2ème partie

Bon, et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

Souvent, quand quelqu’un s’est inscrit sur une compétition difficile, il espère faire au mieux de ses possibilités. Sinon, il serait allé se balader en forêt avec ses enfants, aurait ramassé des châtaignes et des mûres et serait déjà en train de se brûler les doigts sur la poêle à trous ou les bras avec les éclaboussures de sucre bouillant. Au lieu de quoi il va devoir boire de la soupe lyophilisée reconstituée et manger du pain d’épices industriel et quand il rentrera chez lui il n’y aura ni marrons chauds ni confiture avec un joli couvercle en paraffine. C’est bien la preuve qu’il est venu là pour terminer, pour faire un temps, pour faire un classement, en tout cas pour donner le meilleur de lui-même.

Il se trouve que donner le meilleur de soi-même, sur une course, ça veut dire avancer le plus vite et le plus loin possible. Jamais, après une course, un coureur ne sera satisfait d’avoir réussi à chopper le petit four vert et rose, celui qui était juste légèrement épicé. Pas plus qu’il ne sera fier d’avoir pensé à porter au kilomètre 57 son plus beau maillot, et sans faux pli surtout. Non, l’objectif, c’est d’utiliser toute son énergie à avancer, et à avancer le plus vite possible. Bien sûr, dans une stratégie à long terme, cela peut passer par des périodes de pause. Mais les pensées du coureur, son énergie, tout doit aller à la course, et avant tout à son aspect premier : faire fonctionner la machine humaine pour avancer jusqu’au bout, en une durée minimale.

C’est là que l’accompagnateur intervient. Son boulot est simple : faire tout le reste. Le plus beau remerciement qu’un coureur puisse faire à son accompagnateur, en fin de course, c’est : « Je n’ai eu à penser à rien. »

Bien sûr la première chose à laquelle on pense, pour délester un coureur de ses problèmes, c’est la nourriture. Fournir la nourriture au coureur, c’est lui éviter d’avoir à réveiller ses instincts de chasseur-cueilleur (ou de pilleur de buffet, c’est selon.) Puis il y a tout le reste du matériel : un coureur qui n’a pas à porter de sac, ou bien un sac de taille minimale, mais qui sait qu’il trouvera toujours, d’ici quelques minutes, heures, kilomètres, tout ce qu’il souhaite, est un coureur confiant, qui peut se consacrer à sa course. Puis viennent les états d’âmes, également consommateurs d’énergie. Il est possible d’en minimiser les conséquences en tant qu’accompagnateur. Enfin, tenir les appareils symboles de la modernité, i-phone ou téléphone portable, appareil photo ou téléphone portable, c’est mission possible pour l’accompagnateur non manchot !

La disponibilité

La première condition pour faire l’accompagnateur, c’est d’être disponible. Ça va de soi ? Pas forcément.

Quand on accompagne quelqu’un de sa famille, on peut être tenté de venir avec les enfants. C’est une bonne idée pour voir la course, mais ça n’est pas terrible si on s’est donné d’autres ambitions. Si la priorité c’est le coureur, on ne peut pas gérer une vie familiale avec cela. Lorsque l’on accompagne quelqu’un à vélo, il faut choisir entre vérifier que le petit dernier suit sa trajectoire en toute sécurité et être à l’affut des besoins de son coureur. Lorsque l’on tient un stand sur une boucle, il faut parfois choisir entre le repas, le coucher et la petite lecture aux enfants, ou bien le coureur. Une solution : venir à plusieurs. Mais aussi se répartir clairement les rôles : celui qui gère les priorités des enfants, celui qui gère celles du coureur. On peut inverser les rôles, mais il vaut mieux se le dire clairement. Si « on fait comme ça vient », en général la moitié du boulot, côté enfants comme côté coureur, part à vau-l’eau.

Bien entendu, inviter des amis sur le bord de la course est aussi une activité à pratiquer avec précaution. C’est possible seulement s’ils ont bien compris qu’on n’aurait rien préparé pour eux, et qu’au contraire, ils pourraient même se rendre utiles.

J’ai déjà aussi entendu parler de cas où l’accompagnateur a prévu d’arriver après le début de la course, de repartir avant, d’aller voir des amis pendant… A mon avis, ça nuit fortement à la qualité du soutien en course. Ça me paraît tellement évident que je ne vais pas m’appesantir sur le sujet.

Ceci dit, il m’est arrivé de prévoir de ne venir que le dernier jour sur une course de six jours (finalement, je n’ai pas pu venir du tout.) J’ai accompagné mon mari à ses courses avec nos trois fillettes. Je n’avais pas honte de mon choix. Simplement, je ne considérais pas ma venue comme un soutien de course, mais seulement comme une présence.

Passons maintenant aux activités de l’accompagnateur.

Manger

L’accompagnateur doit fournir à son coureur de la nourriture et de la boisson à longueur de temps. A cela plusieurs raisons :

  • Plus le coureur est fatigué, plus il oublie de boire, voire de manger.
  • Plus le coureur est fatigué, plus il digère mal. Il doit donc manger de petites quantités, mais très souvent.
  • Plus une personne a faim, plus elle est de mauvaise humeur. Et après on sait sur qui ça va retomber !

Sur une course hamster, nourrir le coureur demande un stand bien rangé. On pose à portée de main d’un poulain qui ne ralentit pas la boisson et la nourriture du moment. Puis on alterne pour les passages suivants, en fonction de la figure du coureur, de l’appétit montré, de minutieuses études de nutrition (ou bien à l’intuition, moi je fais plutôt avec cette seconde méthode.) Sur les courses pour lesquelles c’est possible, on accompagne quelques mètres le coureur. La méthode s’appelle « Anne, ma sœur Anne ». On pose sa main droite en visière au-dessus de ses yeux. Tout à coup, au lieu du soleil qui rougeoie (ou de la lune qui pâloie) et du chemin qui poudroie, on aperçoit la démarche reconnaissable de « son » coureur. On attrape alors d’une main un verre, de l’autre un met délicat. On commence à avancer, dans la même direction que le coureur. Et on lui passe le relai quand il nous double. Ce n’est pas autorisé sur toutes les courses hamster. Dans ce cas, il faut au moins avoir déposé bien en évidence le juste nécessaire pour le coureur. Il ne doit pas hésiter, il ne doit pas avoir besoin de s’arrêter. Il se sert et il part.

Oui, je sais, sur beaucoup de courses, il y a de toute façon un ravitaillement officiel. C’est vrai et ce n’est pas à dédaigner, même par un coureur accompagné. Toutefois où trouvera-t-il un choix précis de ses aliments préférés ? - Pas besoin de se poser la question cruciale « Banane ou pain d’épices ? » - Où sera-t-il certain de trouver à n’importe quelle heure exactement ce qu’il lui faut ? - Même si ce n’est pas l’heure de la soupe, l’accompagnateur idéal en a mis une de côté parce qu’il sait que « Le bortsch, miam, bonne nourriture pour mon coureur » - Où n’y aura-t-il jamais bousculade ? – Table réservée au chouchou de son accompagnateur. Bref, la zone personnelle, gérée par l’accompagnateur, doit être un pays idéal, un palais de Dame Tartine… d’où l’on se fait virer manu militari si on traine, mais j’y reviendrai plus tard.

Mon petit truc en plus : je sers un vrai repas à heure fixe. Petit-déjeuner avec tartines, déjeuner et dîner avec légumes, féculents et viande. Ca rythme la journée, et ça change des cacahouètes. Et rien de mieux qu’une petite surprise bien ciblée, par exemple un esquimau glacé à 16h. Des études ont démontré que la bonne surprise gourmande pouvait augmenter la vitesse de plusieurs pourcents (jusqu’à 5,7% et plus, comme ils disent sur les vitrines.)

Sur une course à roulettes, le coup du stand bien rangé fonctionne aussi. On balade son stand miniature dans une caisse à l’avant ou à l’arrière du vélo. Le coureur ne doit pas avoir à réfléchir, son stand est simplement à portée de main, sans qu’il n’ait besoin de le demander. Un coureur fatigué, de toute façon, ça grommelle. Alors comme l’accompagnateur est rarement bilingue grommellement-français, s’il est prévoyant il place sa caisse en continu à moins de 10 cm de la main du coureur. Le stand, une caisse, n’étant pas énorme, il va falloir le regarnir pendant la course. C’est possible et ce n’est pas au coureur de s’en charger. Le coureur, il reste sur le circuit. Il ne dépense pas son énergie, pas un micro-joule, à sortir du circuit. Souvent les ravitaillements sont présignalés. Si ce n’est pas le cas, l’accompagnateur doit estimer leur position. Il se transforme alors en maître d’hôtel : « Nous arrivons dans quelques centaines de mètres à un ravitaillement. Monsieur / Madame désire ? » Il arrive que le coureur grommelle, voire ne réponde rien. Ce n’est pas grave, un bon maître d’hôtel saura apporter à Monsieur / Madame la spécialité du jour. Bref, à l’approche du ravitaillement, on prévient le coureur et on prend une légère avance sur lui. On laisse la priorité aux coureurs qui n’ont pas la chance d’avoir un accompagnateur comme nous. Puis on choisit une boisson revigorante et de la nourriture digeste. Au bout de quelques ravitaillements, même si on accompagne un inconnu, on sait ce qui est bon pour lui, compote de pommes, tartines de roquefort ou bortsch, c’est selon. On récupère son destrier (c’est long : la caisse s’est renversée, le vélo a été déplacé, quelqu’un a posé le sien dessus… mais ce n’est pas impossible.) Puis on accélère. Le coureur pendant ce temps a dépassé le poste de ravitaillement. Confiant, il sait que sa portion de nourriture va le rejoindre. En effet la banane super-sonique et le rapid-Coca sont déjà là. Sans compter les nouvelles surprises que recèle la caisse-ravito du vélo.

Enfin, sur une course à postes fixes, nous sommes en général en voiture. Dans ce cas, je transforme ma voiture en terrasse de restaurant. J’ouvre le coffre. Apparaît alors un assortiment de victuailles disposées de manière à éviter toute hésitation : les meilleurs trucs sont sur le devant, les trucs difficiles à ouvrir sont cachés (sous un siège si nécessaire.) Mais souvent nous devons laisser la voiture un peu à l’écart de l’endroit on nous chouchoutons notre coureur. Dans ce cas, j’ai une mini-caisse à ravito que je prends sous le bras, un peu façon « marchand de beignets sur la plage en août » mais en gratuit. Le truc en plus : dès que le coureur est reparti, je range la voiture et je prépare la prochaine étape. Et surtout, je mets dans un sac poubelle caché tous les résidus de vieux trucs. Un coureur fatigué, des fois c’est très con. Ça peut se mettre à fouiller pour trouver ses petits pots à la carotte (« Mais si je suis sûr que j’en avais pris 12 et que je n’en ai mangé que 9 »). Alors si vous ne voulez pas qu’il perde de précieuses minutes à renverser tous les emballages vides qu’il trouve, le mieux c’est de se débrouiller pour qu’il n’en trouve aucun. Quand je m’arrête pour attendre mon coureur au prochain point, tout est toujours déjà prêt dans la voiture.

Se vêtir et s’équiper

Sur une course suffisamment longue, même le moins coquet des coureurs voudra se changer. Il y a eu une averse, le froid arrive, maintenant c’est le chaud, tel vêtement frotte… Toutes les excuses sont bonnes pour aller se rhabiller. En ultra-triathlon, vous avez en plus les changements de disciplines. Et en vélo, il y a parfois le matériel à changer. Et puis les petits bobos. Bref, il y a moultes petites affaires à gérer pour son coureur.

 
  • Méthode n°1 : j’ai pris un énorme sac contenant toutes les affaires « au cas où » de mon coureur. Et quand il me dit : « Il me faudrait mon T-shirt bleu porte-bonheur, là, parce que sans lui je n’avance plus », je fouille le sac de fond en comble. Je ne trouve rien alors je le renverse. J’étale tout. Au bout de cinq minutes, je trouve le T-shirt (ou pas). Puis, une fois mon coureur reparti, je remets tout en vrac dans le grand sac, son précédent maillot trempé de sueur itou.
  • Méthode n°2 : je m’organise. Tout d’abord, avant la course, j’essaie d’écouter mon coureur quand il me fait l’inventaire de son matériel. « Le maillot noir c’est pour quand il fait froid mais pas trop, ou alors s’il y a du vent. Le vert, c’est pour quand il pleut. Mais s’il pleut fort et qu’il fait froid, c’est ma veste rose, avec le maillot gris en dessous. Et si jamais j’ai trop mal aux pieds, au lieu des chaussettes à talons gris, il vaudra mieux celles à talons rouges. Les piles de rechange ne sont pas les mêmes pour mes deux lampes frontales. Mais c’est facile de se souvenir, et de toute façon il n’y a que la petite pour laquelle je n’ai pas mis de piles neuves juste avant la course. » Etc. Les recommandations peuvent durer une heure, trois jours, on n’a pas peur du temps quand on fait de l’ultra. Bon, l’accompagnateur en aura bien retenu quelques bribes. Mon truc à moi, c’est qu’une fois que le coureur est parti, je fais moi-même mon inventaire de ses affaires et je les re-range à ma façon. Comme cela, j’ai bien en tête chacune de ses affaires. Et si je ne me souviens pas de la couleur du maillot le plus pertinent pour la fin de nuit quand il fait froid mais ça va bientôt se réchauffer, ce n’est pas le plus important. De toute façon à 4h du matin mon coureur me dira : « Tu n’as pas vu mon maillot vert et bleu ? » et si, justement, je l’aurai vu ! A cela s’ajoute la petite touche d’anticipation. J’imagine les besoins futurs de mon coureur : avant la nuit, il lui faudra une lampe, des vêtements réfléchissants, des vêtements chauds, à midi ses lunettes de soleil, une fois par jour il va changer de chaussettes… Comme je fouille dans ses affaires et que je range à ma façon, je pose aussi sur le dessus ce qui me paraît le plus pertinent. Et je cache le reste. Il n’a pas besoin de voir son cuissard dégueu ou son tube de crème anti-frottements vide. Et pour le T-shirt bleu porte-bonheur de la première histoire : soit je le trouve en moins d’une minute, soit je peux garantir la main sur le cÅ“ur qu’il ne l’avait pas amené dans son sac d’affaires de rechange.

C’est utile de trouver quantités d’affaires à disposition aussi souvent que possible sur une course. Un accompagnateur peut même fournir un couchage à son coureur. C’est encore plus merveilleux quand tout cela est fourni clé en main. Un lit, même constitué uniquement d’une couverture dessous et une dessus, doit être fait quand le coureur en a besoin, c'est-à-dire dès qu’il s’arrête pour dormir. Il ne doit pas être mélangé avec la nourriture ou les équipements. Un lit à la banane, des cacahouètes à la Nok, c’est pas glop. Opération de tri nécessaire et continue pendant la course. Et comme pour la nourriture, le mieux est encore de tout remettre en ordre dès que le coureur sort du stand.

Pour quelques minutes

Logisticien et nourricier, l’accompagnateur a fait gagner de précieuses minutes à son coureur. Il peut encore l’aider à en gagner d’autres. Il n’y a pas besoin d’une grande expérience sportive ou d’une formation en coaching pour aider le coureur à maintenir une belle allure de course. Il suffit d’une montre, d’un petit tableau et d’un peu d’implication.

Pour faire une bonne course, je suis persuadée qu’il est utile d’avoir planifié sa progression. Ça peut être fait suivant plusieurs hypothèses (une optimiste, une très optimiste…), ça ne doit pas forcément être suivi à la lettre (finalement, on est plutôt sur l’hypothèse pessimiste qu’on a fortuitement oublié de calculer précisément), mais c’est une armature solide pour une bonne performance. Il est de bon ton pour l’accompagnateur de connaître les prévisions de passages de son chouchou à un certain nombre de « points de rencontres » de la course. Christian prépare toujours des plans de course qu’il me fournit. C’est idéal. Mais quand j’ai accompagné Vivien aux 100 km de Steenwerck, puisqu’il n’avait pas fait de tableau avec ses horaires de passage prévisionnels, je l’ai fait moi-même, en me basant sur ses performances des années passées.

J’imprime donc un tableau de temps, de distances, pour diverses hypothèses. Puis j’annote, au fur et à mesure de la course. Et je commente à mon coureur, quand j’ai le temps de lui parler un instant. « Tu es sur ton hypothèse de X heures », « Tu as trop accéléré ». Bien sûr, quand la course est longue, le coureur a tout son temps pour calculer ses temps de passage, sa vitesse, sa décroissance… Mais il a aussi largement l’occasion de se tromper. Il est toujours utile de recevoir des renseignements fiables. Prévenir son coureur quand il va très vite, c’est aussi lui permettre de faire le choix raisonné de continuer à cette allure (s’il se sent réellement dans une forme exceptionnelle) ou de ralentir (s’il ne s’était pas rendu compte de son accélération.) Et lui donner un coup de pied au cul virtuel ne lui fait en général pas grand mal. Je ne suis pas une violente dans cette catégorie. Je suis capable de dire : « Depuis 2 km, tu cours à moins de 8 km/h, tu sais », je suis incapable de dire : « Allez, il faut se bouger un peu, tu traines ! » C’est donc un coup de pied tout doux que je donne. Mais toujours basé sur le Sacro-Saint Tableau Prévisionnel.

Il y a une autre durée qu’il faut chronométrer. C’est la perfide Durée d’Arrêt. Elle n’a l’air de rien, celle-là. Parfois, on ne la remarque même pas, sauf celle que l’on prend pour dormir sur une course très longue. A l’accompagnateur de la traquer. La Durée d’Arrêt peut se décomposer en deux ingrédients : le Temps de Souffler, nécessaire pour se recharger, et le Temps Perdu, qui guette toujours. Ce temps-là, on peut lui en mettre un sacré coup. Il ne s’agit pas de rogner sur le Temps de Souffler, celui qui est nécessaire au coureur pour se réalimenter en énergie. Mais l’autre étant en embuscade, il faut rester vigilent. Le truc : regarder sa montrer dès que le coureur s’arrête, se donner une durée limite. Puis garder un œil sur sa montre. On peut faire repartir un coureur gentiment, après le temps écoulé. On peut lui parler du prochain ravito, lui donner son T-shirt propre. Mais s’il ne comprend pas, il faut insister. Normalement, la voix de l’accompagnateur rencontre dans la tête du coureur la petite voix de sa conscience, elles se mettent à l’unisson et le coureur n’a d’autre choix que de s’enfuir. Ouf.

J’ai oublié cette règle lorsque j’ai accompagné Christian dans son tour du GRP Ile de France. Il faisait froid, nous étions fatigués. Je l’ai laissé faire des poses de parfois 20 minutes dans la voiture. Il repartait ensuite, un peu reposé, disons, comme s’il s’était arrêté 10 minutes. Il avait donc également dépensé 10 minutes inutiles. Il n’a pas terminé son tour, il lui a manqué la « boucle des costauds ». Les poses trop longues ont leur part de responsabilité dans cette défaite.

En résumé : gentils coups de pieds au cul virtuels et œil rivé sur la montre.

Et l’autre œil sur l’horizon

Donc accompagnateur, c’est plutôt tranquille : on donne à manger et des affaires de rechange, on range, on vérifie l’heure. On risque même de s’ennuyer. C’est possible, mais il existe quelques remèdes contre cela, et je vais parler ici de ceux qui rendent service au coureur.

Tout d’abord, si vous accompagnez à vélo votre coureur, un peu de conversation, ce n’est pas forcément de refus. Il vaut mieux être vigilant, mais aussi motivé, pour y réussir. Vigilant pour percevoir si le coureur souhaite ou non vous entendre, si le sujet choisi l’intéresse. Motivé parce qu’il n’est pas rare d’avoir à faire la conversation tout seul, ce qui ne veut pas dire que le coureur ne l’apprécie pas.

Il existe justement un sujet idéal pour coureur fatigué : la liste des personnes qui l’encouragent et les petits mots originaux qu’ils ont trouvés pour cela. La technologie moderne permet justement d’avoir accès à ces encouragements. Personnellement, je me contente d’un téléphone portable relativement basique (il fait appareil photo, mais c’est uniquement parce que je n’en ai pas trouvé sans cette fonction.) Lecture de SMS, mémorisation et retransmission des messages parlés, c’est important, il ne faut pas le négliger.

Et pour entretenir le flux entrant d’encouragements, sur une course suffisamment longue, l’accompagnateur peut faire beaucoup en envoyant lui-même des petits billets pour raconter la course de son poulain, ses difficultés, quelques anecdotes. Cerise sur le gâteau : après la course, le coureur lui-même pourra lire ces petits mots en se remémorant.

D’ailleurs un accompagnateur prévoyant devrait toujours penser à emmener un appareil-photo, un carnet et un crayon. Tous les souvenirs qu’il arrivera à glaner (entre deux rangements de matériel, mesures de vitesse et réapprovisionnement en nourriture, ce qui ne laisse pas tant de temps que ça), bref les 2-3 souvenirs qu’il réussira à glaner seront sûrement un joli cadeau pour le coureur, une fois la ligne d’arrivée passée. Et puis, sur une course hamster, l’appareil photo donne un bon prétexte pour aller voir ce qui se passe là-bas, de l’autre côté de la boucle. On ne regrette pas, en général, d’avoir vu la course sous un autre angle. Pour être certain de pouvoir faire une photo de votre coureur un peu loin du stand, il suffit de partir en sens inverse de la course.

Après l’arrivée

La course est terminée, voilà. Le boulot de l’accompagnateur aussi ? Que nenni ! Tout d’abord, si vous avez bien fait votre boulot, vous avez permis à votre coureur d’aller au bout de lui-même. Résultat : il est fracapouille. D’ailleurs, il n’avait pas besoin de vous pour cela. Théoriquement, sur une course suffisamment dimensionnée pour lui, dans laquelle il a mis ses tripes, il a tout donné quand il passe la ligne d’arrivée. Le résultat, c’est que vous avez un invalide sur les bras. Il va donc falloir le poser quelque part, et aller chercher tout ce qui doit l’être : sac, plateau repas. Peut-être le soutenir jusqu’aux tables de massage ou à la douche. Il va falloir le cajoler.

En général, aussi, la voiture est trop loin. Disons que si elle est à plus de 10 m de la ligne d’arrivée, elle est trop loin. Il faut la lui amener. Et être patient le temps qu’il arrive à ranger ses deux jambes de bois dans l’habitacle.

Et toute votre belle organisation : un stand bien rangé, un coffre de voiture transformé en salle de restaurant, tout cela, comptez bien que vous le rangerez seul. Vous mettrez seul le vélo sur la galerie. Bref, il vaut mieux le savoir à l’avance : la ligne d’arrivée, ce n’est la fin que pour le coureur.

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Mis à jour le Friday 23 September 2011.