CR Marathon de Paris

Joyeux anniversaire

Le 6 avril, c'est le lendemain de 5 avril. Et le 5 avril c'est l'anniversaire de mon épouse Valérie. C'est donc avec une recharge glucidique exemplaire que je prends le départ de ce 38ème marathon de Paris. C'est pratique, il a mon âge. J'ai 38 ans. Pour la 40ème édition, j'aurai 40 ans. Aussi, cela fait 20 ans que j'ai couru mon 1er marathon, à Paris justement.

Je me suis entraîné... comme une brute. Enfin, pas tout à fait, mais j'ai quand même mis le paquet, j'ai suivi mon petit "plan Cottereau" quasi au pied de la lettre, j'ai bouffé des séries de 10 * 3 minutes "résistance dures" incrustées dans des sorties de 2 heures, le matin entre 5h et 7h avant de partir au boulot, bref, j'ai donné de ma personne. Au semi j'étais bien mais pas exceptionnel, au-delà de 1h22. Pour battre mon record de 2h52'22" ça va être tendu, mais je tente le coup. En essayant pas, on est certain d'échouer.

Le couac

Petite déception en ce dimanche, 2 collègues que j'avais décidé d'amener sur la distance n'ont finalement pas pris le départ, blessés dans les dernières semaines avant la course. J'ai ma part de responsabilité, mauvais coaching, j'aurais du davantage insister sur le foncier avant l'entraînement spécifique marathon, les 2 ou 3 mois d'endurance fondamentale avant d'attaquer les choses sérieuse, ce n'est pas du superflu. J'ai pêché par excès d'optimisme. Aïe caramba. J'espère qu'ils reviendront, y'a du potentiel.

Valérie non plus ne prend pas le départ, elle se réserve pour les 24h de St Fons, auxquels j'irai aussi (on dit auxquels ou auxquelles, après-tout "heure" c'est féminin non?).

Départ!

En descente, vent dans le dos
Toujours trop facile ce départ. D'abord en descente sur les Champs-Élysées, puis vent dans le dos rue de Rivoli.

Dossard 1315, grâce à mon moins de 3h "ras-duc" de La Rochelle , je suis dans le sas préférentiel. Par rapport aux premiers, je ne perds même pas 30 secondes. Ça bouchonne un tout petit peu sur la ligne mais le troupeau se disperse vite. Je cours à l'estime, j'ai laissé tombé le cardio ces derniers temps. C'est peut-être une erreur.

Premiers kilos, je regarde ma vitesse : un peu moins de 4'00" au kilo. C'est un peu vite. En continuant ainsi, je termine en 2h45'. Je sais que c'est assez invraisemblable, mais je me sens vraiment bien, j'essaye d'accélérer sur quelques mètres, pour voir, et oui, j'en ai encore sous la pédale. Je continue ainsi. Le soleil cogne, j'ai presque déjà chaud, je serre sur la gauche pour rester à l'ombre.

Avertissement

Vincennes
À ce stade, normalement, on doit être dans le velour, bien, pas fatigué pour un rond. Je regarde la photo. Est-ce que je ne marque pas déjà un peu?

Bois de Vincennes, km 15. Je regarde le chrono. Un peu moins d'une heure. C'est clair, je suis parti trop vite, bien trop vite. Je décide de ralentir, volontairement. Je décroche et laisse filer les autres, je ne m'arrête pas non plus, mais je prends bien garde à changer les têtes autour de moi, je préfère couper maintenant qu'arriver défoncé au semi et m'écrouler sur les quais.

Bof.

Au semi, je me sens toujours bien, je nourris l'espoir secret de pouvoir relancer la machine plus tard. Je croise Olivier Chaigne, qui a pris à peu près le même départ que moi : un brin rapide. Je continue sur les quais. Wow, c'est boîte de nuit sous les tunnels, la classe! Sur le début des quais, je suis bien, mais je préfère rester prudent, je sais que les kilomètres 30 et 35 ne sont pas des "copains".

Au 30ème donc, je fais le bilan. Il n'est pas fameux. Comme d'habitude, je suis en train de me fâner. J'en viens à me demander si ça a servi à quelque chose de ralentir au 15ème. Je n'explose pas totalement comme certains que je vois marcher, mais je suis incapable de continuer à 15 km/h. Je maintiens un 14 km/h, puis un 13 km/h. Peut-être même 12 km/h seulement. J'hésite à regarder les résultats officiels dans le détail, j'ai peur de ce que je pourrais y voir. 13 km/h, c'est pas si mal comme allure, c'est même d'un certain point de vue très rapide pour moi, qui ne court que des ultras, mais pour rentrer en 2h50', j'ai tout faux.

Alors je m'accroche, la descente aux enfers habituelle, que je ne connais que trop, pas beaucoup de plaisir, une fin interminable où l'on voit son objectif partir en fumée, puis son objectif parti en fumée.

Y'a pire

Les quais
Quelque-part sur les quais, aux alentours de 25ème. À ce stade je sais que je suis parti un poil fort pour ma forme du jour. Le marathon va me croquer tout cru. Ouille, ça va faire mal!

Mais bon, je ne vais pas faire mon difficile non plus, j'ai le moins de 3h au bout du fusil, pour le record personnel, on repassera, mais ce n'est pas la fin du monde. Je crois même pouvoir rentrer en 2h55' tiens. Ah non, finalement, plutôt 2h56'. Et puis là, porte Dauphine, je vois un concurrent qui titube, à moitié par terre, qui n'arrive pas à se relever correctement.

Je réfléchis rapidement : mon objectif est foutu, mais j'ai 5 minutes pour faire 300 mètres (porte Dauphine, c'est km 41,9 tout près de l'arrivée. Alors je décide d'aider le gars. J'ai du temps. Et puis je crois que si un malaise comme ça m'arrivait, j'aimerais bien qu'on m'aide. J'essaye de l'attraper sous les épaules. Mais il est lourd ce con, un grand gaillard d'1m90, un truc dans le genre. Impossible. J'essaye une seconde fois. Ces jambes sont en guimauve, on dirait des pattes d'araignée, aucune énergie, elles se tordent dans tous les sens, il ne peut pas tenir debout. Je n'arriverai même pas à le porter... De dépit, je le laisse là. D'ailleurs, les secours arrivent. J'apprendrai à l'arrivée, par un coureur arrivé en 3h00, qu'il est parti sur une civière. C'est moche, à une grosse minute de l'arrivée, de caler ainsi.

Enfin bref, je repars, ne tente même pas le sprint qui tue (après la pause d'une minute, c'est raide!) et termine en 2h57'16". Ma foi, j'ai connu mieux, mais j'ai aussi connu pire. Après tout, c'est quand même mieux que La Rochelle.

Et si c'était à refaire?

Pour la prochaine fois, dans ma "to-do" list :

  • arrêter de faire le con et d'envoyer les 10 premiers kilos en moins de 39 minutes, un de ces jours, ça va mal finir
  • éviter de systématiquement manger 4000 kcal / jour, sur la ligne de départ je pèse 80 kg. Mon record de 2010, je l'ai fait à 77 kg. 3 kg, ça change des choses. Et ça fait bien 5 minutes, sur marathon.
  • y croire un peu plus, sur la fin, à partir du 28, dans le dernier tiers, j'étais fondamentalement très mou, le cul entre deux chaises, en train de limiter la casse. Le bon état d'esprit à ce moment de la course c'est : "je vais tout déchirer".

Car, c'est certain, il y aura une prochaine fois. Je les aurai ces 2h50, j'y mettrai le temps qu'il faut, mais je les aurai, tudiou.

En attendant, repos avant les 24h de Saint Fons, les 19 et 20 avril. Objectif, 200 km et de la mitraille.

Edit : je ne modifie pas la substance de ce compte-rendu, il a été rédigé à chaud, il reflète bien mon état d'esprit d'après course. Après un brin de recul -> bon, les 2h50' c'était peut-être un brin ambitieux, et ma foi, être déçu sur un moins de 3h, ça fait snob. Donc, au final, c'est pas si mal, hein. Be happy.

Edit (2) : Saint-Fons, j'y ai été. J'ai pris ma revanche, 222 km , gniark.

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Mis à jour le lundi 21 avril 2014.