Je prends le départ de ce brevet 300k Cergy en bonne compagnie. Plusieurs copains de l'UVA sont là . Dominique. Norbert, Joël... J'ai déjà dans la poche le 200k Noisiel, ce 300 s'annonce sans accrocs, il va faire beau, j'ai prévu d'y aller cool, j'ai mon temps, je ne suis pas pressé, mon épouse Valérie est occupée toute la journée, donc le plan est simple : je reste avec le groupe pour taper la causette, on finira bien par arriver, et pour ce qui est de "bourrer" (aller vite...) je ferai ça sur le 400 ou le 600, dans 2 ou 3 semaines, respectivement.
Départ la nuit donc, classique pour un 300. Je suis venu d'Argenteuil en vélo. J'ai tenté de suivre la proposition du GPS, mauvaise pioche, je me retrouve sur un chemin de terre sans issue au milieu d'un camp de caravanes. Il est 3h00 du matin, je fais demi-tour et file discrètement. J'arrive au départ sans encombres, un brin en retard par rapport à mes estimations, mais OK pour prendre le départ avec le paquet.
On part, on roule, on n'a pas fait 20 bornes qu'on a déjà perdu les deux-tiers du groupe. Avec Dominique nous faisons demi-tour et récupérons Joël et Norbert. Ce dernier a déraillé version "super" et mis un certain temps à réparer son vélo. Tout cela fini par s'arranger et les pieds nickelés sont à nouveau sur la route.
Premier contrôle aux Andelys. J'ai fait connaissance, en route, de Nigel, un anglais très sympa. Je croise au ravito Gwënaelle, que je ne reconnais pas, mais qui était au Luc en 2013 , en tant qu'accompagnatrice d'un certain Philippe, mais comme il y en avait plusieurs des Philippes j'ai du mal à capter lequel.
Enfin bref, on tamponne les cartons on mange on boit et en voiture Simone.
Fait remarquable, on se cogne un vent de face continu et puissant. Un vrai démotivateur bien solide. Je vous avouerais que j'en ai vu d'autres, et puis on est en groupe donc c'est plutôt simple à gérer. D'autant que Dominique a manifestement un soif insatiable de prendre les relais, je le laisse faire.
Les niveaux sont un peu inégaux, ça fait un peu l'élastique derrière, de temps en temps je me laisse décrocher pour aller en ramener un ou deux, ça m'occupe.
Et puis enfin, on fait le demi-tour tant attendu, au coin Est du parcours, nous virons direction Ouest-Sud-Ouest, et là c'est top, nickel, on roule à 30 km/h sans donner le moindre coup de pédale, le pied total.
Sur ces entrefaits, on bifurque à gauche. Je suis Dominique, vérifie le GPS, OK il a raison, c'est bien là . Il est 10 mètres devant, les autres 50 mètres derrière. Il se retourne pour voir s'ils suivent. Je me retourne aussi. OK c'est bon. Il se retourne à nouveau. Je me retourne aussi, version "y'a un problème". Non. Je regarde devant moi. Dominique a légèrement ralenti. Je freine un peu et vais pour l'éviter, commence à esquisser un "oups!" qui le fait réagir, changement de trajectoire, ça devient tendu, là je dois faire un véritable évitement que... je rate, et je me vautre BAM! sur le côté gauche. Au milieu de nulle part, quasi tout seul.
Je suis un peu sonné, je vais pour me relever, j'ai le côté gauche un peu douloureux, en particulier l'épaule, je tâte un peu et merde, zut, crotte de bique, je parierais bien 20 euros que j'ai la clavicule gauche pétée. Difficile à savoir, mais la forme n'est pas normale. Sans être un spécialiste de la fracture de la clavicule, je me suis déjà "fait la droite" il y a quelques (18 !) années. Mon casque a pris un coup aussi. Dans l'ensemble, le choc a été intense, un grand con de 80kg qui s'affale, ça fait de l'énergie à absorber.
Donc, les copains appellent les pompiers, et moi je me laisse gérer. On se rapproche d'une maison à quelques dizaines de mètres, coup de pot il y en a une, et dans le coin, c'est rare. Je m'abrite du vent derrière un pilier. Je commence à voir un voile gris tomber sur mes yeux. Une petite hypoglycémie due au stress je pense. Bof, ça va passer, et puis les copains sont là . Les pompiers arrivent. Ils découpent mes vêtements, j'ai passé l'âge de souffrir pour des conneries, hors de question de tenter même d'enlever le gilet fluo "découpez-moi tout ça, je ne veux rien sentir !".
Ils sont super sympa, roulent lentement, discutent avec moi, me préviennent avant les passages à niveau, c'en est presque plaisant et agréable.
Une fois à l'hôpital, je vois tous gens qui râlent mais ne comprend pas trop pourquoi. Le personnel est très aimable. Oui bien sûr on n'est pas "servi" immédiatement, mais il y a des priorités. Moi, en tout, mon parcours a du prendre 3 heures, tout compris. C'est pas énorme, et mon cas n'est fondamentalement pas très urgent à ce stade. Je suis lucide, tiens sur 2 jambes s'il le faut, souffre mais dans des proportions raisonnables, donc pas de panique. Et parmi les ronchons de service, il y en a qui sont justes... ronchons ;)
Le médecin tâte mon épaule. Pour elle ce n'est pas nécessairement une fracture, ça pourrait être juste démis. À voir. Donc radio. Et quand j'ai vu la radio, j'ai rapidement compris que ce n'était pas une luxation. C'est une bonne vieille fracture, pas d'hésitation possible.
Du coup : pas de vélo pour moi pendant un certain temps. Compliqué de faire les brevets qualificatifs pour Paris-Brest-Paris dans ces conditions. Compliqué aussi de se préparer pour le Triple Ironman de Lensahn. Mais bon on va voir. J'attends de voir la suite, pour l'instant j'ai mon petit harnais qui me tient les épaule en arrière pour que ça ressoude à la bonne longueur, des médocs pour ne pas avoir trop mal parce que je suis une chochotte, et je vais faire contrôler tout ça à l'hosto la semaine prochaine.
Y'a pire dans la vie, et quand on y pense j'ai été bien inspiré de porter un casque ce jour là . D'autant qu'il était neuf. En effet, dans le bordel de mon garage je n'arrivais plus à retrouver mon beau casque blanc avec le ruban blanc ad hoc, donc de dépis, j'en ai acheté un en catastrophe le vendredi. Je crois que ces 29 euros ont été judicieusement investis.
Et je voudrais aussi et surtout remercier :
- tous les gars du club, en particulier Dominique, qui ont tout géré à partir de la chute
- l'organisation du brevet qui a largement fluidifié la récupération de mon vélo
- le monsieur qui habitait la maison près du lieu de l'accident, qui nous a aussi bien rendu service
- les supers pompiers rigolos
- le personnel sympa du CHU Beauvais
- mon épouse qui me dorlotte et me supporte
Allez, à bientôt les loulous, je vous tiens au jus dès que je suis à nouveau sur pattes !