CR 100 km de Millau

Samedi 24 septembre 2022

Les 100 km de Millau c'est, depuis un demi-siècle, le grand rendez-vous des fondus de bitume, les coureurs de 100 km qui ne s'arrêtent pas au Marathon, mais souhaitent pousser l'exercice un peu plus loin.

La course reste ouverte au plus grand nombre, avec un marathon standard de 42,195 km pour les moins gourmands, et un temps limite de 24h sur le 100 km, ce qui rend la distance (presque) démocratique et accessible à toutes et tous.

Et cette année donc, c'est le 50ème anniversaire. J'y suis par hasard. J'étais inscrit en 2020. COVID, report. 2021 COVID, report aussi. Et donc en plein été 2022, de retour de la RAAM je reçois un mail "alors, remboursement ou pas ?". J'ai choisi d'y aller, comme j'avais de toutes façons une compétition en octobre, ça me faisait une super sortie longue juste avant, impeccable.

Préparation

Avant le départ
Avec Mouss, au retrait des dossards

J'avais de grandes ambitions, perdre du poids, travailler ma VMA, rien de tout cela n'est arrivé. J'arrive avec des sorties où, à l'entraînement, je plafonne à 9 ou 10 km/h de moyenne, jamais mieux.

Cerise sur le gâteau, quelques jours avant j'ai un petit rhume, qui évolue vers une bonne "tourista" juste la veille de la course. Le matin du départ je dois passer aux toilettes 5 ou 6 fois. Mais ça devrait passer, j'ai pris un comprimé d'ultra-levure qui est le truc le plus important dans ma "trousse à pharmacie de course", après la crème anti frottements. Environ 30 minutes avant le départ, ça a l'air de s'être calmé.

20 km

Premiers vingt kilomètres. Ça fait un bail que je n'ai pas couru en compétition. J'ai surtout fait du vélo ces derniers temps. Cette semaine j'ai fait trois sorties longues, ce qui est le contraire de ce qu'il faut faire avant un 100 bornes, j'aurais du me reposer. Mais je vise plus loin, la backyard dans 3 semaines. Et je me sens extraordinairement bien, pour tout ce qui est des jambes, de la respiration. À part mes récents soucis gastriques tout est parfait.

Alors je fais ce qu'il ne faut pas faire, je fais le pari que je peux aller un peu vite et que "ça va passer". Bien sûr. Je discute avec le peloton pendant les premiers kilomètres, le temps de rejoindre Valérie, qui m'accompagne en vélo. Il fait beau, je suis heureux d'être avec elle, tous les indicateurs sont au beau fixe.

Et la suite...

En route
Sans les mains !

Et au bout de 20 km, je fais un constat. Je ne vais jamais tenir. Je sens que ça va flancher. D'ailleurs, le chrono me le dit. Je suis passé de 11 km/h à 10 km/h sans même m'en rendre compte. Je connais la suite, ça va descendre, inexorablement, et ça va être la descente aux enfers.

Comment ai-je pu me planter ainsi ? Heureusement, il n'est peut-être pas trop tard. Je suis encore tout juste devant la meneuse d'allure 10h. Madame Renard.

Première décision, j'arrête tout de suite les conneries, je décroche rapidement, je laisse filer la meneuse d'allure 10h, et essaye de trouver "le bon rythme". Ça va pas être facile. Mon estimation raisonnable, c'est que je peux faire environ 11h00. Sachant que j'ai fait les 20 premiers kilos en un peu moins de 2h00, il me reste 80 bornes en 9 heures.

Faut pas chômer non plus. L'erreur, ici, serait de se démobiliser complètement, dire "c'est foutu, je suis parti trop vite, course ratée". Non, c'est pas mort. OK la dernière côte du marathon me paraît interminable. OK j'ai eu un avertissement avec une cuisse gauche extrêmement dure dans une descente. Mais rien de gravissime. Je suis parti un peu trop vite. Si je corrige bien l'allure, c'est peut-être pas si grave. Aller au marathon en moins de 4h00 comme je l'avais plus ou moins rêvé au début, ç'aurait été possible. Mais après, j'aurais été... carbonisé. Donc je lâche un petit peu de mou, reste en prise, et on verra bien.

À la fin tout s'arrange

Sortie du gymnase à Millau, je pars pour les derniers 58k. J'ai ré-ajusté mon rythme et là j'y crois, ça peut passer. Je décide de marcher dans la première côte du viaduc. Les coureurs me doublent, je double les marcheurs, jeu à somme nulle, j'ai pas du perdre de places.

Valérie en bave un peu pour me suivre dans les côtes, elle n'a pas un vélo électrique comme certains, juste un vélo normal chargé à mort avec ton mon bordel. On décide qu'elle m'attendra en haut de la côte de Tiergues, je ferai l'aller-retour au gymnase de St Affrique tout seul. C'est pas si loin, et il ne va pas m'arriver grand chose, il fait plein jour, météo idéale.

Dans la descente je croise Anne-Catherine, que j'avais rencontrée au Mandala Mont-Blanc 2021 mais je ne suis pas certain de bien la reconnaître. C'était bien elle. Elle a une sacré avance sur moi, partie sur un temps canon !

Je m'arrête rapidement à St Affrique sans rentrer dans le gymnase, et j'ai le plaisir de voir qu'ils ont du coca *AVEC* du sucre, le goût original. Pour une raison inexpliquée, certains ravitos avaient des sodas *light* donc sans sucre. Pour courir c'est aussi efficace que de l'eau. C'est mieux que rien, mais y'a aucune calorie dedans, donc pas très efficace...

Et donc, remontée sur Tiergues. Je commence presque à être bien.

Et enfin je rejoins Valérie au début de l'avant-dernière descente. Elle met la musique sur la borne Bluetooth. Je cours, elle pédale, on chante tous les deux, Dalida, "Il venait d'avoir 18 ans" dans les lacets de cette mémorable descente.

Je suis bien, tout est parfaitement aligné. OK je ne vais pas faire un temps canon. Mais ça veut dire quoi, un temps canon ? En 2012 j'avais mis 9h08 soit presque deux heures de moins que ce que je vais faire là. Et alors ? On s'en fout! Je fais le mieux que je peux aujourd'hui, et c'est déjà pas mal.

Les quelques spectateurs et autres bénévoles vous encouragent tout pareil, que vous fassiez 8h00, 9h00, 11h00 ou 15h00 ou plus.

Épilogue

La nuit tombe dans la montée du viaduc. Je cours dans la dernière montée. Au final lorsqu'on regarde mon chrono on voit que j'ai légèrement accéléré sur les derniers 30 km. Lorsque Valérie me rejoint dans la descente, je lui demande de mettre des musiques qui vont me rappeler mon récent périple aux États-Unis, à vélo.

Je termine pied au plancher, incapable d'aller plus vite, fatigué mais "zen", et pas dans un état pitoyable. J'ai fait le boulot, sans chichis, ça rentre en moins de 11h00, on essaiera de faire mieux la prochaine fois. Au chrono c'est possible de faire mieux, j'aurais peut-être pu rendre 10 minutes sur les 20 premiers kilos et en récupérer 40 sur les 80 suivants. Peut-être. Ou peut-être pas. Ça intéresse qui ?

En tous cas, j'étais bien content d'être là, Millau, c'est toujours une fête.

Merci Millau, merci Valérie.

 
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Mis à jour le mercredi 19 octobre 2022.