22/05/2010 - CR brevet 300km Villepreux

Le tandem des amoureux

Le (beau) cadeau
Le tandem qui nous a été offert le 30 novembre 2002, pour notre mariage.

À l'origine de tout ça, il y a le tandem. Le tandem c'était le cadeau que Valérie et moi souhaitions pour notre mariage. Et on l'a eu. Un superbe Bianchi tout alu, un cadre de VTT que finalement on utilise surtout pour la route. En tous cas, belle bête. Jolie machine qui finalement se repose au fond de notre garage depuis des années. Oh certes il a roulé (600km au compteur global) mais avec nos (jeunes) enfants c'est pas facile de sortir tous les deux en même temps. Quand l'un fait du sport, l'autre fait nounou. Le tandem reste un problème épineux. Ceci étant, en 2011, nous nourrissons l'espoir de participer à Paris-Brest-Paris. Et puis les enfants grandissent. Alors, en route, c'est parti, haï-di haï-do, on s'organise pour confier les bichettes, et en route pour le BRM (brevet de randonnée mondial) 300 km de Villepreux en ce samedi 22 mai 2010.

Au petit matin

Valérie est arrivée tard du travail hier soir. Moi j'ai 60 bornes dans les pattes , autant dire que nous sommes dans une forme olympique lorsque nous émergons mollement du clic-clac de notre salon, à 1h30 du matin. Debout là-dedans! En route en voiture pour le lieu du départ. Je galère pour rentrer ce foutu tandem dans la voiture. Il rentre, c'est sûr, je l'ai déjà fait. Mais alors c'est pas facile. On s'inquiéterait presque pour trouver le gymnase, mais on choppe un autre cyclo qui nous y emmène. Ouf.

On récupère les cartons à faire tamponner, on perd un peu de temps - ma spécialité - et finalement vers 3h30, enfin, nous sommes en route. J'essaye de changer un rapport. Zut, tiens, je suis à fond? Ah... bah dans l'autre sens aussi? Mince, crotte de bique, ention et damnafer, la manette de dérailleur arrière est bloquée. Pourtant je suis certain qu'elle marchait avant de partir, j'ai du tout remonter récemment car en installant un frein à disques hydraulique à l'avant j'ai du changer la manette de dérailleur avant (et donc couper le câble) et je me suis trompé et j'ai coupé le câble arrière. Celui de 2m20 qu'on trouve nulle part. Heureusement j'en avais un en rab'. Merci papa Paulo. Bon, peu importe, ce qui est sûr c'est que j'ai tout démonté-remonté récemment et que ça marchait, nom d'un zèbre. Là, il fait nuit, on est au bord de la route, la manette est désespérément bloquée. Je pense savoir d'où ça vient, je pense que c'est le câble qui, dans la manette, est sorti à un moment où il n'était pas assez tendu. Comment réparer cela? J'ai déjà épuisé le capital de patience de Valérie en perdant 10 bonnes minutes dans le gymnase au départ. Que faire. Faut faire vite. Alors je laisse tomber la manette, plutôt que de m'échiner sur un truc avec des micro-vis rikiki dans le noir, je décide de bloquer le dérailleur arrière dans une position intermédiaire. Je sors les outils, y compris donc la pince (ouais, j'emmène une pince, c'est lourd, mais ça sert, la preuve) et je tire le câble et bloque le truc sur un pignon qui doit être le 4ème ou le 5ème. Bon, peu importe, c'est vaguement au milieu. Et il nous reste le plateau pour « changer de vitesse ». J'évite d'insister sur ce point, mais ça s'engage tout de même assez mal.

On vient de partir pour 300km. Le plus long que Valérie ait jamais fait de sa vie, c'est 100km pour accompagner un coureur et on peut à peine changer de vitesse. Ça veut dire toutes les côtes à passer en force. Les descentes à laisser filer sans pouvoir relancer. Et d'une manière générale jamais le bon rapport bien précis, toujours un peu au-dessus, un peu en dessous. On verra bien. De toutes façons on n'a pas le choix.

Prudence

Action!
Un coup de pédale à droite... un coup de pédale à gauche. Ad lib.

Je préfère rouler tranquille. 1) j'économise nos forces. Ensuite 2) il fait nuit et un éclairage vélo, aussi réglementaire soit-il, ne permet absolument pas de bourrer à 60km/h dans les descentes. Finalement 3) je n'ai aucune idée du profil du parcours et, comment dire, si jamais ça monte, on va déguster. Rappelez-vous, le dérailleur...

Ombre
Vers l'infini, et au-delà.

Ah oui, à propos de parcours, j'ai tout préparé pour mon GPS. À partir du parcours sur OpenRunner j'ai fait une route pour mon Garmin Foretrex 101, tout est dans la boîte sauf que... j'ai oublié de transférer les points sur le GPS. Quel con. Bon, Valérie se chargera intégralement de l'orientation. Pour le GPS tant pis, il ne sera pas dit que c'est indispensable pour faire du vélo.

Ce serait tentant d'intégrer un groupe mais je préfère jouer la carte solo. On risque trop à adopter le rythme d'un autre. En plus, sur un tandem, on a naturellement une bonne part des bénéfices liés à l'aspiration. Alors tant pis. Nous croisons tout de même des individus sympathiques, un type qui arbore fièrement son gilet fluo « 16ème Paris-Brest-Paris », et aussi Patitrotte qui avale le bitume avec sa trottinette géante.

Enfin, le vent dans le dos

Ravito
Une belle table de ravitaillement sous le soleil. Mmm.

Après le premier PC - ce BRM, à l'inverse de celui de Râches de la semaine précédente, dispose de points de contrôle officiels avec ravitaillements - nous piquons vers le sud et c'est une bénédiction car nous avons enfin le vent dans le dos. En plus il fait un temps superbe. Mes doigts se désengourdissent. À peine. Je comprends que mes problèmes de circulation viennent autant de ma position sur le guidon que du froid de la nuit. Intéressant.

Les pédaleurs
En route pour le sud! Et le vent dans le dos avec ça. Trop facile.

Nous faisons l'élastique avec deux montures rigolotes. L'une, pilotée par une fille, est un vélo couché, avec des roues plutôt grandes. L'autre, pilotée par un gars tout blanc qui a bien fait d'abuser de la crème solaire - pas comme moi l'abruti qui est tout rouge au moment d'écrire son CR - est une véritable fusée. Un tricycle tout caréné et gris brillant, qui me fait penser à un avion de manège, surtout avec toutes ses LEDs rouges à l'arrière. Et nous croisons un deuxième tandem. Chouette.

Ce que voit celui (celle) qui est derrière...
Pas mal le paysage à part le gros machin rose et bleu qui bouche l'horizon en plein milieu.

J'essaie de jauger l'état de fatigue de Valérie. Elle pédale toujours bien me semble-t-il. Incroyable, elle a vraiment une super pêche, c'est une spécialiste de l'ultra qui s'ignore. Mais en vélo on ne s'en aperçoit pas parce qu'en course à pied, courir longtemps on appelle ça faire de l'ultra, mais en vélo rouler longtemps on appelle ça faire du (cyclo)tourisme. Il est midi passé, ça fait des heures qu'on roule, j'ai les fesses qui brûlent, je ne peux plus supporter ma selle. Les 400 bornes de la semaine dernière ont vraisemblablement préparé le terrain. J'en peux plus. Je pense au déca et puis j'essaye de ne plus y penser. On verra sur place, n'est-ce pas. Et puis c'est vrai que la selle que j'ai mise sur ce tandem n'est pas au top de la modernité. Enfin peu importe, j'ai super mal.

Paysage
Petit point de vue, en pays de Bray si ma mémoire est bonne.

J'essaye de me distraire en regardant le paysage, mais il n'est pas exceptionnel. C'est redoutablement monotone. Non, décidément, je ne déménagerai pas demain dans l'Eure.

Dernière ligne droite

Casse-croûte
Aux alentours du km 180, opération gueuleton. Nous nous offrons 45 minutes de pause bien méritées.

Nous nous accordons une grande pause restauration vers 13h00 - 14h00, c'est bien beau tout ça, mais on n'est pas des bêtes! Je dévore mon assiette, j'ai une faim de loup! Pourtant j'ai englouti deux bananes, une demi-plaquette de chocolat et une demi-bouteille de coca aux Andelys, une heure avant.

Il ne restera ensuite plus qu'une grosse centaine de kilomètres. Le dernier PC est à Epernon. Nous discutons avec les bénévoles. L'un deux a l'intention de pousser son vélo jusqu'à 100 000 bornes. Avec de bonnes chances d'y arriver, je crois, à l'entendre. Fini de discuter, il faut y aller. Il reste 40km. Depuis le début, on tient - si on exclut les grosses pauses type pause déjeuner - environ une moyenne de 20km/h. Pas si mal. Mais là, ça va se corser. On remonte vers le nord-est, vent plein face. J'espère qu'on arrivera pas trop tard, c'est vraiment difficile pour Valérie. Je ne suis pas totalement certain d'avoir compris exactement là où elle a mal (les bras? le dos?) mais elle commence à être au bout du rouleau, et je reconnais que cette affaire dure sérieusement. Pas simple. Je me sens un peu coupable de l'avoir embarquée dans cette galère. J'espère qu'elle en gardera un bon souvenir.

Ultime côte à Neaufle le Château. Nous rattrapons le vélo couché et la fusée de manège. Son truc de plus de 30kg, c'est pas facile à emmener dans les bosses. J'en sais quelque chose, j'ai moi-même construit et participé à des courses de voitures à pédales il y a quelques années. Après un dernier jardinage dans Villepreux, nous nous présentons enfin au gymnase, un peu moins de 17 heures après être partis. En comptant nos diverses erreurs de parcours, le compteur a enregistré 320 km. La belle ballade.

Ayé
Voilà, ça, c'est fait. 300 bornes validés. En double.

Dans tous les cas, le brevet 300km est validé, nous pourrons donc nous pré-inscrire à PBP dès le 15 mai 2011. Un 400, ce serait encore mieux, mais bon, faisons les choses dans l'ordre.

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Mis à jour le dimanche 23 mai 2010.