Il y a deux semaines, j'étais au BRM 400k de Flins . Je rempile, juste pour mes 40 ans (enfin, 3 jours après) pour un petit 600. J'avais prévu d'espacer un peu plus les brevets mais ma chute sur le 300 me pousse à tous les regrouper en fin de saison. C'est ça ou rien.
Pour corser un peu l'exercice - parce qu'on n'est pas là pour rigoler - j'ai décidé d'y aller avec mon fixie, un vélo acheté chez Holland Bikes, un revendeur de vélo de villes (hollandais, vous l'aurez deviné...) dans le 17ème. Sont très sympa, c'est rare que je fasse de la pub, mais c'est une bonne adresse honnêtement. Ils m'ont fait le montage sur mesure avec le moyeu SON pour l'éclairage. Ça m'a coûté un bras comme toujours avec ce type de matériel (la pièce est chère, on n'y peut rien), mais au moins le résultat est là , un super vélo avec l'éclairage permanent et sans piles.
J'ai équipé la bestiole pour la longue distance, rajouté des portes bidons (pas simple, j'ai du mettre des colliers plastiques car le cadre n'est pas prévu pour), un pneu de rechange (!) discrètement logé sous la selle. Notez que les pneus blancs sont, je trouve, du meilleur effet, et même, y'a écrit "Ironman" dessus, si avec ça je termine pas le brevet, rien ne va plus.
Que dire sur ce brevet ? Que ma foi ma clavicule va encore mieux que la dernière fois, mais cette fois c'est officiel, le médecin me l'a dit il y a 3 jours, c'est réparé. Si le corps médical est d'accord, j'y vais sans hésitation.
Dès le départ je croise Dominique et quelques copains de l'UVA. On commence à rouler ensemble, mais pour une raison que j'ai oubliée nos routes se séparent.
J'avance bon train, c'est assez pénible le fixie dans les descentes (faut mouliner !) mais pour le reste, je porte bien. On a un vent légèrement favorable dès qu'on fait route Nord-Est, du coup on ne gaspille pas trop nos énergies. Je discute avec deux gars qui nous viennent du 77, on fait un bout de route ensemble. Je recroiserai l'un deux à PBP mais je ne le sais pas encore.
Dans l'ensemble, le parcours est facile, il fait un soleil d'enfer, tous les indicateurs sont au beau fixe. Petite, que dis-je, énorme frustration, lorsque je descends vent dans le dos un léger faux plat qui m'amène dans la baie de Somme. Avec ce p*tain de pignon fixe je me tue à mouliner et me fatigue comme un dingue alors qu'en vrai, ça passait à 35 km/h sans effort et à peine toucher les pédales. C'est ainsi, et je ĺ'ai bien cherché.
Contrôle suprise ! C'est rare. L'occasion pour l'organisateur de prendre quelques photos de ma monture. Doit pas en voir passer souvent, des zinzins en pignon fixe ;) L'occasion de faire le plein des bidons, c'est cool. Et ça tombe à pic car sur les kilomètres qui précèdent ce contrôle, on s'est bien fait déssécher par le soleil et tarauder par un petit vent de côté façon sèche-cheveux.
Du côté de Wissant en particulier, et sur la côte d'Opale en général, je me dis que... ooooh que c'est bôôô ! Je me fais la promesse de revenir dans le coin avec Valérie et/ou le reste de ma petite famille, je ne connaissais pas, mais c'est vraiment magnifique, surtout avec ce petit soleil couchant.
La poésie s'arrête net en arrivant sur Calais. Retour à la civilisation, entrepôts, ZAC, immeubles, bof. Je trouve une petite brasserie ouverte dans Calais centre à la nuit tombée. Je me régale d'un énorme croque monsieur et c'est reparti. Je réussis à me tromper de route malgré le GPS. Suis pas très en forme. J'avance mais ça devient pénible. Autant les côtes le long des falaises avant Calais sont passées toutes seules, malgré le braquet "imposé", autant là , je suis à la ramasse, ça monte-descend de partout, et j'en ai ma claque. Je n'avance pas vite.
Tiens, voilà Dominique qui me rattrape dans la nuit. On roule un peu ensemble. Il souhaite dormir un peu, mais je préfère continuer, je ne suis pas encore "mort", je préfère attendre que le sommeil me saute dessus pour dormir. Cela ne tarde pas. Je fais des petites pauses, et j'ai surtout un énorme coup de mou au lever du jour. D'habitude le lever du soleil me ragaillardit, mais là je suis défoncé, incapable de rouler droit. Pas de prise de risque, je dors sur le trottoir, sans mettre de réveil, me disant "on verra bien, tu te réveilleras quand tu te réveilleras". A priori je suis largement sous les barrières horaires.
Je reprends la route, me disant que Dominique doit être loin devant. En vérité j'apprendrai plus tard qu'il s'est paumé et a perdu lui aussi pas mal de temps.
Contôle au petit matin à Amiens. Impossible de trouver un commerçant. Tandis qu'en rase campagne, on trouve des boulangeries et bistrots ouverts, ici tout est fermé. Je retire des sous au DAB et achète des viennoiseries dans une boulangerie industriel dont la caissière n'a, de toutes façons, pas de tampon (pour tamponner ma feuille de route, qu'aviez-vous donc compris ?).
Puis viens Beauvais. La dernière fois que je suis passé ici, c'était en avril au CHU. Je préfère de loin être sur mon bout de feraille roulant, c'est quand même nettement plus sympa. À ce stade j'en ai un peu ma claque, je souhaite terminer au plus vite. J'essaye d'écraser les pédales avec le plus de conviction possible. Sur le plat et dans les montées, c'est OK. Mais en descente c'est infernal. Le fixie, boudiou, après plus de 500 bornes, c'est une tuerie. Je n'en peux plus, je descends à 18 km/h debout sur les freins. Du coup j'appuie énormément sur le guidon, et le fait que naturellement, les jambes résistent un peu dans les descentes induit un léger couple au niveau du pédalier qui fait que... les mains appuyent d'autant plus fort sur les poignées. Les poignées Brooks en cuir c'est très esthétique, mais pour la longue distance, c'est moins bien que de la guidoline bien tendre. Bref, j'ai les nerfs à vif et les bras défoncés, il est temps que ça s'arrête. En plus il fait une chaleur à crever.
Je suis donc très content de revenir au bercail. Me reste 30 gros km pour rentrer à la maison depuis Mours, mais je les fais à un rythme de sénateur.
600 bornes en fixie, c'est fait. À vue de nez, je ne ferai pas "Le Brest" avec cette monture. Pas cette année, il me faudrait plus d'entraînement. Je m'imagine mal dans le Perche, sur le retour, au guidon de ce machin.