Beauté

Dieu ! soupire à part soi la plaintive Chimène,
Qu'il est joli garçon, l'assassin de Papa ! Georges Fourest

Chenille
Elle n'a pas changé.

Après un certain âge, tout homme est responsable de son visage. Albert Camus

Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie. Lautréamont

Belle, sans ornements, dans le simple appareil
D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil. Jean Racine

Ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c'est qu'il cache un puits quelque part. Antoine de Saint-Exupéry

C'est d'une organisation délicate de déséquilibres que l'équilibre tire son charme. Jean Cocteau - La difficulté d'être

C'est véritablement utile puisque c'est joli. Antoine de Saint-Exupéry - Le petit prince

Il était si laid que lorsqu'il faisait des grimaces, il l'était moins. Jules Renard - Journal

Il n'y a rien de plus beau qu'une clef, tant qu'on ne sait pas ce qu'elle ouvre. Maurice Maeterlinck

Je suis votre miroir, la Belle. Réfléchissez pour moi. Je réfléchirai pour vous. Jean Cocteau - La Belle et la Bête

J'étais étrangement beau. Si beau que les objets inanimés, tels que locomotives et télégraphistes, s'arrêtaient pour me regarder. A San Francisco par temps pluvieux, on me prenait souvent pour le beau temps. Mark Twain

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur. Paul Eluard

Laissons les jolies femmes aux hommes sans imagination. Marcel Proust

Le Père Buffier a défini la beauté : l'assemblage de ce qui est le plus commun. Quand sa définition est expliquée, elle est excellente, parce qu'elle rend raison d'une chose très obscure, parce que c'est une chose de goût.
Le Père Buffier dit que les beaux yeux sont ceux dont il y en a un plus grand nombre de la même façon ; de même, la bouche, le nez, etc. Ce n'est pas qu'il n'y ait un beaucoup plus grand nombre de vilains nez que de beaux nez ; mais que les vilains sont de bien différentes espèces ; mais chaque espèce de vilains est en beaucoup moindre nombre que l'espèce des beaux. C'est comme si, dans une foule de cent hommes, il y a dix hommes habillés de vert, et que les quatre-vingt-dix restants soient habillés chacun d'une couleur particulière : c'est le vert qui domine.
Enfin, il me paroît que la difformité n'a point de bornes. Les grotesques de Callot peuvent être variés à l'infini. Mais la régularité dans les traits est entre certaines limites.
Ce principe du Père Buffier est excellent pour expliquer comment une beauté françoise est horrible à la Chine, et une chinoise, horrible en France. Montesquieu - Mes pensées

Les Aryens, c'est beau mais c'est con. Pierre Desproges

Rarement la beauté et le je ne sais quoi se trouvent ensemble. J'entends par le je ne sais quoi : ce charme répandu sur un visage et sur une figure, et qui rend une personne aimable, sans qu'on puisse dire à quoi il tient. Marivaux

Si bonne est l'opinion de chacun sur ses mérites physiques que la première impression de tout modèle devant les épreuves de son portrait est presque inévitablement désappointement et recul (il va sans dire que nous ne parlons ici que d'épreuves parfaites).
Quelques-uns ont l'hypocrite pudeur de dissimuler le coup sous une indifférente apparence, mais n'en croyez rien. Ils étaient entrés défiants, hargneux dès la porte et beaucoup sortiront furibonds. Nadar - Quand j'étais photographe

Son narcissisme doit beaucoup à la cécité.

Tout est beau dans ce que l'on aime ;
Tout ce qu'on aime a de l'esprit. Charles Perrault - Riquet à la houppe

Une fausse louange est un blâme secret :
Je suis belle à tes yeux, il suffit, sois discret ;
C'est mon plus grand bonheur et le seul où j'aspire. Pierre Corneille - Mélite

Une femme à la bouche si belle que, vraiment, on ne saurait dire qu'elle a une lèvre inférieure. Jules Renard


Cyrano de Bergerac
Le nez de Cyrano de Bergerac. Le vrai

Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh ! Dieu !... bien des choses en somme...
En variant le ton, - par exemple, tenez
Agressif: "Moi, monsieur, si j'avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champs que je me l'amputasse !"
Amical : "Mais il doit tremper dans votre tasse
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap !"
Descriptif : "C'est un roc !... c'est un pic !... c'est un cap !
Que dis-je, c'est un cap ?... C'est une péninsule !"
Curieux : "De quoi sert cette oblongue capsule ?
D'écritoire, monsieur, ou de boîtes à ciseaux ?"
Gracieux : "Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ?"
Truculent : "Ca, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu'un voisin ne crie au feu de cheminée ?"
Prévenant : "Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol !"
Tendre : "Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane !"
Pédant : "L'animal seul, monsieur, qu'Aristophane
Appelle Hippocampelephantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d'os !"
Cavalier : "Quoi, l'ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c'est vraiment très commode !"
Emphatique : "Aucun vent ne peut, nez magistral,
T'enrhumer tout entier, excepté le mistral !"
Dramatique : "C'est la Mer Rouge quand il saigne !"
Admiratif : "Pour un parfumeur, quelle enseigne !"
Lyrique : "Est-ce une conque, êtes-vous un triton ?"
Naïf : "Ce monument, quand le visite-t-on ?"
Respectueux : "Souffrez, monsieur, qu'on vous salue,
C'est là ce qui s'appelle avoir pignon sur rue !"
Campagnard : "Hé, ardé ! C'est-y un nez ? Nanain !
C'est queuqu'navet géant ou ben queuqu'melon nain !"
Militaire : "Pointez contre cavalerie !"
Pratique : "Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot !"
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot
"Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître !"
- Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve. Edmond Rostand - Cyrano de Bergerac, tirade du nez

Page générée par UWiKiCMS 1.1.8 le Friday 22 November 2024.
Copyright © 2011 Valérie Mauduit. Document placé sous licence GNU FDL.
Mis à jour le Monday 19 September 2011.