10/11/2017 - Ballade sur l'Appalachian Trail, épisode 1

Vendredi 10 novembre 2017

Remarque préliminaire, ce compte-rendu est deux parties, ce récit de novembre 2017, et la suite qui se passe en février 2018.

En 2018, mon objectif principal, c'est la RAAM et ses presque 5000 bornes en vélo.

La préparation commence longtemps avant, donc en 2017, je suis déjà dessus. Comment se préparer ? Il y a plusieurs écoles. Certains ont des plans bien précis, et ils essayent de les suivre. C'est souvent compliqué car il faut s'adapter aux contraintes professionnelles, familiales, personnelles. D'autres, et je fais partie de ceux là, essayent juste de voir, un petit peu au dernier moment, comment ils peuvent tirer profit de leur contexte pour s'entraîner au mieux.

Je sais que d'ici à juin 2018, je dois faire beaucoup de vélo, certes, mais toute activité physique est bonne à prendre. Par exemple, une bonne randonnée dans la nature, c'est sympa, et ça permet de rester en mouvement, se sentir vivant, etc. Par ailleurs, j'ai lu avec grand enthousiasme le bouquin d'Alastair Humphrey sur les micro-aventures et donc j'ai la tête bourrée d'idées de trucs rigolos à faire.

Or, il se trouve que mon employeur, Datadog a ses bureaux à New-York, et j'y vais régulièrement. Techniquement parlant, je suis salarié de Datadog France et nous avons de superbes locaux dans Paris, mais on travaille aussi beaucoup avec nos collègues américains, et donc je suis régulìèrement en "voyage d'affaire", on va dire, pour des périodes allant de quelques jours à une semaine complète. Donc, parfois, il m'arrive de passer un week-end, seul, logé dans un hôtel à Manhattan. Le rapport avec l'entraînement ? Et bien un week-end libre, c'est un week-end libre, autant bien l'occuper ! En l'occurence, le vélo en hiver dans le nord-est américain, je ne suis pas certain que ce soit une idée de génie.

Mais on trouve, pas très loin de New-York, la fameuse Appalachian Trail, qui fait environ 3500 km et navigue donc, sur la chaîne des Appalaches. C'est valloné, c'est magnifique, et c'est surtout tout un symbole. Il y a une culture des "thru hikers" qui marchent le long de ce chemin, suivant un véritable parcours initiatique. La tradition veut qu'ils adoptent un surnom, j'ai lu un excellent bouquin de Jennifer Phar Davis, Becoming Odyssa, que j'ai trouvé très inspirant. Ça fait un peu penser aux pélerinages sur le chemin de Compostelle, chez nous. D'ailleurs il y a d'autres grands chemins de ce type aux États-Unis, le Continental Divide Trail (5000 km) ou encore le Pacific Crest Trail (4200 km).

Bon, moi je ne vais pas devenir un véritable Thru Hiker, il faut plusieurs semaines ou mois pour faire toute l'"AT", comme on l'appelle. Mais en un week-end, on peut déjà s'amuser. Mon plan: aller en train quelque part, randonner en bivouaquant comme je peux, en pleine nature, et revenir en train depuis une autre station, un peu plus loin sur le parcours.

J'ai identifié 3 points de départ ou d'arrivée, où l'on trouve, en gros, une station de train à moins de 5 km du sentier. C'est difficile de trouver plus proche. Les États-Unis, c'est un pays où la voiture est reine. On s'y déplace en avion pour les très longues distance, ou en voiture pour tout ce qui fait moins de 500 km. Mais le train, c'est un peu un vestige de la grande conquête du Far West. Il est vétuste, les billets y sont poinçonnés à la main par des agents payés au lance-pierre, et en gros, voyager en train aux États-Unis, c'est un peu remonter dans le temps de quelques décennies. Enfin, moi, ça m'a rappelé mon enfance et les années 80.

Pour identifier 3 gares candidates, j'ai recherché donc pas trop loin de New-York, en gros de part et d'autres de l'Hudson River, ce qui existait comme ligne de chemin de fer, et j'ai choisi les gares les plus proches de l'AT, à l'endroit ou les lignes de chemin de fer croisent le chemin. Le réseau ferré, dans le secteur, fait un peu penser au réseau parisien, sans surprise c'est en étoile au départ de New-York. Donc, les trois gares:

Pour aller plus loin au sud ou au nord, ça devenait vraiment compliqué. Vous pouvez aussi voir le parcours que j'avais prévu, sur OpenRunner, et qui fait un peu plus de 100 km.

Le feu
Arrivé à notre point de chute, je bricole un feu de camp.

En gros, Garrison est à mi-chemin entre Harriman et Pawling. Je m'étais dit: on part vendredi soir, de nuit, on dort dès qu'on a bien marché, puis on va jusqu'à la rivière dans la journée de samedi. Ensuite on repart pour une petite marche avant un deuxième bivouac, et on repart pour une bonne randonnée du dimanche, arrivée prévue à Pawling le dimanche après-midi. Et du coup on dort bien la nuit de dimanche à lundi, frais et dispos pour bosser lundi matin !

Marek
Mon collègue, au réveil. Ça caillait. Ça caillait dur.

Vous avez remarqué, j'ai dit "on". Oui, car j'ai embarqué un collègue dans l'aventure. Il est polonais d'orgine, mais vit et travaille à New-York depuis des années, donc de mon point de vue, c'est un véritable américain. Il a juste un petit accent et roule un petit peu les "R". Si vous êtes curieux, vous pouvez consulter son profil facebook. Je ne travaille pas directement avec Marek, mais on a un forum interne dans lequel on parle de course à pied etc. et donc je sais qu'il est sportif, il court des marathons, fait du triathlon, et s'il faut, sur courte distance, il est même plus rapide que moi. Donc quand j'ai proposé "ohé les amis je vais faire une randonnée géante dans quelques semaines aux alentours de New-York", il a répondu présent. J'ai totalement confiance en Marek (c'est son prénom) et ce sera l'occasion de faire un peu mieux connaissance.

Compagnon de route
On sympathise avec un "thru hiker". Très sympa.

On sort donc du boulot, on achète un briquet et du papier journal, et on file direct par le train, direction Harriman. Il faut passer par le New-Jersey, il y a un changement. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la géographie New-Yorkaise, le New-Jersey c'est juste l'autre côté de la rivière. Légalement, ce n'est pas New-York, mais en pratique une quantité incroyable de gens vivent là-bas et traversent l'Hudson, en tunnel ou via un pont, pour aller bosser dans Manhattan. À mon sens l'inconfort de vie est maximal, tu te payes les pires bouchons de la terre, tu es soit dépendant d'un réseau de transport type métro/RER complètement décadent, ou sinon tu peux essayer de ruiner ta santé mentale à emprunter le Lincoln Tunnel ou un des ponts embouteillés qui traversent l'Hudson River. À répéter tous les jours pendant 40 ans, normalement à la fin tu es une ruine humaine, pas besoin de mettre de l'argent de côté pour ta retraite, tu ne dureras pas longtemps, c'est juste pas possible de supporter ça et vivre au-delà de 70 ans. Enfin bon les gens qui font ça sont riches. Ou pas.

Bon bref, on change de train et on file dans le train de banlieue, direction Harriman. J'étais content que Marek soit là car le système de ticket est tout sauf clair, et surtout incroyablement daté. Cela faisait des années que je n'avais pas vu un poinçonneur, avec une vraie machine qui fait des trous. Avec la SNCF, ça peut arriver, mais en pratique, ces derniers temps, j'ai quasiment toujours un billet électronique. On imagine que la privatisation va permettre de nous aligner sur le niveau des États-Unis.

Beer can stove
Une cannette de bière, un couteau, de l'alcool à brûler, et hop, voilà de quoi cuisiner.

On arrive au lieu dit Harriman. Je démarre mon GPS de poche. Environ 5 km de route avant de rejoindre le chemin officiel. Marek a acheté une carte papier, au cas où. Je ne sais absolument pas de quelle qualité est le marquage. Tu peux demander sur Internet ou te renseigner dans la littérature, tant que tu n'as pas vu les marques pour de bon, "bien marqué" ou "mal marqué" ça n'a aucun sens. Il faut juger sur pièces.

Le marquage est blanc. Donc la nuit, tu peux te brosser, c'est pas hyper visible. Enfin au moins les coups de peinture sont bien larges. On entame par une grande montée. Pas très surprenant, la ligne de chemin de fer circuler à fond de vallée, et le chemin traverse tout droit, transversalement, en faisant les montagnes russes et amenant les promeneurs à des jolis points de vue quand c'est possible. Mais là il fait nuit noire alors on ne voit rien.

Nid d'amour
Une petite photo de l'abri dans lequel nous avons dormi. Très chouette, mais avec seulement trois mur. Sujet aux courants d'air.

À un moment, dans la nuit, on voit une paire d'yeux au loin devant. Avec nos frontales, on voit vraiment juste les yeux, ils se reflètent très nettement. À vue de nez, l'animal est assez loin. Car oui, on suppose que, logiquement, s'il y a des yeux, il y a un animal autour. Mais c'est quoi ? Pas facile à dire. En tous cas c'est assez gros car les yeux sont franchement bien écartés. Tout cela me rassure moyennement. Bon normalement ça ne devrait pas être un ours, on est en novembre, ils doivent faire dodo. Mais bon, on ne va pas tenter le diable. Je joue la carte "grand bruit", on fait genre on a confiance et on l'a pas remarqué. L'animal finit par se barrer. Là on est la nuit, mais sinon en restant bien sur le chemin on n'a peu de chances de tomber sur une tanière ou quoi que ce soit du genre. Les animaux ne sont pas encore assez cons pour s'installer en plein sur le seul chemin de randonnée à des dizaines de kilomètres à la ronde...

Je crois que c'est là que Marek a remarqué que moi et la vie sauvage, ça fait deux. Désolé mec pour le quiproquo, mais si tu voulais partir en randonnée avec Crocodile Dundee, fallait choisir un autre poulain. Moi j'aime bien sortir, j'aime bien le frisson de l'aventure, et je pense ne pas faire d'énormes conneries, mais bon sur le principe là, je partais dans l'inconnu donc je ne connaissais pas les lieux, encore moins la faune locale. Faut bien apprendre un jour.

Perspective
Ça, c'est ce que Marek a du voir pendant des heures. Mon cul, et au dessus, un gros sac-à-dos vert.

À un moment, on voit tous les deux une lumière orange, là tout en haut à gauche. On se dit que c'est peut-être un feu de camp. On va rencontrer du monde ! Ce serait pas mal car là, comment dire, on se les gèle sévère. Depuis le départ sur le parking de la gare, ça n'a pas réchauffé, et il fait un froid de canard. La météo donne entre -8 et -10 degrés. La température est tombée dans la journée de vendredi. Jeudi on se balladait presque en short dans Manhattan, et là en à peine plus de 24h on a perdu plus de 20 degrés. C'est assez classique dans la région, en vérité. Bon bref, on est frigorifiés, et on aimerait bien profiter de ce fameux feu de camp, ou de quoi que ce soit qui génère cette douce lumière orangée.

La déception est de taille quand nous réalisons : c'est la lune. OK. Voilà pour les nouveaux baroudeurs.

Sur la carte, j'avais repéré un abri. "Shelter". On arrive dans la zone après de longues heures de marche. Il doit être environ 3 heures du matin. Il devrait être sur la droite. On voit un petit panneau. On jardine un peu mais on finit par l'identifier.

Selfie
Un petit selfie. Très tendance en Amérique. En Europe aussi.

C'est une batisse avec 3 murs et un toit. Le quatrième mur n'existe pas, on dirait un abri bus géant. Et aussi, il y a déjà quelqu'un à l'intérieur. Ça m'emmerde un peu car on ne va pas pouvoir faire un feu dedans, on va le ou la réveiller à coup sûr. Donc, on est parti sur un feu en extérieur.

On part chercher du bois. Il n'y a pas beaucoup de bois mort. Je ramasse ce que je peux. Je finis par dégommer une ou deux branches faiblardes sur des arbres bien vivants. Je sais, il ne faut pas le faire. Mais là, il fait un froid de sibérien, je suis gelé, il fait nuit noire, j'ai besoin d'un feu, merde. J'amorce le feu avec le journal acheté au départ, mais aussi avec une bonne dose d'alcool à brûler. Enfin, ça brûle ! Il y a un plaisir assez primitif à voir démarrer un feu, au milieu de la nuit, quand la seule chose à laquelle on pense, c'est se réchauffer. Je soulage un peu mes mains et enchaîne sur la préparation d'un bon repas chaud.

Au menu ce soir: de la semoule ! Genre le couscous mais sans les légumes, sans le poulet, sans les merguez. Et avec 3 tonnes de beurre parce que vu la température de l'air, ça sera jamais assez calorique. En guise de réchaud, j'ai opté pour le "beer can stove" qui consiste donc à faire un réchaud avec une canette de bière.

Panorama
Vue sur la forêt. Au loin, New-York.

Quand on regarde les vidéos sur Internet sur comment fabriquer un tel réchaud, ça a l'air presque simple. Mais attention aux détails, en général ils font ça dans leur salon, bien au chaud, tranquille. Moi, dans un esprit de puriste fondamentaliste, j'ai décidé d'emmener des bières et un couteau, et faire le réchaud sur place. Comme je n'aime pas gâcher de la bière, déjà, il faut boire une bière. Alors là, en pleine nuit et en train de me refroidir depuis des heures, la dernière des choses dont j'ai envie, c'est une bière fraîche. Car c'est certain, elle est bien fraîche. Bon, je bois la bière. Mais ensuite, il faut travailler la canette au couteau, avec les doigts gelés. Et là, comment vous dire, c'est pas l'expérience la plus agréable de ma vie. Mais ça avait un côté ludique. Je bricole le réchaud. Ça brûle. Ça marche. L'eau se réchauffe. Je mets la semoule. Elle gonfle. Je rajoute le beurre. Il fond. Marek, c'est prêt !

Il me dit qu'il trouve cela délicieux. Soit il ment, soit sa perception est altérée car il a très faim et très froid. Dans tous les cas, ça fait plaisir à entendre, et nous mangeons avec appétit. Je me sens un peu responsable, après tout c'est moi qui l'ai emmené dans cette galère, donc voilà, j'ai géré le repas, maintenant il va falloir dormir.

Hudson River
Vue sur la rivière Hudson.

On s'installe aussi discrètement que possible à côté de la personne qui dort déjà dans l'abri. Ce randonneur est malin, il a carrément monté sa tente dans l'abri, comme ça il est mieux protégé du froid, et au moins du vent. Nous, non, on a juste des duvets. Le mien est un modèle léger, taillé pour la randonnée en été, il est fait pour dormir par +10 degrés, et non pas -10 degrés. Je m'installe là-dedans tout habillé, pantalon, parka, j'ai tout gardé sauf les chaussures. Je grelotte toute la nuit, le matin est une franche délivrance.

Et donc, au petit matin, nous faisons connaissance avec l'autre personne qui dormait dans l'abri. C'est un randonneur au long cours, il est sur l'AT depuis plusieurs semaines, voire mois. Mais là, il va arrêter. Trop froid. Je suis d'accord avec lui, la météo n'est pas franchement accueillante. Je lui offre un café préparé avec mon réchaud hi-tech, et lui passe un peu d'alcool à brûler, j'ai une réserve assez large, et nous allons bientôt passer près d'un magasin je pense, donc pas de soucis pour nous.

On se quitte de bonne humeur, la nuit a été dure, mais le soleil efface les mauvais moments, et c'est tout guillerets que nous randonnons en direction de l'Hudson River. On croise quelques animaux sauvages, que je n'arrive pas à prendre en photo car l'appareil est dans le sac-à-dos. Pas grave, ce qui compte c'est l'instant présent, le plaisir des yeux.

Sur la piste de l'Ours
En montant sur Bear Mountain, je dégotte cette petite épée de glace.

En arrivant près de la rivière, nous avons quelques superbes points de vue sur la forêt. C'est assez impressionnant, à deux heures et demi de train de New-York, à quel point la région est paumée. C'est vraiment la cambrousse. Les humains sont sur la côte, dès que tu vas dans l'arrière pays, c'est un grand déser vert. Enfin, marron en ce moment, car c'est l'automne.

Sur la suite des événements, nous décidons avec Marek d'aller jusqu'à Garrison, et revenir ce soir, et donc ne pas passer une seconde nuit pour tenter d'aller jusqu'à Pawling. Je crois que le climat a joué pour beaucoup dans cette décision, et puis c'est toujours pareil, sur le papier, 50 km de marche ça n'a l'air de rien mais quand tu es sur le terrain, sac au dos, c'est pas la même.

Le train du retour
Le train qui va nous ramener à New-York. Enfin, ce genre de train, car le notre est passé la nuit.

Du coup nous faisons un petit crochet pour monter tout au sommet de Bear Moutain (la montagne de l'ours, dans le texte) qui est vraiment la promenade du dimanche typique pour les new-yorkais. C'est un peu le Fontainebleau local on va dire, ça fait une petite rando, y'a un super point de vue, c'est joli la forêt, et puis on rentre à la maison.

Redescente de Bear Mountain, on traverse le pont sur l'Hudson River, et ensuite on a deux options, soit par le chemin on continue un petit peu, soit on trace direct par la route jusqu'à la gare. On opte pour le chemin, la route rien que la route ça risque d'être dangereux, et le chemin ne rallonge pas tant que ça.

Gare de Garrison
La gare de Garrison. Il n'y a pas foule ce soir.

Là nous enchaînons encore quelques montées descentes, recroisons des gens qui font, pour le coup, font un vrai feu, et enfin, nous arrivons au point où nous devons quitter le chemin pour rejoindre la gare. On achète de quoi manger dans une petite station service. Il reste encore une bonne heure de marche. Je me sens bien, sur la route. C'est con hein, mais moi j'aime ça, marcher sur une route. Marek le remarque. Je crois que lui, il doit en avoir plein le c*l. Les blagues du père Mauduit, il risque d'hésiter à s'y engager sans réfléchir. J'ai noté 41 km et 1500 mètres de D+, en tout, dans mon carnet d'entraînement.

Et puis voilà, l'aventure se termine sur le quai glacé d'une petite gare de campagne. Mais le climat étant ce qu'il est, les autochtones ont installé des chauffages dans les petits abris qui entourent les bancs. Donc on peut se chauffer un peu.

Retour sans encombre sur New-York, mais donc, je n'ai pas été au bout, on a coupé à mi-chemin.

Fort heureusement, quelques mois plus tard, je suis à nouveau en déplacement à New-York, et donc j'ai pu terminer l'aventure, et donc vous allez pouvoir lire la suite !

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Mis à jour le samedi 28 novembre 2020.