CR Triple Ironman Bad Blumau

Vendredi 12 - dimanche 14 juillet 2019

Je suis déjà allé plein de fois à Lensahn, en Allemagne, faire un triple-Ironman. Un triple, c'est, pour rappel, 11,4 km de natation, 540 km de vélo, 126 km à pied. À mon niveau, ça fait 2 jours et 2 nuits, environ.

Cette fois-ci, j'avais envie de changer. Je préparais un double-déca, donc il fallait que je me réhabitue un peu au triathlon avant la "grosse épreuve de l'année". Donc je suis allé en Autriche, à Bad Blumau.

Cerise sur le gâteau, si je pouvais *enfin* tomber sous les 40 heures, ce serait bien.

Bad Blumau
Un style particulier. Ne laisse pas indifférent.

Ma soeur Florence sera mon accompagnatrice de choc. Elle a déjà fait de l'assistance plusieurs fois, mais je ne crois pas qu'on se soit déjà retrouvés seuls dans ce genre de contexte. On va bien voir, j'ai une totale confiance en elle, ça va bien se passer.

Vue d'ensemble
Reconstitution de toute la station balnéaire. On s'y est perdus plusieurs fois, avec Florence.

Niveau logistique, j'ai loué une chambre dans un genre de bed & breakfast, à une bonne dizaine de kilomètres du départ. J'ai compris pourquoi sur place, tout était plein ou trop cher... Bad Blumau, c'est en fait une station thermale hyper chic. Et donc la moitié de la ville c'est en fait un hôtel de luxe avec des piscines de toutes les formes et toutes les températures. Ça dégouline de pognon, c'est un peu kitch, on dirait presque le village des barbapapas, tout est est arrondi, coloré. Spécial. Mais pas désagréable.

Natation
Encore une longueur...

Bon bref, avec Florence on va à la location. Et là, surprise, la dame qui gère l'établissement parle un peu anglais, mais son mari, pas du tout. Une vraie caricature d'autrichien, limite culottes de peau et chemise à carreaux. Ils sont très gentils, on est parfaitement installés, ça va le faire!

Vélo
Le parcours, bien que très petit, était très sympa. Ici, devant les stands, au coucher de soleil.

On récupère tranquillou les dossards, il y a là quelques français, je fais connaissance. J'en fais rarement, des ultra-triathlons, donc ils ne me connaissent pas, et c'est réciproque. Certains débutent. L'un d'entre eux a un p*tain de corps d'athlète, le genre qui vous donne des complexes, mais bon j'en ai vu d'autres, on verra bien ce qui se passe sur le terrain.

Et donc c'est le départ !

Piscine de 25 mètres. Enfin, il me semble - j'écris ce compte-rendu avec un peu de retard. Il y a déjà du monde qui nage, de mémoire c'est le quintuple qui est déjà en cours. Car oui, il y a un quintuple aussi. Double, triple, quintuple, toutes les formules sont représentées.

Et finalement, vous savez quoi, c'est passé assez vite. Technique habituelle, je mange et bois toutes les 30 minutes. Comme ça Florence n'a pas à se poser de questions, toutes les 30 minutes, elle ests là, entre temps elle fait ce qu'elle veut. Je sors en moins de 4h, et je crois que j'ai signé mon temps le plus rapide sur la distance. Je jurerais qu'il manquait des longueurs... Mais je fais confiance à l'organisation.

Donc je monte sur mon vélo, et en route.

Première nuit
La nuit, c'est là que tout se joue. Enfin, c'est ma théorie.

Ce vélo, il est quasi flambant neuf. Je l'ai acheté en pensant à la RAAM. Il est très similaire à mon autre vélo, sauf que... c'est un second vélo. Comme ça, j'en ai deux, et s'il y a un problème avec le vélo un, je prends le vélo deux ! Bon mais bref, sur un triple, un vélo ça suffit largement. Sauf que je veux le rôder, ce nouveau vélo, et m'y habituer. Même s'il est quasiment pareil que l'ancien, il y a toujours des petites différences.

Une des différences, c'est les roues. J'ai investi dans du carbone. Et c'est pas mal du tout. Il file, il roule, il vole, ce vélo !

Il pleut
Je ne rappelle pas qu'il ait plu. Pourtant, cette photo prouve le contraire. Ça n'a pas du durer bien longtemps.

Le parcours est assez sympa, en sortie des stands, on tourne à droite, petite côte dans le vieux village, puis virage à droite après l'hôtel, descente super roulante, et on repart encore sur la droite sur la route départementale.

Le piège, c'est la sortie sur la droite, au niveau de la départementale, il ne faut pas louper la petite route qui bifurque à droite. La nuit, je m'y suis planté plus d'une fois, gagné par le sommeil. Genre merde, c'était là ! Et je me retrouve à traverser à moitié dans l'herbe...

Bon alors, que s'est-il passé, sur le vélo ?

J'ai vu plein de gars rouler comme des avions. Puis ils ont un peu ralenti la nuit. Il y a un grec, qui roulait très fort, et semblait ne jamais ralentir. Il a crevé et poireauté des dizaines de minutes en attendant son assistant. À titre personnel, je me ballade avec une chambre à air, des démonte-pneus et une pompe, ça m'évite ce genre de frustrations.

Mais je n'ai pas crevé. Florence a fait un boulot d'enfer, la logistique a suivi, sans failles, malgré un réchaud à gaz un peu farceur.

On continue la mission
Le truc, c'est de rouler. Tout le temps.

Et donc, au petit matin, je me retrouve assez bien classé. Genre, second au classement général. Chez les français, la nuit a été dure. On note au moins un abandon. Dommage. Ça aurait pu passer, peut-être. Mais quand on a perdu trop de temps dans des arrêts intempestifs, c'est compliqué de revenir.

Enfin bref, je me dis que je suis bien parti, et que je peux faire un bon podium. Et même, si je suis malin, je pourrais peut-être bien finir en moins de 40 heures. Il me reste environ 16h00 pour faire la course à pied.

C'est faisable. Ambitieux, mais faisable. Car oui, autant 16h00 pour 126 km c'est, normalement, largement dans mes cordes, là il faut quand même imaginer que j'ai 540 bornes de vélo dans les pattes. Plus, une nuit blanche. Et un prologue natation qui a laissé quelques traces. On va voir.

Le second tome est bientôt terminé
La fin du vélo approche.

Petit soucis, j'ai oublié mes guêtres. J'adore courir avec des guêtres. Ça évite les petits cailloux qui se coincent dans la chaussure. On économise des secondes à ne pas enlever les cailloux en question, vu qu'ils ne rentrent jamais. À la fin, ces secondes s'ajoutent et on gagne des minutes. Parfois même des heures.

Mais là, j'ai oublié mes guêtres en France. Que faire ? Je décide de compenser en ne mettant pas de NOK. La NOK, c'est la crème anti-frottement qui se met un peu partout. Aisselles, entrejambe, pieds... Et donc là je ne mets rien sur mes pieds. Mon pari est le suivant : ce qui fait que les cailloux rentrent et se coincent, c'est souvent qu'ils s'accrochent à la chaussette, humide et grasse (de NOK) et tombent ensuite dans la chaussure. Si la chaussette reste bien sèche, il y a moins de cailloux. Je pense que j'ai les pieds assez solide pour tenir 100 bornes et de la mitraille "sans aucune crème". En tous cas mon choix est fait, je roule à sec.

RAAM
I'll be back.

Et je découvre donc le parcours à pied.

J'y croise Pascal, qui lui, fait un marathon par jour. Oui, il y a plein de courses en même temps, toutes les formules sont au rendez-vous. Lui et sa compagne ont largement aidé Florence à démonter puis remonter le barnum depuis le parcours vélo vers le parcours course à pied.

Le parcours à pied, donc, c'est une petite promenade dans le parc. Ça ressemble furieusement au genre de terrain sur lequel je m'entraîne. Du chemin gravillonné, parfois même goudronné, un ou deux passages dans la terre. Pas franchement route, pas du tout trail, c'est au milieu. Et on fait des aller-retours...

Il y a un gros ravito près de l'arche de comptage, un mini-ravito avec du liquide à l'autre demi-tour, et Florence est installée en bord de rivière, pas loin de l'arche, à une centaine de mètres.

Avec Pascal
Pascal bientôt au bout de ses 10 marathons.

Une fois que j'ai pris le coup, c'est assez facile à gérer, je peux demander des trucs à Florence, je vais au demi-tour et peux boire un verre, et quand je reviens quelques minutes après Florence a tout préparé. Et au pire, je peux aussi boire un coup au demi-tour.

Niveau tactique, y'a pas 36 solutions. Je suis second, et le premier est à un gros quart d'heure devant moi, la seule option possible, c'est l'attaque.

Donc, j'attaque. Je ne sprinte pas, mais je cours fort, avec pour objectif de revenir dans sont tour.

Seconde nuit
Jolie vue depuis notre QG.

Problème, il court bien le bougre. C'est un des plus rapides sur le circuit. Je m'en doutais un peu, en l'observant sur le vélo, il avait bien le profil d'un coureur. Léger, sec, c'est pas le genre "gros rouleur" avec des cuisses comme des poteaux, tout en puissance.

Et donc nous voilà, Konstantinos et moi, au coude à coude. Je l'apprendrai plus tard, on a déjà couru ensemble, et la dernière fois donc, à Lensahn, il avait fini largement devant moi. Fort heureusement, à ce moment là de la course, j'ignore totalement que sur le papier, il est censé me coller une mémorable branlée.

Donc j'y crois.

Et bim, moins de 40.
Enfin, j'ai terminé, sous la barre symbolique des 40 heures. Heureux.

J'y crois, mais c'est difficile. Je gagne péniblement du terrain, et même parfois, j'en perds. Diable.

J'insiste. Finalement je reviens enfin dans le tour. Et puis, tiens c'est bizarre, je ne l'ai pas vu, au demi-tour ? Il s'est arrêté ? Ou alors je ne l'ai pas vu car je suis trop cramé ? Je perds la boule ?

Je continue à tourner, écouteurs à fond, merci [Shaka Ponk|https://shakaponk.fr/ ] pour la bonne musique.

Farniente
Le lendemain, je glandouille dans mon stand en regardant les autres terminer.

Et puis en fin de soirée, enfin, je chope la première place. J'ai un tour d'avance. Mon objectif maintenant : avoir deux tours d'avance. Et quand j'en aurai deux ? Il m'en faudra trois !

Je fais mes calculs, et je comprends que les 40 heures, ça peut passer aussi. 39 heures même, si je me sors un peu les doigts du cul. 39 heures ce serait joli, ça fait 13 heures par Ironman, ce serait bien.

Arrivée du team MZ
François en a terminé. Et un triple ironman, un pour François ! Le team MZ a encore frappé.

J'apprendrai après la course que Konstantinos a eu des soucis gastriques, et que c'est essentiellement grâce à cela que j'ai réussi à prendre le large. Bon, quand même, j'ai bien turbiné, et j'ai fait le boulot, mais on va dire que sur la première place, j'ai eu de la réussite, pour ne pas dire de la chance.

J'aurai l'occasion de le revoir, en pleine forme, plus tard dans l'année, au double déca . Le constat est sans appel, ce type est une machine. Je le verrai, là-bas au Mexique, m'enrhumer tous les jours. Il était sur un projet incroyable de faire deux fois, dans l'année, un "20 fois un ironman par jour". Et de battre le record du monde, par dessus le marché. Il en était capable. Malheureusement une chute au Mexique l'a empêché de tout mener à bien.

Bon mais bref, ici, en Autriche, apparemment c'est la digestion qui l'a empêché de faire la course qu'il méritait.

Ceci étant, pendant la nuit, sur le vélo, j'ai pris le temps de bien m'habiller, me protéger du froid... Ça m'a pris un peu de temps. Quelques minutes. Que j'ai peut-être récupérées le lendemain. On ne saura jamais.

Le repos des héros
Comme après le 6 jours en Hongrie, une petite cure thermale ne fait pas de mal.

La fin de course est assez magique, je goûte la petite lumière bleutée en face de la tente où Florence m'attend, avec patience, à chaque tour. Bon sang de bois, je vais gagner, et taper les 40 heures ! C'est cool.

L'arrivée est toute simple, pas de chichis. Le jour est en train de bientôt se lever, car nous sommes partis en milieu de journée, et donc là, on est vraiment au petit matin.

Avec un peu de chance, on va même pouvoir profiter du petit déjeûner à la location.

Podium
Bon, on va pas se mentir, c'est sympa d'être sur la première marche.

Le lendemain, on profitera, avec Florence, des piscines de l'hôtel, car le fait d'avoir participé à la course nous donne le droit de nous y détendre.

C'est pas mal, on va pas se mentir. Je ne suis pas certain que j'investirais une fortune là-dedans, mais après une bonne course menée au pas de charge, ne rien glander dans une piscine super chaude, c'est un programme acceptable.

1500 bornes de plaisir autoroutier
Et voilà, une journée et demi de route pour rentrer au bercail. Joie, passion et volupté sur l'autoroute, au cul des camions.

Lors de la cérémonie de remise des prix, le présentateur - dans la norme haute de la profession, un vrai p'tit gars dynamique et jovial - fait remarquer que moi, Christian Mauduit, je n'ai pas un compte sur un réseau social. J'ai un... BLOG ! À l'ancienne. Oui môssieur.

Et au final donc, les temps (source) :

  Nat:            3:41:56         
  Transition 1:   0:13:15         
  Vélo:          19:37:30         
  Transition 2:   0:12:02         
  Course à pied: 15:29:22         
  Total:         39:14:03

Ça rentre donc en moins de 40 heures. Je suis assez content du temps course à pied, 15h29 pour les 126 km, ça fait un peu plus de 8 km/h, c'est correct.

Je reviendrais avec plaisir à Bad Blumau. C'est un peu loin, mais la course est vraiment très bien. Et j'y ai de bons souvenirs.

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Mis à jour le mardi 08 février 2022.