14 mai 2011
Départ en solo
Mauvaise nouvelle, Valérie n'est plus tout à fait certaine de sa motivation pour PBP. Enfin si, mais non, mais peut-être que si. Elle hésite. Dans tous les cas, ce week-end, c'était pas vraiment possible de faire garder les filles. En tout état de cause, égoïstement, j'ai décidé d'aller seul à ce brevet 400 à Longjumeau. Un peu déçu, mais confiant, ce n'est que partie remise. On re-signera probablement en 2015, et même, d'ici là, ça va rouler chez les Mauduit, c'est certain.
Porté par le vent
Parcours très roulant sur ce 400, avec, en prime un léger vent globalement favorable. Résultat, ça roule et ça roule bien. Nous filons plein Sud, à un train que je trouve très (voire trop) rapide. J'ai confiance dans mon endurance donc je n'hésite pas à suivre le rythme, quitte à me fatiguer un peu. Au premier point de contrôle, je m'offre une bonne pizza, je suis en avance sur mon programme, et j'en profite.
La Beauce comme on l'aime
Après ma pizza, je repars seul sur la route. Je ne doute pas qu'on finira par me rattraper. Je reste toutefois seul très longtemps. La nuit tombe. La traversée de Châteaudun - je passe devant l'ancienne maison de mon arrière grand-mère - est égayée par des mômes en délire qui, de leur fenêtre, nous applaudissent. C'est plat la Beauce, mais ça roule bien. Moyenne roulée (pour l'instant) 28km/h.
Aglagla
Petit point dur, j'ai mal anticipé la météo. Ca, c'était pas malin. Vraiment pas malin du tout. J'ai prévu un maillot manches courtes, une veste thermique (davantage veste que thermique) et un coupe-vent étanche. Ils annoncent 6°c cette nuit. Je suis en cuissard court. Trop tard pour changer, foutu pour foutu, je vais devoir gérer avec ça. Les autres ont très souvent opté pour un cuissard long, des jambières... A Blois, je pointe dans un café (en lieu et place du Mac Do prévu, que je n'ai pas trouvé, de toutes façons la carte postale aurait été acceptée si j'ai bien compris) et attends quelques compagnons de route avant de repartir.
Repartir en pleine nuit d'une ville de taille moyenne comme Blois, c'est pas si simple. En effet, plus la ville est grande, plus la direction est difficile à trouver, dans un village de 50 personnes, on a vite fait de trouver la bonne départementale, mais là...
Dans notre groupe, un cycliste nous raconte que la boîte aux lettres du PC suivant est particulièrement difficile à trouver, planquée dans une ruelle sur la droite. Il achève de me convaincre que c'est dans mon intérêt de rester avec ce groupe. Je reste donc attaché à mon troupeau.
Saturday night fever
C'est bon de rouler la nuit, aussi nombreux, lorsque je prends le relais, je vois, rétro-éclairée par les lampes de mes compagnons, danser nos jambes. Les pistons s'actionnent en cadence, se croisent, c'est très joli, impossible à capturer avec un appareil photo, mais remarquable.
Je suis toujours aussi glacé, et je ne suis plus très vigileant. Alors qu'il est bientôt 2h du matin, du côte de Lamotte-Beuvron, j'identifie un bistrot ouvert sur la gauche, en face. Ni une, ni deux, je m'arrête, et deux compagnons de route se joignent à moi. Nous quittons le gros du paquet mais en échange nous avons droit à une oasis de chaleur. Je commande deux paninis chorizo-fromage. J'en mange un sur place, je terminerai l'autre sur le vélo. Quelle aubaine! J'avais tout prévu juste, j'étais un peu court en vêtements, pas très bien lotit en nourriture, ce petit en-cas va me permettre de passer une bonne nuit, bien alimenté.
Et ça ne rate pas, ces sandwichs nutritifs et bien chauds me requinquent aussitôt, je repars gonflé à bloc, beaucoup moins sujet aux endormissements.
Les contrôles de nuit avec les cartes postales (une première pour moi) sont plutôt sympathiques, en fait à chaque fois nous retrouvons une grosse dizaine de cyclos qui sont arrivés quelques minutes avant. Il y a du monde sur ce brevet. Un compagnon de route avec qui j'ai sympathisé et qui m'accompagne depuis un certain temps me prête un stylo pour remplir l'heure de passage. C'est le truc que je ne dois pas oublier la prochaine fois, le stylo.
Le fou
Cela ne m'était jamais arrivé, mais cette fois-ci, en pleine Sologne, de nuit, vers 3h00 du matin, nous avons croisé un fou. Nous étions deux, l'un derrière l'autre, quand un 4x4 nous double en nous rasant à 10cm. Moi ça va, mais mon collègue derrière a failli y laisser un bras.
Bon.
Au loin, un feu rouge. On se dit qu'on va peut-être rattraper notre chauffard. Non, le feu passe au vert. Ah mais si, le revoilà qui arrive en sens inverse. Et qui fait un écart sur la gauche. Je vois le moment où il va nous écraser, me prépare à faire une embardée sur la droite. Au dernier moment il regagne sa voie de circulation. Cette-fois je m'arrête pour noter son numéro de plaque (AT 745 ZV) sur un papier, si je le rencontre une 3ème fois et qu'il m'applatit, j'aimerais bien avoir de quoi l'identifier (tant est que ça serve à quelque chose). C'est la première fois que je rencontre un cinglé sur la route la nuit. Il faut un début à tout, mais j'avoue que si j'avais pu m'en passer, ç'aurait été aussi bien.
Café croissant
Retour au petit matin sans encombre, le vent qui nous a poussé la veille est tombé, donc nous rentrons à une allure correcte. Je reste plus ou moins dans un groupe, souvent en binôme avec mon compagnon de nuit, je sais que je vais rentrer dans les temps, je suis zen.
Le plus dur, en fait, sera d'aller de Longjumeau à Maurepas, où j'ai rendez-vous à midi chez ma belle-mère, pour un repas de famille. Là, pour le coup, j'ai le vent de face, et après m'être perdu du côté de la vallée de l'Yvette, je me retrouve sur le coup de 11h30, à rouler seul nez au vent, et je croise moult groupes de cyclos qui finissent leur ballade du dimanche et rentrent chez eux en paquet, vent dans le dos, en discutant. Je me sens vraiment seul.
Enfin bref, entre le trajet aller, le retour, et le brevet lui-même (effectué en un peu plus de 17h) je signe un week-end à 480 bornes. Il ne me reste plus qu'à faire un 600 et je serai qualifié pour PBP.