Le développement des présupposés
Les personnes âgées diplômées en France
Le vieillissement de la population française est un fait connu. L’INSEE (enquête publiée en 2012, bibliographie [1]) compte 17,1% de personnes âgées, c’est-à -dire de plus de 65 ans, en France au 1er janvier 2012, ce qui représente près de onze millions de personnes. Plus de la moitié sont âgées de plus de 75 ans. Environ 58% des personnes âgées sont des femmes.
Ces personnes âgées n’ont pas le même parcours scolaire que les jeunes adultes actuels. Alors qu’en 2012, 76,7% d’une génération a un baccalauréat (dont 37% un baccalauréat général), en 1945, seuls 3% d’une génération l’obtenaient, et 20% en 1970 (INSEE, recensement 2010, bibliographie [15]). A. Prost (2013) estime qu’à la même période, environ 50% des enfants obtenaient le certificat d’études primaires. Il convient donc de considérer les personnes âgées bachelières comme des diplômés se démarquant de la population générale de leur âge, qui ont eu souvent accès à des professions intellectuelles, un statut social élevé.
D’après les données du recensement de l’INSEE de 2010, 17,4% des personnes âgées ont le baccalauréat ou plus, il y a donc environ 2 millions de personnes âgées bachelières en France actuellement. A titre de comparaison, les personnes de 30 à 40 ans sont 49,3% à avoir baccalauréat ou plus. Dans cette génération de trentenaires, on compte 21,6% de diplômés bac+4 ou plus. La proportion de personnes âgées bachelières est donc proche de la proportion des jeunes adultes actuels ayant un diplôme universitaire de second cycle ou équivalent.
Les deux affections les plus fréquentes chez les sujets âgés sont les démences et les dépressions (Derouesné, 1996.)
Note :
- Dans la suite du document, le terme « personne âgée » désignera une personne de plus de 65 ans, définition communément admise (voir Ferrey et Le Gouès (2008))
La maladie d’Alzheimer
D’après l’INSERM (2007, p. XIII), 6% des personnes âgées sont touchées par la maladie d’Alzheimer. Ce sont principalement des femmes. La maladie d’Alzheimer est une maladie neurologique, conséquence de changements structuraux dans le cerveau. Elle provoque des modifications de l’intellect, du comportement et des affects.
Les critères diagnostiques de la maladie d’Alzheimer, d’après le DSM-IV-TR (p. 182), sont :
- des déficits cognitifs multiples, parmi lesquels des troubles de la mémoire et une ou plusieurs autres perturbations cognitives (aphasie, apraxie, agnosie, perturbation des fonctions exécutives) ;
- une altération significative du fonctionnement social ou professionnel due à ces déficits cognitifs ;
- un début progressif et un déclin cognitif continu ;
- des critères d’exclusion d’autres démences ou d’autres troubles mentaux.
Les critères diagnostiques précis de la maladie d’Alzheimer, d’après le DSM-IV-TR, sont fournis en annexe A .
Il est reconnu que la maladie d’Alzheimer est souvent accompagnée de dépression. D’après Landreville et al., cités par Soucy (2008, p. II), 50% des malades d’Alzheimer présenteraient des manifestations dépressives.
Notes :
- DSM-IV-TR : Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, version 4 révisée
- Aphasie : Détérioration du langage
- Apraxie : Altération de la capacité à réaliser une activité motrice malgré des capacités motrices, des fonctions sensorielles et une compréhension des consignes intactes
- Agnosie : Impossibilité de reconnaître ou d'identifier des objets malgré des fonctions sensitives et sensorielles intactes
- Les fonctions exécutives comprennent la capacité à penser de façon abstraite, à planifier, initier, organiser dans le temps, contrôler et arrêter un comportement complexe.
La dépression
D’après Clément et Léger (1996), les symptômes dépressifs touchent environ un tiers des personnes âgées. Les données de prévalence de la dépression elle-même sont variables selon les études (critères, méthodes d’évaluation choisies…)
La dépression est un trouble mental qui se caractérise, d’après le DSM-IV-TR, par les critères diagnostiques suivants, présents pendant au moins deux semaines, non expliqués par un autre trouble mental tel que schizophrénie, trouble délirant, ou par un trouble bipolaire : une humeur dépressive, une diminution du plaisir, un ralentissement psychomoteur, une perte d’énergie, des modifications de poids et des troubles du sommeil. L’ensemble des critères diagnostiques du trouble dépressif majeur, d’après le DSM-IV-TR, sont fournis en annexe B .
Nous nous basons ici sur une approche cognitive pour expliquer la dépression. D’après Beck (Weissman et Beck 1978), la triade cognitive joue un rôle primordial dans l’origine des dépressions. Il s'agit d’attitudes négatives suivant trois axes :
- L’image de soi, vue comme inadéquate, déplaisante, physiquement, moralement ou mentalement ;
- L’environnement, considéré comme trop exigeant et présentant trop d’obstacles. Les interactions avec l’environnement sont vues en termes d’échec, de privation ;
- L’avenir vu comme préprogrammé, les difficultés actuelles devant continuer indéfiniment, sans espoir.
Cette approche est à la base des thérapies cognitives de la dépression.