Méthodologie

Méthodologie

La méthodologie proposée ici repose sur une comparaison de deux groupes appariés : un groupe de personnes âgées bachelières (rappelons que les bacheliers représentent environ 17,5 % des personnes âgées) et un groupe contrôle, constitué de personnes âgées non bachelières de niveau fin d’études primaires.

Le recrutement de la population

Les personnes seront recrutées dans la population non institutionnalisée atteinte de façon modérée de la maladie d’Alzheimer. Pour effectuer ce recrutement, nous ferons appel à quelques consultations mémoire, dont le nombre dépendra de la quantité de recrutement possible dans chacun. Les consultations mémoire réalisent systématiquement une passation du MMS de Folstein et du GDS-15 (Yesavage et al. 1982).

Le MMS (Mini Mental State Examination, Folstein 1975) est un examen très court (environ 8 min), permettant d’évaluer le déclin cognitif. Sa validité et sa fiabilité sont reconnues. Le score maximum est de 30. Le degré de sévérité de la démence est considéré comme léger avec un score supérieur à 20, modéré entre 10 et 20, alors qu'en dessous de 10, la démence est sévère.

Le GDS-15 (Geriatric Depression Scale) est l’outil diagnostique de référence pour l’évaluation de la dépression du sujet âgé, dans sa version raccourcie de 15 questions, de manière à ne pas trop fatiguer ou irriter les personnes le passant. Le score est compris entre 0 et 15. Le degré de sévérité de la dépression est considéré comme léger entre 5 et 8 points, modéré entre 9 et 11 points et sévère à partir de 12 points.

Nous demanderons aux consultations mémoire de nous proposer des personnes répondant aux critères suivants :

  • Un diagnostic de maladie d’Alzheimer débutante, avec un score MMS compris entre 18 et 22. Le score doit être suffisamment élevé pour que la personne soit capable de participer aux entretiens de notre enquête.
  • D’un niveau d’études supérieur au bac pour le groupe d’étude et d’un niveau d’études fin d’école primaire ou certificat d’études pour le groupe contrôle.
  • D’un âge supérieur à 75 ans, pour que le critère d’étude corresponde à une réalité sociologique, les bacheliers étant rares parmi ces générations. Nous avons montré au début que la proportion de bacheliers de ces générations est nettement plus faible que celle des générations suivantes, même celle des 65-75 ans, tout en étant suffisante pour qu’il ne soit pas trop difficile d’en recruter pour une étude.

Nous ne donnerons pas le sujet exact de la recherche aux consultations mémoire, pour ne pas biaiser le recrutement par un plus fort taux de dépression parmi la population bachelière que la population contrôle. Nous demanderons le consentement éclairé des personnes incluses dans notre enquête (cf. annexe C ), ainsi que de leur aidant principal. Il sera précisé que les réponses sont confidentielles et anonymes.

Nous recruterons une vingtaine de personnes dans chaque groupe. Nous veillerons à ce que la proportion d’hommes et de femmes, l’âge moyen et le score au MMS soit les mêmes dans chacun des groupes.

La passation du MMS et du GDS-15 ne devra pas être trop ancienne, de manière à éviter de refaire passer ces examens aux personnes recrutées. Un délai inférieur à 3 mois entre la passation des questionnaires en consultation mémoire et notre enquête paraît raisonnable.

Matériel et méthode

Pour chaque participant à l’étude, les scores MMS et GDS-15, ainsi que l’âge, le sexe et le niveau d’études seront notés.

L’enquête se déroulement sous forme d’examens individuels d’environ 30 min. Dans un premier temps, un entretien court portera sur les professions exercées antérieurement ainsi que sur les loisirs avant démence.

Si une personne du groupe « bacheliers » n’a pas exercé de profession intellectuelle ni eu d’activités cognitives stimulantes avant la maladie, elle sera écartée de l’étude. Les activités cognitives stimulantes sont choisies en se basant sur la liste de Wilson et al. 2010 et comprennent la lecture, la visite de musées, les jeux d’échecs ou de cartes. Les personnes du groupe contrôle ayant exercé une profession intellectuelle seront également écartées. Ces personnes seront remplacées par de nouveaux recrutements.

Les outils choisis correspondent aux hypothèses de l’étude : nous mesurerons pour chaque personne son estime de soi et l’image qu’elle a de son environnement. Ils répondent au besoin d’outils de passation simples et courts, de manière à être adaptés à une population de démence modérée.

Note :

  • Professions intellectuelles : nous utilisons la nomenclature PCS (professions et catégories socio-professionnelles), les professions intellectuelles correspondent aux catégories « Cadres et professions intellectuelles supérieures » (Professions libérales, Cadres de la fonction publique, Professeurs, professions scientifiques, Professions de l’information, des arts et des spectacles, Cadres administratifs et commerciaux d’entreprise, Ingénieurs et cadres techniques d’entreprise) et « Professions intermédiaires » (Professeurs des écoles, instituteurs et assimilés, Professions intermédiaires de la santé et du travail social, Clergé, religieux, Professions intermédiaires administratives de la fonction publique, Professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises, Techniciens, Contremaîtres, agents de maîtrise)

Mesure de l’estime de soi

Nous utilisons l’échelle de l’estime de soi de Rosenberg (Vallieres, Vallerand, 1990 pour la version française, présentée en annexe D ) Il s’agit d’un test court, dont la validité et la fiabilité sont prouvées. Il peut être utilisé pour sur des personnes âgées. Il comporte 10 items correspondant à des questions directes pour lesquelles le sujet doit évaluer un degré d’accord. Elle a l’avantage d’être unidimensionnelle, elle fournit directement un score d’estime de soi, compris entre 10 et 40. Plus ce score est élevé plus l’estime de soi est faible.

Mesure de l’environnement perçu

Nous utilisons l’Échelle de Satisfaction de Vie (ESDV-5, Blais et al. 1985 pour la version française, présentée en annexe E ). Il s’agit d’un test court, dont la validité et la fiabilité sont prouvées. Cette échelle comprend cinq énoncés mesurant une satisfaction générale que la personne peut entretenir vis-à-vis de sa vie. La passation a l’avantage d’être courte et simple. Le score obtenu est compris entre 5 et 35, un score élevé correspondant à une satisfaction de vie élevée.

Procédure

Lors de la passation, nous commençons par nous présenter et présenter l’étude de manière très brève, puis nous expliquons le déroulement de la passation.

Celle-ci commence par un entretien semi-directif sur les professions exercées et les activités et loisirs habituels avant les troubles cognitifs, qui dure environ un quart d’heure. Ensuite, les questionnaires sont passés oralement : nous lisons les items et notons la réponse, ceci car les personnes présentant des troubles cognitifs peuvent ne pas être aptes à répondre à un questionnaire écrit. Les questionnaires sont passés dans l’ordre : échelle de l’estime de soi puis inventaire de qualité de vie pour la moitié des personnes de chaque groupe et dans l’ordre inverse pour l’autre moitié des personnes de chaque groupe. Ceci permettra de mesurer s’il y a un biais lié à l’ordre de passation et de le corriger éventuellement.

Le calcul des scores de la personne aux deux tests ne sera pas effectué devant elle. Les échelles proposées correspondant à des passations de l’ordre de 5 min, le temps d’une demi-heure alloué à l’entretien est large.

Analyse

Nous obtenons un protocole emboîté à trois variables dépendantes. L’emboîtement correspond aux deux groupes en fonction du niveau d’études : groupe « bacheliers » et groupe contrôle « non diplômés ». Le score au MMS, évaluant le niveau de déficit cognitif, est une variable contrôlée utilisée pour le recrutement des personnes, tout comme l’âge et le sexe, qui doivent être équivalents dans les deux groupes. Les variables dépendantes sont : les scores au GDS-15 (score global de dépression), à l’Échelle d’Estime de Soi de Rosenberg (score d’image de soi) et à l’ESDV-5 (score de qualité de vie).

Le calcul de la moyenne et de l’écart-type de ces trois variables numériques, dans chacun des groupes, permet de faire une comparaison entre groupe « bacheliers » et groupe contrôle.

Un score GDS-15 significativement plus élevé dans le groupe « bacheliers » confirmerait l’hypothèse principale. Ce résultat serait étayé par les scores obtenus aux deux autres tests. Un score à l’Échelle d’Estime de Soi de Rosenberg significativement plus élevé dans le groupe « bacheliers » confirmerait l’hypothèse d’une estime de soi plus basse dans cette population, ce qui pourrait être un premier facteur explicatif de la dépression. Un calcul de corrélation entre scores GDS-15 et Échelle d’Estime de Soi de Rosenberg confirmerait cette hypothèse. Un score ESDV-5 significativement plus bas dans le groupe « bacheliers » confirmerait l’hypothèse d’une image de l’environnement plus basse dans cette population, ce qui pourrait être un deuxième facteur explicatif de la dépression. Un calcul de corrélation entre scores GDS-15 et ESDV-5 (corrélation négative attendue) confirmerait cette hypothèse.

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Mis à jour le samedi 22 novembre 2014.