Bon, comme je le disais ici , un des gros piliers de mon entraînement sera, enfin, est, car j'écris ces CRs avec pas mal de retard, une série de road trips sur les routes de France, pour un total d'environ 5000 bornes, réparti sur 6 sorties.
La longue distance, c'est comme tout, faut commencer petit et envoyer du gros au fur et à mesure, donc j'ai commencé par la flèche Dieppe, la plus petite de toutes et d'autant plus qu'en partant de chez moi, à Argenteuil, elle est raccourcie. Voir donc le parcours prévu qui fait un peu moins de 180 bornes.
Aller-retour, ça fait 355, tout mouillé. On est très loin du millier de km qu'il me faudrait pour rejoindre Montpellier et rendre visite à Accent Français mais enfin, bon, faut bien commencer par quelque chose.
Timing prévu : partir tôt le dimanche, arriver tard le dimanche soir.
Je pars donc tôt le matin. Réveil à 3h00. Je suis sur le vélo à 4h30. Il pleut. C'est pas de bol. En même temps, on est en mars, faut pas s'attendre à des grands miracles. Au moins je n'ai pas de vent. Juste une pluie continue et triste. Je traverse la Patte d'Oie d'Herblay la nuit donc, c'est désert. Dans quelques heures ça s'activera, les banlieusards vont se précipiter pour aller acheter du matériel de bricolage, des meubles, des articles de sport, que sais-je, c'est ici un grand temple de la consommation, assez impersonnel, plutôt désagréable, mais redoutablement pratique, je le reconnais. C'est désert mais pas totalement, je croise quelques voitures, dont certaines roulent franchement fort. C'est la fin de la fièvre du samedi soir, les buveurs de jus d'orange qui ont écumé les boîtes de nuits reviennent chez eux. Mieux vaut être prudent, je ne tiens pas à rejoindre le rang des cyclistes tombés au front un dimanche matin victimes d'un chauffard ayant un peu trop tâté de la bouteille. Mais y'a pas grand chose à faire. Un fois qu'on a le gilet fluo, les lumières, qu'on roule à droite, à part brûler un cierge et espérer qu'on évitera les balles, ça relève plutôt de la chance. Ou de la malchance.
Enfin bref, il pleut.
Le jour se lève, enfin. Et la pluie commence à s'arrêter. En voilà une bonne nouvelle ! Suivie d'une autre, un brin moins bonne : j'ai percé. Bon sang de bois, quelle galère. Jusqu'ici j'ai surtout fait du home trainer, mes seules sorties dehors c'était pour aller au boulot en vélo. C'est pénible de crever, car évidemment ça n'arrive que lorsque le temps est mauvais - ce n'est pas un hasard, la pluie fait coller les petits cailloux aux pneus, et c'est ainsi qu'ils rentrent, petit à petit, et traversent la gomme pour atteindre la chambre à air - et donc pour réparer on a les mains froides, c'est mouillé par terre, bref, pas dingue. Je perds 30 minutes dans l'opération, j'ai les doigts engourdis et remettre le pneu dans la jante me prends un temps fou.
Après Gisors, je suis étonné par le parcours, j'ai fait cette flèche plusieurs fois, mais je ne me rappelais pas cette variante. Je pense qu'il y a deux versions, une normale et une touristique, et pour une raison que j'ignore je dois être sur la normale alors que d'habitude je fais la touristique. En gros je m'attendais à longer une rivière en étant dans un sous-bois, et je me retrouve sur un plateau, sur une route plutôt roulante. Mais je peux me tromper, ça fait longtemps...
Niveau timing, je ne suis pas bon. D'une part, je suis parti à 4h30 au lieu de 4h00, l'horaire que j'avais prévu au départ. D'autre part, j'ai perdu 30 minutes avec cette crevaison stupide. Au final j'ai une heure dans la vue. On ajoute à cela que c'est ma première sortie vraiment longue de l'année. La semaine précédente j'étais au semi marathon de Paris et je n'ai pas trop mis l'accent sur le vélo. Bon on va faire court, j'avance pas. Par ailleurs, je suis en train de faire traiter une vilaine dent chez mon dentiste, elle est en cours de dévitalisation et comment dire, je la sens. Dès que j'appuie un peu et que ma circulation s'active, j'ai du mal à penser à autre chose. En vérité ça n'empêche pas d'appuyer sur les pédales, mais c'est juste foutrement désagréable. On ajoute à cela que mes vêtements sont trempés mais que, paradoxalement, maintenant, j'ai plutôt trop chaud. En effet, ça s'est bien réchauffé, et je suis habillé pour le mauvais temps. Donc je marine dans mon jus. Je pèse le pour et le contre, faut-il vraiment insister et aller jusqu'à Dieppe ? Pas sûr. Ce n'est qu'un entraînement, je voulais juste vérifier que je peux toujours rouler 200 ou 300 bornes sans trop de soucis, et sur ce point, ça a l'air bon. Si je continue, je vais être de retour au bercail vers 23h00. Je ne verrai pas mes filles, tout le monde sera couché à la maison, et accessoirement je serai tout pourri au boulot le lendemain.
Donc, je fais demi-tour au km 135, un peu après Forges les Eaux, au début de cette piste cyclable qui emprunte une ancienne voie ferrée et va quasiment jusqu'à Dieppe. Je connais ce secteur quasi par coeur, n'y apprendrai pas grand chose et, détail intéressant, pour crever, y'a pas meilleur, c'est plein de petits cailloux partout.
Par ailleurs, j'ai la nette impression qu'un petit vent d'est s'est levé. Donc, j'ai le vent dans le nez au retour. Ahem. Bon, ça fait partie du jeu hein. Le retour se passe sans encombres. Je croise un cycliste à la toute fin du parcours, qui me double comme un avion près, justement, de la fameuse Patte d'Oie d'Herblay. J'ai du perdre un peu de ma superbe après ces quelques 250 bornes. J'en aurai 270 au final en arrivant à la maison. Marrant, pour la plupart des cyclistes, cette journée a du être une belle journée où il faisait bon rouler. Et c'était vrai, à condition de ne pas partir avant 5h00 du matin. Ce qui, il faut le reconnaître, n'est pas la norme.
Au final, bilan positif, je suis à la maison avant 18h00, je profite d'une bonne soirée en famille, cette fois-ci je n'ai pas vu Dieppe mais j'y suis allé suffisamment souvent pour n'avoir aucun regret. La semaine prochaine, brevet 200k à Longjumeau.