Pourquoi ce choix?
Tiens, voilà que je me suis inscrit à un semi-marathon. C'est rare. Marathon c'est plus courant, mais semi, c'est rare. Un peu comme en 2010, j'y vais pour préparer, justement, le marathon qui a lieu semaines plus tard. Objectif : battre mon record. Qui est de 1:21:45 (à Paris aussi).
Autre bonne raison de courir le semi : mes collègues y vont aussi, donc je participe à la fête, et après tout je continue à apprécier ces grands rassemblements populaires. Oui, il y a 40 000 personnes et oui, c'est énorme, et oui, il faut des dizaines (centaines) de camions poubelle pour tout nettoyer derrière, mais c'est la porte d'entrée de la course à pied, le "premier pas" qui peut en déclencher bien d'autre, alors je ne boude pas ce plaisir.
Sas 1h35
Le sas le plus "rapide" dans lequel on peut s'inscrire sans référence, c'est 1h35. N'ayant aucun temps récent sur semi me permettant de prétendre à un dossard préférentiel, j'ai fait ce choix. Il y a tout de même pas mal de monde dans les dossards jaunes. Il ne faut pas juger aux apparences, mais à regarder et aussi écouter mes futurs compagnons de route, nombre d'entre eux n'ont aucune chance de rentrer en 1h40, déjà 1h50 ce serait pas mal.
Je ne comprends pas pourquoi ils se mettent ici. Certes ils partent "devant" (mais malgré tout derrière les élites et les préférentiels...) mais je ne vois pas à quoi cela sert, sachant que c'est le temps de la puce, entre l'arche de départ et celle d'arrivée, qui est compté.
Je franchis l'arche en marchant à 10h06 et doit encore marcher une grosse dizaine de secondes avant de pouvoir trottiner. Je prends rapidement de la vitesse et entame un bon vieux slalom, assez stressant, car d'un côté je ne veux pas m'éterniser dans la mélasse et m'extraire du flot de coureur qui avance à 10 ou 11 km/h, mais d'un autre je ne veux pas non plus me griller avec un départ trop rapide. Je n'hésite pas à marcher sur le trottoir, légèrement boueux, je trempe allégrement mes chaussures dans de belles flaques d'eau, les plus grandes, celles que je n'ai pas pu éviter. Sur 20 bornes, il y a peu de chances que j'attrape des ampoules.
Le temps est au beau fixe, soleil, peu de vent, c'est parfait.
Km 4
Au 4ème, enfin, je commence à être avec ma tribu. Je remonte toujours les coureurs sans interruption, mais au moins, j'ai laissé les porte-drapeaux derrière, on y voit un peu plus clair. Ceux qui sont avec moi ont fait ces 4 km en moins de 22 minutes, je slalome moins, ici on court, ouf, le plus dur est passé. Enfin... le plus dur. Façon de parler. Je regarde mon chrono, et je tiens tout juste le moins de 4 minutes au km. J'ai perdu un peu de temps au tout début mais les faux-plats descendants étaient favorable, et je le sens, je le sens, pour battre le record, aujourd'hui, ça va être tendu.
C'est ça qui est dommage sur les courses "courtes", assez rapidement on est fixé, il faut dérouler l'histoire jusqu'au bout, mais elle est quasiment écrite. Il "suffit" de ne pas craquer, de ne pas manger le trottoir, mais pour le reste, pas de surprise.
Km 10
Ah, le dixième. La Voiture 4 y pousse la note. La Poupée Psychédélique, de Thierry Hazard. Je m'arrête 3 secondes et leur montre mon cul, prenant le soi de me poser juste au-dessus de la photographe en qui les immortalise. Je ne sais pas s'ils m'ont remarqué, Pêt me fais signe une fois que je suis parti. J'ai peut-être perdu 5 secondes, 10 max, mais ainsi j'aurai moins de scrupules à filer droit sans rien dire lors du marathon.
J'ai aussi croisé François, de l'OMPCA, le club de course à pied du boulot de Valérie. Les maillots jaune fluo, c'est visible!
Km 15
Et on continue la mission, j'ai l'impression que je ralentis, alors de temps en temps, je relance. Je continue à doubler du monde, c'est logique car je suis désormais sur les bases d'une arrivée au temps réel (non compensé) entre 1h25 et 1h30, donc ceux qui ne sont pas partis dans le fond du sas jaune courent à un peu plus de 14 km/h tandis que je navigue à 15 km/h. En fait, il faut absolument que je rattrape du monde, sinon cela veut dire que je suis en train d'exploser.
Le semi, c'est vraiment un exercice difficile. Toujours au taquet. Plus d'une heure dans la zone rouge, c'est pénible. Et tiens, au fait, ils sont où les champions de l'entraînement? Je veux dire par là , quand je lis certains posts sur Facebook et autres réseaux sociaux, les séances "footing cool 20 km à 13 km/h" pleuvent dru, et on a du mal à ne pas complexer en lisant tout cela. Aujourd'hui, sur le terrain, les 13 km/h *footing*, qui, selon moi, correspondent bien à 16 ou 17 km/h *en compétition*, bah je n'en vois pas des masses. Il y en a, mais c'est moins d'un petit pourcent des coureurs inscrits. Mystère, mystère... Pour le coup, je m'en tiens à mes bons vieux plans de Serge Cottereau, à défaut d'être moderne et à la mode, c'est efficace. En l'occurence, pour moi, "footing" c'est 11 km/h, parfois même moins. Chacun son truc.
Et donc au km 15, au ravitaillement, un charmant jeune homme a la bonne idée de... me pousser. Je sens les doigts de sa main qui appuient sur mon dos, je ne perds pas l'équilibre car un grand con de 80kg ça ne se déstabilise pas si facilement, mais tout de même, qu'est-ce qui lui prend à celui-là ? Je ne vais pas assez vite? Il n'a qu'à être devant, et puis ce n'est pas le léger ralentissement au ravito qui va non plus lui pourrir la course de sa vie. Sur le coup, j'évite de m'énerver car en course, j'aime rester zen, mais j'avoue que je goûte peu ces champions de supermarché qui ont décidé que leur chrono relève de la mission divine.
Km 20
Le km 20, j'y retournerai plus tard pour soutenir les coureurs en général, et mes collègues en particulier. Je peste et rage car je n'arrive pas à placer le sprint, le vrai, l'ultime, fort et rapide, celui qui rattrape les secondes perdues. Mais c'est tellement classique. Alors je finis en accélérant doucement, fais un peu le clown pour la photo, et rentre au stand en... 1h22m30s. À 45 secondes derrière mon record perso.
En regardant après coup mes temps de passage : course quasi-parfaite. En gros, 3'55" au kilo, sur chaque tranche de 5 km, à 2 secondes près. Sur le terrain, j'étais incapable d'en rajouter une couche et aller encore plus vite, les conditions étaient parfaites, j'ai bien donné de ma personne, je crois que j'ai juste fait le temps que j'avais à faire, point.
Pour descendre à 2h50 le mois prochain, c'est vraiment pas gagné, va falloir bosser et s'entraîner dur. J'y retourne.