Eh oui, cette année, pas d'Embrun, pas d'UTMB, et pour cause, j'ai choisi de passer mes vacances dans les Pyrénées, du côté de Ginast, à la limite entre l'Aragon et la Catalogne. Le coin est sympa, un peu au sud du Val d'Aran, pas loin d'une route assez passante, mais une fois au village on n'est pas trop encombré par les véhicules motorisés.
Le thème des vacances était donc simple: s'installer tranquilou au soleil pendant 4 semaines, et profiter du grand air, des chouettes côtes de la région, de mes filles, et du reste (charcuteries locales, fêtes à gogo, et j'en passe). En plus, on a vu défiler plein d'oncles, tantes et autres cousins de Valérie, c'était sympa.
Dans l'ensemble j'avais prévu ni de m'entraîner trop, ni de trop me reposer, ni de faire quelque chose de trop routinier, de trop semblable à ce que je fais à Argenteuil. V'là le cahier des charges. De l'improvisation organisée.
Concrètement je connais désormais bien les chemins de berger et autres pistes aux alentours de Ginast. L'aller-retour sur Villaler, avec ses petits 6km (doit y en avoir 5 mais bon ça monte et descend un petit peu) a été détrôné d'abord par l'aller-retour vers le village de Castanesa (compter un peu plus de 2h) et surtout l'aller-retour au Pic de Ginast (compter mininum 2h30) avec ses 1200m de dénivellé. C'est de la montagne à vache, mais 1200m de D+ ça reste un bon entraînement de base. Au dires de Jean-Paul, c'est une préparation idéale pour l'UTMB.
Ce qui a été assez rigolo, c'est de partir un peu à l'aventure sur ces chemins qui sont parfois assez mal dégrossis. Grosso-modo certains bergers doivent les utiliser, mais comme ce n'est pas la plus belle vallée de la région (on trouve le Val de Boi juste à côté, et pas très loin le Val d'Aran et la vallée de Venasque) ce n'est pas hyper touristique, du coup les chemins ne sont pas les mieux entretenus. En plus quand on n'est pas au-dessus de 2000m ça ne fait pas noble, ça fait un peu montagne au rabais pour pignouf, donc les chemins réellement bien tracés ne sont pas légions. On arrive à un paradoxe où les zones les plus sauvages et les moins féquentées ne sont pas, à mon avis, loin s'en faut, les plus inaccessibles.
J'ai assez souvent fait mumuse avec mon GPS Garmin (un Foretrex 101). Bon, dans la série "points positifs", la fonction "retrouve ton chemin quand t'es perdu" n'est pas un luxe. En fait ça évite de jardiner bêtement et donc de couper l'effort si on veut s'entraîner à peu près correctement. On peut quand même jardiner un peu à l'aller, mais ça limite la casse au retour. Par contre dans la série "pas glop pas glop", il s'est parfois mis à bugger, du genre je m'éteins sans prévenir, l'affichage freeze, et j'en passe. Bizarre, étrange, jamais il n'avait fait ça à Paris. A suivre. Noter aussi que lorsqu'on est en altitude, le fait d'être en mode 2D ou 3D change carrément la position 2D (longitude/latitude). Ce qui est amusant c'est que sur les sommets, ça devient vraiment super top précis, forcément, à 3000m dans les Pÿrénées par beau temps, la communication avec les satellites ne doit pas trop être perturbée.
Je m'attendais à ce qu'il soit assez compliquer de gérer randonnée, entraînement, et vie de famille, mais en fait ça s'est assez bien passé. Grosso-modo on a alterné avec Valérie un jour sur deux pour savoir qui partait et qui restait à garder les petites, on a aussi fait des ballades avec les filles avec les porte-bébés (une devant une derrière) et finalement tout le monde a réussi à profiter un peu de la montagne.
C'est assez intéressant de voire la différence entre le rythme "randonneur" et le rythme "raideur/coureur". Finalement en terrain exigeant (genre quand ça monte fort) je ne vais pas beaucoup plus vite qu'un randonneur. Peut-être un peu mais c'est pas flagrant. Sur le Pic de Ginast, qui m'a servi d'étalon, on a mis 2h30 en rythme rando, et je mettais entre 1h30 et 2h00 en rythme "course". C'est moins mais ça reste comparable. Par contre la différence remarquable c'est qu'un randonneur, dès que c'est plat, va marcher et se reposer tandis que moi j'aurais tendance à trotiner. Si j'en crois le cardio, que j'ai pris quelques fois avec moi, même en trotinant dans les portions planes, les côtes restent largement plus épuisantes.
J'ai aussi fait le choix d'utiliser les mêmes chaussures (des Montrail Vitesse) pour la randonnée et la course. C'est pas mal. Faut dire qu'elles sont terribles ces chaussures! La seule limitation en randonnée c'est que lorsque le sol est très caillouteux on finit par remplir les chaussures de petits caillous qui viennent vous titiller les pieds, et aussi on peut à la limite se faire un peu mal en tapant la cheville sur des cailloux lorsqu'on essaye de "bourrer" dans les éboulis. Sinon c'est un ordre de grandeur plus confortable de des gros croquenots de randonnée, et pour peu qu'on ait les chevilles solides, ça vaut carrément le coup de remiser les chaussures de rando traditionnelle au fond d'un placard.
J'ai repensé au Grand Raid 2004, et me suis dit que quand même, descendre en pleine montagne la nuit tout seul avec une petite frontale rikiki qui eclaire quelques mètres devant soi, c'est de la folie douce. En même temps c'est excellent de se retrouver dans ce type de situations qui sortent un petit peu de l'ordinaire. C'est le moins qu'on puisse dire.
Et bonne nouvelle, moi qui me croyais presque atteint de vertige, je constate que ce que je subodorais au GRR s'est vérifié: en fait c'est juste parce que j'ai passé tellement longtemps sans faire de montagne que je me suis déshabitué de l'altitude et des passages scabreux. Grosso-modo plus j'en fait, plus je suis à l'aise. AMHA quelques bons étés à crapahuter dans la montagne et tout ceci ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
Ah, et puis ce qui est bien avec les chemins de montagne un peu perdus, c'est qu'au moins on n'y rencontre pas de clébards. En revanche dès qu'on se rapproche des villages c'est la cata. Par chance dans le coin les chiens sont souvent des chiens de berger, ça fait du bruit mais c'est pas méchant, à l'inverse des chiens de garde très courants en banlieue parisienne, et qui vous font parfois regretter de ne pas courrir avec un fusil.
J'ai aussi profité des vacances pour nager un peu. Comme je ne m'entraîne jamais je finis toujours avec les bras en compote. Déjà que j'ai à la base des bras en allumettes, ne jamais m'entraîner n'arrange rien et je finis par m'exploser complètement les muscles, vu que par contre j'ai par ailleurs du "coffre". Ceci dit, ça reste une saine fatigue, et finalement je constate qu'à défaut d'avancer très vite j'arrive à maintenir un rythme correct d'environ 3km/h pendant un temps respectable, de l'ordre de l'heure. C'est pas folichon mais pour le triathlon ça me suffit largement.
Enfin voilà, de bonnes petites vacances, où je n'ai pas aligné tant de kilomètres que ça, mais j'ai réussi à maintenir une bonne forme, et concilier l'entraînement avec le reste.
Maintenant, yapluka s'entraîner pour les 100km de Royan le 16 Octobre. Banzaï!