Or donc, en ce dimanche 18 mars, il était prévu de faire un petit BRM 200k à Longjumeau. Je crois que ce 200 était mon premier brevet et c'était il y a 8 ans, en 2010.
C'est une bonne adresse, le parcours est sympa, l'organisateur encore plus, et c'est un des premiers dans l'année, donc pour les avides de kilomètres qui résident sur Paris et sa région, il est incontournable. Comme en 2010 donc, ce brevet a lieu le lendemain de l'Écotrail de Paris et pour ceux qui ont suivi cet événement, rappelez-vous, il ne faisait pas très beau.
En gros, la veille donc, le 17 mars, il tombe de la neige sur la capitale. Pas de la neige qui tient vraiment bien, juste de la neige fondante, froide et qui mouille. Les montagnards rigolent en voyant les coureurs de l'Écotrail galérer dans ce qui paraît une petite neigeouille de rien du tout en comparaison d'une tempête chamoniarde. Mais quand même, on peut le dire, il fait un temps pourri.
Suffisamment pourri pour que je dise à ma fille Lise que non, ce n'est pas obligatoire de faire la sortie de l'UVA en VTT le samedi après-midi. Je me sens presque un peu coupable, car renoncer devant l'objectif ce n'est pas le style de la famille mais il faut le reconnaître, c'est la cata. Il s'avère que cet après-midi il n'y avait... personne au rendez-vous. On a tous eu la même idée: "temps de chien, pas la peine de sortir".
Donc nous, nous avions prévu de rouler le lendemain, avec Jean-Paul et Florence. Premier brevet 200k pour Florence. Tadaaa ! Quelle chance de faire ça sous la neige. Initialement j'avais prévu de rejoindre le départ en vélo, mais la perspective de faire 300 bornes au lieu de 200, avec une météo pas très aguichante, me fait opter pour la voiture.
Elle n'est pas si horrible que ça, la météo du dimanche. Froid, mais sans grosse précipitation. Bon. J'arrive sur le lieu du départ, inquiet car je suis un poil en retard, et me dis qu'il faudrait vraiment partir vite, car si Florence a certainement le niveau pour finir le brevet dans les temps, ça ne sert à rien de partir dans les derniers et risquer d'avoir à se presser sur la fin du parcours. Bon, en vérité, Jean-Paul et Florence ne sont pas encore là . Dire que je suis surpris relèverait de la mauvaise foi.
J'entre donc dans la salle bien chauffée où je vais pouvoir récupérer mon carton et je dis, joyeusement "bonjour, c'est pour m'inscrire !". Mais non, pas possible. On m'informe que... le brevet est annulé. Quoi ? Et la raison ? Intempérie, alerte verglas, etc. etc.
Bon, je crois que l'organisateur doit être encore plus dépité que moi. Mais l'avantage avec un brevet c'est que comme la logistique fournie sur la route est minimale, que ce soit contrôlé ou pas : c'est la même.
Donc, j'attends Jean-Paul et Florence, et d'un commun accord, nous décidons de rouler quand même. On verra bien, si c'est impraticable, on fait demi-tour. Il me semble que l'alerte intempérie est exagérée car le sol n'est pas froid, il a plutôt fait chaud (enfin, relativement...) cette semaine. Et la neige, hier, ne tenait pas du tout. Et les petits flocons qui tombent en ce moment non plus. Le verglas, c'est quand il pleut sur une route froide, pas quand il neige sur une route chaude. Et puis crotte, on ne va pas se laisser impressionner par 3 flocons, je me suis levé tôt, j'ai fait une heure de bagnole pour venir ici, je suis en tenue, allez zou, on y va.
Premier constat : il fait froid. Je prête mes moufles à Florence. Elle a de bons gants mais quand il caille, y'a rien de mieux que les moufles. Bon, elle y perd en contrôle du vélo, c'est certain. Un gars en couché nous double plusieurs fois, n'a pas l'air d'être un héros en orientation.
On roule on roule, et ça ne se réchauffe pas vraiment. Au moins, il ne neige plus. Et pas de danger de verglas, il fait légèrement au dessus de zéro, et on peut le dire, par endroit la route est totalement sèche. C'est juste une triste journée d'hiver où on a envie de se roudoudouner dans son lit en attendant de manger quelques croissants bien chauds et de s'enfiler un bon café sur les coups de 11h00 du matin. Et nous on est dehors en train de rouler comme des crétins.
Le truc, c'est que l'entraînement pour la RAAM c'est maintenant et pas plus tard. Je pourrais reporter au week-end d'après, mais en fait non car le week-end suivant je suis d'astreinte au boulot, et celui encore après... et bien j'ai autre chose de prévu. En gros, faut rouler, quoi.
Au bout de 50 bornes et des brouettes Jean-Paul et Florence décident de faire demi-tour. Au rythme où nous avançons, les 200 bornes les feraient arriver dans la nuit. Pas certain que ce soit super malin d'insister. Je continue sur le parcours, en en mettant un coup je dois pouvoir revenir sur le coup de 17h00 environ.
Accélerer arrange un petit peu ma situation, je pédale plus fort, dépense plus de calories, et du coup j'ai moins froid. Toujours les pieds gelés, mais ça c'est classique chez moi, mais pour le reste, je suis bon. J'ai plein de couches de vêtements sur moi, le tout couronné par cette fantastique veste en Gore-Tex que j'avais achetée pour le Tor des Géants 2014 et dans l'ensemble, je suis plutôt bien.
Dans une descente, petite frayeur, un véhicule arrive en face, sur une petite route de campagne encaissée entre deux champs, légèrement en descente. A priori, pas de soucis, je roule à droite, il roule à droite, il y a largement la place. Sauf que... j'entends derrière moi des pneus crisser. Je serre les fesses. C'était une camionette qui, arrivant plein pot, pensait me doubler, et a finalement du changer d'avis voyant la voiture en face. Sur ce coup là , ça se termine bien. Mais la question se pose, s'il avait du percuter de plein fouet le véhicule venant d'en face ou aplatir un vélo, quel choix aurait-il fait ? On ne le saura pas, et c'est tant mieux. Mais on n'y changera rien, le vélo, c'est dangereux. Enfin non, ce qui est dangereux ce sont les voitures, qui sont dangereuses pour les vélos. Nuance.
Je fais le plein de viennoiseries à un des points de contrôle, la boulangère est habituée à ce que le brevet ait lieu et que donc, un nombre non négligeable de cyclos fassent le plein chez elle. Mais aujourd'hui, c'est le désert. Ah tiens, je pense à prendre mon antibiotique, je ne suis pas malade mais mon dentiste m'a recommandé d'en prendre. Je suis religieusement les conseils de la médecine moderne, pas de blague.
Un petit sourire en coin quand je passe à Bû j'ai un ancien collègue qui habite dans le coin, et je trouve le nom rigolo. Sur la toute fin du parcours, je double deux cyclos qui ont du faire comme nous, rouler quand même malgré l'annulation. Ou alors ce serait une sacré coïncidence, des gars roulant ensemble direction Longjumeau en fin d'après-midi avec des sacoches et tout le barda...
Au final j'arrive pas si longtemps que ça après Jean-Paul et Florence, qui ont eu la bonne idée de s'offrir un petit restaurant qui réchauffe sur le chemin du retour.
Bilan : un chouillat plus de 200 bornes, contrat rempli, et je me félicite de n'être pas venu en vélo, pas certain que le retour de nuit sur Argenteuil avec les pieds en glaçon m'aurait fait beaucoup rire. D'ailleurs, il s'est remis à neiger. On s'en rappelera, de cet hiver 2018, un grand cru.