Dernier week-end de juillet 2012
J'écris ce compte-rendu en 2013. Plus de 6 mois après les événements. Pourquoi suis-je aller me compromettre à nouveau à Lensahn quand j'aurais pu rester sagement à la maison. Parce que Lensahn c'est mon 1er ultra-triathlon , que j'adore cette course, que c'est pas trop loin (moins loin que le Mexique ), que l'accueil est inimitable, et que mes filles en redemandent.
Il faut dire que ce n'est pas tous les jours qu'on peut dormir dans une authentique classe de CE1 ;)
Avec les filles, nous reprenons donc nos bonnes veilles habitudes. Nous avons pris le pli, et sommes au courant du matériel à prendre. Il faut voir large. La salle de classe pour héberger la famille bien au sec, trois fois je suis venu à Lensahn, et trois fois il a plu au moins un jour dans le week-end. Le barnum pour faire un bon stand confortable pour les accompagnateurs pendant le vélo. Et une tente pour faire un bon stand confortable (same player shoot again) pour les accompagnateurs pendant la course à pied.
Cette année, Paulo est de retour. Après une expérience difficile en 2010 , il est de retour avec ses hanches bioniques, et bien déterminé à finir.
Parmi les français inscrits cette année, beaucoup de têtes sympathiques et nouvelles, avec qui j'ai plusieurs jours pour faire connaissance.
En natation, ma préparation est assez, voire trop, légère. En effet, les années précédentes je m'entraînais souvent le midi à la pause au boulot mais cette année cette petite combine ne fonctionne plus, je travaille en plein Paris et la piscine des Halles est vraiment trop bondée à mon goût. Mais je compte sur l'habitude et une confiance en moi un brin exagérée pour me sortir de ce guêpier sans encombre. Et ça marche, je ne nage pas très très vite, je sens que je suis un peu limite, mais je boucle les 11,4 km sans problèmes particuliers. La chance sourit parfois aux inconscients.
Bon, maintenant, en selle.
J'ai décidé de faire un vélo en béton. Les autres années je m'étais économisé pour garder des piles pour la course à pied. Cette année, c'est décidé, j'allume.
Je pars avec un maillot manche courte, et ne regrette pas ce choix. J'ai failli partir en long pour me réchauffer avec la piscine et anticiper un éventuel mauvais temps, mais en fait de mauvais temps il fait surtout lourd et orageux, par certains aspects, c'est la fournaise.
Je bourrine avec méthode en écrasant un coup à droite, un coup à gauche. Un coup à droite, un coup à gauche. J'essaye de ne jamais m'arrêter. Mon plan de route est simple : j'essaye de tenir un rythme fort tant qu'il fait jour. La nuit je lèverai le pied pour mieux lutter contre le sommeil. Cela peut paraître contre-intuitif mais pour ne pas s'endormir, mieux vaut rouler cool. La technique qui consiste à s'agiter dans tous les sens pour ne pas tomber de fatigue marche pendant une heure, deux heures, mais au-delà on passe à la caisse et pour tenir longtemps, mieux vaut, au contraire, ne pas trop se fatiguer. D'un certain point de vue, les fatigues physique et mentale s'additionnent, et si on veut que la note ne soit pas trop salée, mieux vaut rester modeste au niveau de l'allure. C'est un vieux routier de Paris-Brest-Paris qui m'a donné ce conseil. Je pense que c'est un très bon conseil.
Bilan des courses, au bout de 10 heures, j'ai fait environ 300 km. Pas mal, pour quelqu'un comme moi qui, en mode randonnée, considère que 20 km/h de moyenne est une moyenne honorable. Mais ici on n'est pas en mode randonnée, j'ai un assistance de choc qui me remplit mes bidons, veille à tous les détails logistiques, ne me laissant qu'un chose à faire, l'essentiel : pédaler.
Je fais une petite pause technique, un petit apparté éditorial, pour informer que le lecteur qu'entre ce qui est écrit ci-dessus et ce qui est écrit ci-dessous, 6 mois se sont écoulés. Oui, j'écris ce CR avec un an de retard. C'est ainsi. Mais j'ai de bons souvenirs.
La fin du vélo est un peu plus laborieuse que le début. Je commence un peu à marquer, mais peu importe, ma bonne allure du début me permet de conserver un chrono honorable. La pluie, que dis-je, l'orage, s'invite à la fête. C'est assez rare, mais je me retrouve, à un moment, à carrément m'arrêter, sous des trombes d'eau, car... je n'y vois absolument plus rien, avec l'obscurité et mes lunettes pleines de gouttes. Il faut dire que cela tombe dru. Mais pas très longtemps. J'ai la chance d'avoir le bon équipement qui va bien. Tant mieux. Le point très positif c'est que je passe cette nuit sans jamais dormir. J'ai ralentis mais je ne me suis pas arrêté. Je signe mon meilleur temps vélo sur cette épreuve je crois.
Départ course à pied, et assez rapidement, sensations... pas terribles. Je ne sais pas ce qui se passe, est-ce que je paye la nuit après coup, ou bien un entraînement peut-être un peu léger ces derniers temps. En tous cas, c'est dur. Très dur. J'ai horriblement chaud, je ne supporte rien, je n'avance pas vite.
Je décide de faire une petite pause micro-dodo. Pour voir. Et ça marche. Je repars comme en 14, pas comme un boulet de canon, mais suffisamment vite pour totalement rentabiliser ma pause.
Ce regain de rythme me permet de faire un deuxième marathon plus rapide que le premier. Pour moi, c'est inédit. Et cela ouvre des perspectives intéressantes, car je me sais désormais capable de remonter des coups durs assez efficacement. Je saurai m'en souvenir.
La fin, pour moi, est très classique et archi-connue : tout se passe bien jusqu'à ce que la nuit tombe et là le coup de bambou fatal m'achève, la fin de course est dure, très dure, je n'ai qu'une envie, c'est de dormir et d'en finir. Je n'arrive pas à forcer sur les 10 derniers kilos, c'est idiot mais j'en suis déçu, j'aurais aimé pouvoir terminer en beauté. Mais bon, déjà, je termine, et c'est pas si mal. Je rate le "moins de 42 heures" mais j'améliore tout de même ma marque sur la distance, malgré une course à pied qui me laisse sur ma faim.
Mais il faut que je vous raconte ce qui est arrivé à Paulo entre temps. Non, tout d'abord, Lise. Lise, ma petite Lise, pendant que je courrais a... appris à faire du vélo... sans les roulettes! C'est pas beau ça, hein? Bon, revenons à Paulo.
Pendant que je terminais ma course, une équipe "en relais" en terminais aussi. Au moment de faire le dernier tour en sens inverse, tous se sont mis à courir, et forcément, ils couraient vite. Et au moment de croiser Paulo, alors qu'ils avançaient plein pot, ce dernier s'est pris un "coup de drapeau" dans l'arcade sourcillière. Rien de dramatique mais tout de même, du sang qui pisse de partout, et surtout un petit état de choc. Pour le coup je le comprends, à plus de 40 heures de course, on a pas besoin de ce genre de cerise sur son gros gâteau. Vaguement réparé par le médecin de course, il repart.
Et le lendemain - on ne saura jamais ce qui se serait passé sans le coup de drapeau - il est, comme qui dirait, un peu fatigué. Au point qu'il ne sait plus trop ce qu'il fait là. Je connais bien cette manière de perdre la boule, cela ne se résorbe, généralement, qu'avec du repos, mais il est suffisamment près de la barrière horaire pour ne pas pouvoir se permettre ce luxe.
Néanmoins, il finira et méritera très franchement son "T-shirt finisher", je pense que l'organisateur était aussi assez content d'avoir, à l'arrivée, le papa et son fiston.