Dimanche 19 septembre 2004
Pour diverses raisons, je ne pouvais pas manquer les "Foulées du Patrimoine" d'Argenteuil, course de 10km donc. Apparemment elle était en plus qualificative pour je ne sais quoi, il fallait faire moins de 34 minutes. Ca veut dire qu'il devait y avoir des "bons" cachés dans le peloton et que la distance devait être à peu près exacte. Du coup je me suis dit que ça valait le coup de jouer le jeu et de voir combien je vaut sur 10 bornes. Même si je ne suis pas entraîné spécialement pour ça, j'avais envie de savoir.
Départ donc à 10h10. Tranquille. Ca me fait bizarre cette ambiance de course populaire, ça fait longtemps que je n'ai pas vu ça. J'ai récemment fait des petites courses avec quelques dizaines de partants, là n'est pas la question, ici en fait il y a un peu tout le monde, des très sportifs qui se connaissent sur le bout des doigts et écument tous les 10 bornes et semis de la région, et des bons citadins sédentaires qui viennent se dégourdir les jambes et s'essayer à la course de fond. Tant mieux, j'aime bien cette ambiance bon enfant.
Départ! J'essaye de ne pas trop rester dans la mélasse donc je pars volontairement un peu fort, histoire de ne pas trop être dérangé par la "masse". Même en faisant ça il en reste plein qui sont partis encore plus vite que moi - pourtant je suis à plus de 15km/h, j'ai pas l'impression de traînasser - et qui exploseront dans les 3 premiers kilomètres. C'est assez amusant de les voir décrocher. La plupart ne se rendent pas vraiment compte de ce que ça peut être que 10km. Comme il est difficile de reconnaître comme ça de visu un "bon" d'un "mauvais" coureur ils doivent penser que si les habitués partent à 16km/h eh bien il n'y a pas de bonne raison de ne pas les suivre. A priori, visuellement, rien ne me distingue d'eux, j'ai un peu de gras, je ne suis pas spécialement musclé, bref, l'entraînement ne transparait pas vraiment. Donc bon pendant 3km c'est l'hécatombe, je rattrape systématiquement des coureurs.
Et au passage Valérie m'encourage (Adèle sûrement aussi mais je ne l'ai pas entendue).
Après ça commence à se tasser. On se retrouve en petits paquets de quelques coureurs, et les niveaux sont assez égaux. Je commence à souffrir. Bon sang que c'est rapide. Arf arf arf j'en peux plus. Je respire comme une locomotive et sans que le coeur et le souffle ont du mal à tenir le rythme. Je zieute le cardio et bingo: entre 160 et 170, autant dire que je suis quasi à toc.
Au fil des kilomètres je m'insère dans un groupe de 4 coureurs. Moi, un petit jeune, un type qui doit avoir une quarantaine d'années, et un autre qui a peut-être mon âge et qui se promène. Ca doit être leur entraîneur ou un bon pote, il les pousse au cul et les motive. J'en profite largement, le groupe avance bien. Je fais la locomotive pendant plusieurs kilomètres, juste devant mes 3 camarades de courses. Du point de vue chrono c'est un mauvais calcul car on a le vent de face donc sur le principe je dépense plus d'énergie mais je m'en cogne, je veux savoir combien je mets sur 10 bornes tout seul avec mes petites tripes à moi.
Re-encouragement de Valérie (et Adèle évidemment même si c'est pas très sonore) qui a changé de place entre temps.
La fin est duraille. J'ai l'impression de faiblir. J'ai les jambes nickel, même pas un brin de douleur ni une impression de fatigue, rien. Par contre le palpitant a du mal, et je souffle comme un boeuf. Petit regard au cardio: on dépasse les 170, OK tout s'explique. Ca ne change rien à la marche de course, je dois m'accrocher à mon petit groupe, point barre. Je relance plusieurs fois le groupe, mais finalement à 500m de la fin le petit jeune place une accélération qui me laisse sur place. Le plus vieux accélère aussi et me prend plusieurs dizaines de mètres. Celui que j'appelle "l'entraîneur" est aussi devant. En clair je me fais doser sur le sprint final. Ceci dit on n'est pas mauvais par rapport aux autres groupes devant ou derrière donc je ne suis pas "si minable que ça". J'ai quand même réussi à accélérer mais pas assez. Très clairement je suis incapable de dépasser une certaine vitesse, faut dire vu l'entraînement que j'ai c'est peu surprenant.
Bilan des opérations: 39'30" environ. Cool!
J'ai du faire les 2 premiers kilomètres et le dernier en 3'50" et tout le reste en 4'00". 3 minutes après l'arrivée j'ai déjà l'impression d'avoir complètement récupéré, aucune courbature, rien. Autant 5 secondes après avoir franchi la ligne j'étais lessivé, autant là tout est OK. Rien à voir avec les arrivées de longue distance où 2h après je peux être parfois encore dans le gaz.
Ceci dit c'était rigolo mais je sais pourquoi d'habitude je fais du long et pas ce genre de course. Il manque tous ces moments de "je suis bien", de "je suis foutu" et ces franchissements de ligne d'arrivée en forme de délivrance qui sont l'ordinaire des courses longue distance. Chacun son sport.