Bon, soyez indulgents, ce compte-rendu est écrit 14 ans après les événements... Depuis j'y suis revenu sur ce marathon de paris. En 1998 , 2004 et 2008 . Et puis j'ai fait d'autres courses bien sûr. Mais... et ça c'est important, c'était mon premier marathon!
Un point important fût bien sûr l'entraînement. Je garde deux souvenirs marquants. D'abord les entraînements d'environ une heure quasiment tous les matins, avant de partir à l'école (classe prépa) entre 6h05 et 7h05. J'avais trouvé un rythme où je tombais littéralement du lit pour chausser mes grolles. En 5 minutes j'étais sur le bitume, direction le Bois de Boulogne. Du coup je connaissais très bien la fin du parcours. Je courais la nuit avec la lueur des lampadaires autour des lacs. Très chouette, en fait. Entre 6h et 7h, à cet endroit, on rencontre deux profils type : les coureurs et les prostituées. Nous vivions, j'ai l'impression, en bonne intelligence. Mais j'ai souvent eu un pincement au coeur en voyant les minettes les jambes à l'air en plein mois de Février alors que moi, même en courant, avec un collant assez épais, j'étais frigorifié. Ensuite, le deuxième souvenir marquant, ce sont les quelques sorties longues 3 ou 4 semaines avant l'événement, où je suis allé tâter la limite des 25 ou 28km. Cette sensation de fatigue était effectivement assez étrange. Le clou de mon entraînement ç'avait été un zap' du repas de midi - j'avais raccompagné une copine chez elle suite à un malaise - puis l'après-midi un gros "presque 30 bornes" à sec, avec juste un bout de pain dans l'estomac. Pour tester mes réserves, c'était terrible, après, j'étais presque certain d'en venir à bout, de ce marathon.
La veille de la course, je revenais du Canada, en avion. Décalage horaire aidant, j'ai commaté toute la journée de samedi. Et le dimanche, départ! Terrible la musique de Vangelis sur les Champs-Elysées. Depuis, j'ai connu des départs plus dantesques, en particulier en triathlon, mais tout de même, ça, ça envoyait déjà du gros.
Je suis parti à un rythme vraisemblablement trop rapide, hanté par cette (très) mauvaise idée du coureur qui est que "ce qui est pris n'est plus à prendre". A l'époque j'étais obnubilé par le rythme de 12km/h, soit 5min/km. Je comptais tout en "plus vite que 12" ou "moins vite que 12". Je suis parti vite. Tout s'est bien passé. Jusqu'au 25ème, où ça a commencé à être assez difficile. Le coup de bambou est arrivé entre le 30ème et le 35ème (à Paris, c'est dur, on est en pleine montée dans le XVIème, c'est lugubre), mais pas soudainement comme j'avais pu le lire dans la littérature. Pas de "mur" du marathon, simplement un épuisement progressif qui m'amène, sur la fin, à franchement marcher... Parti sur des bases crédibles pour 3h15, je finis en alternant marche et course, avec un temps final de 3h27 et des brouettes. Ce temps restera mon meilleur temps sur la distance pendant plus de 13 ans, jusqu'en 2007, où je le battrai à Rambouillet .
Pour la petite histoire, j'étais inscrit sous le nom de Jean-Paul Mauduit, mon père, étant moi-même officiellement trop jeune pour la distance.
Mais surtout, je garde un excellent souvenir de ce franchissement de ligne d'arrivée, de cet instant où l'on se dit "ça y est, ça y est, je suis marathonien!". Je recommanderais à n'importe qui qui est "bonne" santé et n'a pas de traumatisme articulaire ou autre l'empêchant de courir, de tenter l'expérience. Bien sûr il faut s'entraîner, bien sûr c'est pas facile, mais croyez-moi, le jeu en vaut la chandelle. Bon évidemment, dans mon cas, je n'en suis pas resté là, et je suis allé plus loin. Mais après, c'est un choix personnel.
Aujourd'hui, j'apprécie toujours ces grandes manifestations à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Faut savoir ce qu'on veut, on ne peut pas souhaiter que les gens apprécient votre loisir et partager son plaisir avec le plus grand nombre, et en même temps être contre l'archétype de la course populaire, ouverte à tous, le "marathon de capitale". Maintenant, c'est vrai, l'inscription est très chère, ce sont souvent des pompes à fric, mais bon, une inscription au Marathon de Paris ça ne coûte guère plus cher qu'un plein d'essence ou un repas trop arrosé dans un restaurant chic. Chacun son choix.