pipi confort d'une toute petite minute. J'ai donc un prétexte pour lâcher l'affaire, chacun va vaquer à ses occupations, qui pour boire un coup, qui pour manger, qui pour changer de maillot, et nous repartirons dans le désordre. Je saute à pieds joints sur cette opportunité inespérée d'avoir la paix et de pouvoir rouler seul à mon rythme tout en sauvant les apparences. Parce que décrocher en route, ça esquinterait mon égo ;) On ne se refait pas.
Or donc au CP2 j'ai rendez-vous avec Jean-Paul qui revient du triathlon de Nouâtre et m'assistera pour la suite du parcours. Je suis bien content de le voir. La nuit va tomber bientôt. J'enfile ma chasuble réfléchissante, me décharge du petit sac-à -dos avec la poche à eau (ne sert plus à rien maintenant, la nuit on a moins soif), et pars seul.
Les OVNIs
Je suis seul et je roule bien. J'ai allumé mes lampes. Paulo me double en voiture. Je roule et suis fier de mon allure quand... je me fais reprendre par un groupe mené par deux avions. Je vous décris le groupe en détail. 2 types devant, avec des cuissots et des mollets énormes, secs, qui discutent pépère tranquille et envoient du bois comme pas permis. Ils roulent de front et tirent le groupe à 30 ou 35km/h. Certes je sais que ça existe des types comme ça mais que font-ils ici? Pourquoi ne sont-ils pas loin devant? Ils ont mangé une entrecôte au restaurant ou quoi? Derrière eux un de leurs amis, manifestement moins costaud, qui reste au chaud. Ensuite un 4ème, une pièce rapportée comme moi, qui est accompagné de son fils, qui est en voiture, et roule derrière nous. Je ne sais pas si le règlement l'autorise mais là je juge que niveau sécurité c'est tip-top, en effet il nous éclaire avec ses phares et nous protège, à l'arrière, de véhicules qui arriveraient trop vite sans nous voir. Avec le 4ème nous sommes éberlués par la puissance du binôme qui nous tracte. Mon compagnon ne cesse d'inventer de nouveaux termes pour les désigner. Le « quadri réacteur ». La « locomotive à 4 pistons ». Nous imaginons bien, un instant, prendre un relais ou deux, mais les deux gaillards devant sont dissuasifs, déjà planqué à l'arrière j'ai peine à suivre. En plus ils roulent de front, limite les mains en haut du guidon, on dirait qu'ils viennent de partir pour une petite ballade de 100km. Hé les gars vous êtes complètement barges ou quoi on a 250 bornes dans les pattes. Je répète, on a 250 bornes au compteur! Je serre les fesses et je m'accroche, profitant de cette occasion inespérée d'avancer si vite.
Rendez-vous raté
Notre groupe de 5 file dans la nuit à peine fraîche. C'est pleine lune. Le parcours redevient à peu près plat. À Martizay j'avais prévu de voir Aude, Hervé et Jean-Michel, des amis du Tri91 qui, ce soir, sont dans le secteur. Mais une légère erreur de kilométrage sur le road-book combinée à l'effet décapant des deux loustics qui nous ont catapulté à une vitesse limite supersonique font qu'au lieu de mettre 4 heures entre C2 et et C3 je n'en mets que 3 (en gros). Donc, je suis une heure en avance.
Ainsi, je peux croiser Jean-Paul qui roule en vélo en sens inverse, à 3km du point de contrôle. Il se disait qu'il avait le temps de faire quelques tours de roue en m'attendant. Je hurle son prénom, il ne m'entend pas. Tant pis je fonce. J'essaye de l'appeler sur son mobile. Mauvaise pioche, ici, à Martizay (36220), dans l'Indre, le téléphone portable ne fonctionne pas. J'envoie un SMS, qui ne partira pas. J'essaye de laisser un message sur le répondeur, sans succès. Alors je flâne en dégommant les sandwichs au jambon de l'organisation, remplis mes bidons avec de l'eau, bois un café, attends encore un peu, et puis bon, tout de même, faut que j'y aille. Alors je pars, déçu de n'avoir pas pu discuter avec les amis.
J'apprendrai plus tard qu'ils sont arrivés à peu près 5 minutes après que je sois parti. Caramba!
Au coeur de la nuit
La mi-parcours est passée. Il fait nuit pour de bon maintenant, j'ai enfilé un léger coupe-vent (que j'avais gardé dans une poche, j'avais filé certaines choses à Jean-Paul, mais pas tout, sage décision) et je roule à nouveau seul. Et devinez-quoi? La cavalerie me reprend! Le quadri réacteur, la locomotive, ils sont là . Ils discutent encore. J'embraye. La première fois, nous avions réussi, avec le « 4ème » à finalement négocier un petit éventail. L'éventail est une belle figure collaborative, en cyclisme, qui consiste à prendre le relai chacun son tour, et à le laisser tout de suite au suivant. En gros d'un côté, par exemple à gauche, les coureurs remontent, et de l'autre, à droite, ils se laissent glisser. Celui qui est à l'arrière se décale à gauche pour coller à ceux qui remonter et celui qui est devant de décale à droite et se laisse décrocher. C'est hyper efficace, et assez juste en terme de répartition de l'effort. Et par vent de travers, c'est par dessus le marché très régulier car ceux qui se laissent aller à l'arrière sont dans le vent, et les autres protégés. Redoutable. D'ailleurs, c'est un sujet assez intéressant, de voir comment en vélo on assiste à des tas de collaborations tacites, sans que les gens parlent, ils s'observent, prennent des décisions, se serrent les coudes, se tirent dans les pattes, je trouve ça passionnant. J'aime le vélo, voyez-vous, il y a des jours où je me demande pourquoi je cours ;) Mais revenons à nos moutons, la première fois donc, nous avions réussi à nous insérer pleinement dans le groupe et faire notre part du boulot mais là je jette l'éponge, ça roule trop fort, je me contente de me planquer sagement à l'arrière, et j'attends le C4 avec résignation. J'en bave un peu.
Chocolat & dentifrice
Enfin C4. Jean-Paul a bien géré le timing cette fois, je lui ai envoyé, en chemin, un SMS au km 340. J'ai très faim. Je décide de manger du chocolat. Hum. Mauvaise pioche, ce dernier est totalement fondu. La nuit n'est pas suffisamment fraîche pour le durcir. Le papier alu est tout fin d'un côté, tout épais de l'autre. À une extrémité le chocolat, à l'autre les noisettes. Mais j'ai vraiment envie de chocolat. Alors je tente le coup. Je déchire vaguement le papier alu et appuie sur le reste du paquet comme sur un tube de dentifrice. Ou de mayonnaise, pour ceux qui préfèrent. J'ai du chocolat plein la bouche, les noisettes restent planquées au fond. Zut! Par ailleurs j'ai les mains gluantes. Je ne sais pas où m'essuyer. Je sous-estime la quantité de pâte molle qui recouvre mes doigts et dans un moment d'égarement je m'essuie sur mon cuissard. Non seulement mes mains sont encore abominablement sales mais désormais mon cuissard est maculé de grandes traces marrons. Super-zut!
Allez, fini de faire de la déco, je repars avec mes nouvelles peintures de guerre, en route pour l'aventure.
Tous ensembles
Au C5, à Romorantin, la bonne nouvelle c'est qu'il fait jour. J'ai fini la nuit seul. Aucun problème de sommeil particulier, quelques légers passages à vide, mais rien de dramatique, je m'attendais à pire seulement 15 jours après Antibes. Et donc la seconde bonne nouvelle, c'est que je rattrape (enfin!) des randonneurs qui sont partis vendredi ou samedi matin. En gros, il y a beaucoup plus de monde sur la route - à vélo - et c'est ma foi fort sympathique. Toujours un groupe à reprendre, quelqu'un à accrocher, c'est super. Alors que souvent sur des sorties longues, à la fin, on est désespérément seul, au contraire, là , c'est de plus en plus dense. Génial!
Je continue à rouler à bonne allure. J'ai surtout très mal aux pieds, sur le devant, en dessous. Métatarse, c'est ça? Peu importe, en gros, c'est en feu, littéralement, depuis le km 100, voire le km 50. La chaleur a du jouer son rôle, mon 6 jours à pieds aussi, je dois avoir quelques séquelles. La semelle de mes chaussures de vélo (j'ai regardé après coup) est extra-fine et au final, quand on ajoute tous ces éléments, le résultat est très simple : j'ai affreusement mal. Je pense au déca . Il va falloir éviter ça. En attendant, rien à faire, je souffre depuis des centaines de km et ça commence à me taper sur le système. Mais les cuisses vont bien. J'ai mal à peu près partout (aux fesses, au dos) mais les cuisses, c'est à peu près bon. J'en profite. Je roule.
Hou le vilain tricheur
Oui, j'avoue, j'ai triché. C'est rare, mais là , j'ai fait une entorse au règlement. Normalement l'assistance n'est autorisée qu'au niveau des points de contrôle officiels. Mais là , avec nettement plus de 100 bornes entre C5 et C6, sachant que le soleil et la chaleur allaient revenir, avec Jean-Paul nous nous sommes fixé un RDV à Tigy, km 490. En théorie j'aurais du me ravitailler par mes propres moyens, disons que ça m'aurait surtout coûté plus cher (obligé d'aller à une boulangerie alors que j'avais tout dans la voiture) et que Jean-Paul aurait un peu plus poireauté en m'attendant. Si c'était à refaire, je crois que je recommencerais, je suis désolé pour les gens parfaits qui lavent plus blanc que blanc et ont scrupuleusement tout respecté mais là , j'ai pas eu le courage d'aller faire mes courses moi-même tout seul comme un grand quand mon papa avait déjà tout dans le coffre.
En parlant de règlement à respecter, il y en a un très connu qui s'appelle « code de la route » et qui mérite qu'on s'y attarde. Un concurrent a bien failli y laisser sa peau. OK parfois avec une super visibilité et une circulation nulle ça peut paraître acceptable de « couler » un stop ou un feu rouge. Encore que... Disons qu'à partir d'un certain seuil le risque est uniquement administratif. Mais là le monsieur a tenté le coup sur un feu en ville, à 10h00 du matin, avec des maisons qui limitaient l'angle de vue. Bon, en gros, il a eu un bol monstre que la dame qui, dans sa voiture passait innocemment au vert, freine et l'évite de justesse. Ouf. C'est dommage car ce type de prise de risque (inutile?) peut compromettre et la vie du coureur et l'avenir de la course.
Le final
Que dire sur la fin? La fatigue fait son oeuvre, mais j'ai continué à bien rouler. Je garde un souvenir assez dur de certaines portions en pleine Beauce où, tout seul, léger vent de face, entre deux champs de blé, grillé par le soleil, je peine à maintenir le 20km/h.
Les 50 derniers km furent psychologiquement difficiles, le parcours n'étant pas (mais alors pas du tout) le plus direct. Nous avons emprunté certes de belles routes mais je percevais bien qu'on nous balladait à droite à gauche. Je pense que c'est un bon choix, mais avec mes pieds en feu, mes bidons qui commençaient à être désespérément vides, ça n'a pas toujours été facile. Étrange tout de même de traverser mes parcours d'entraînement historiques avec presque 600km dans les jambes. Tiens, et je croise même un triathlète de mon club, qui s'entraîne!
Jusqu'au bout j'aurai eu ces moments de doute où je m'imagine avoir raté une marque au sol (occupé que j'étais à regarder l'odomètre afficher 555,55 ou encore 567,89) et m'être perdu. Mais c'était du stress pour rien, le marquage était irréprochable, rien à redire, pour celui qui avait les yeux ouverts, impossible de se tromper.
Je perçois confusément que les 25h sont carrément à ma portée, mais je n'arrive pas à savoir si je peux accrocher les 24h. Jean-Paul m'assure que oui mais je crois que non. Je me sens rincé et parfois peine à rouler à 25km/h. Alors avec les stops, les feux rouges, les côtes, ça fait pas 20 de moyenne... Je poursuis néanmoins l'effort et en mettant un bon dernier petit coup de pédale sur la fin, je rentre en moins de 24h00. D'après l'organisation 23h53 mais selon mes calculs c'est plutôt 23h57. Peu importe, la ballade était superbe! Je vous la recommande.
PS: photos à venir, il y en a, elles sont chouettes, patience ;)