Début août, nos nous y étions mis. Il suffisait de casser un mur, de murer une porte et de repeindre le tout. Bref, pas grand chose. Sauf qu'après y avoir passé nos nuits pendant une semaine, il a fallu faire venir le couvreur. En effet il y avait un conduit de poêle qui atterrissait directement derrière un coffrage de bois abattu. Et puis refaire des revêtements : derrière le mur, les plafonds étaient dans un coffrage dégoûtant. Et puis, et puis. Puis les filles sont rentrées de colonie de vacances, et nous avons continué à nous activer toutes les nuits. Puis elles sont parties à la mer avec leur grand-mère, et nous avons continué à faire la première chambre. Elles sont rentrées, ont campé dans le salon à nous. Enfin, la veille de la rentrée scolaire, elles ont toutes dormi dans leur chambre.
Toutes ? Leur ? Toutes les trois ont dormi dans une chambre finie. Mais nous avions prévu que ce soit la chambre de Garance et d'Adèle. Lise a eu un matelas, là où bientôt nous monterions les bureaux de ses soeurs. Et là , ce fut l'effondrement de motivation. La salle de bains encombrée de commodes, une chambre à faire,trois filles dans l'autre et des parents procrastinateurs.
Nous nous sommes réveillés un peu tard, la faute à un automne trop doux. Les commodes bloquent le radiateur dans la salle de bain. Ça ne devint un problème que lorsqu'il fut temps d'allumer le chauffage. Nous nous y sommes remis, petit à petit, sans récupérer toute l'énergie perdue. Mais ça a avancé. Et ça y est ! Depuis trois bons mois, Lise campait sur un matelas dans la chambre de ses soeurs. Eh bien ce soir, Lise campera sur un matelas dans une pièce vide !
Chaque chambre a son style, les coloristes ont bien travaillé. Quand nous avions cherché une maison à acheter, l'agente immobilière nous avait prévenu, pinçant le nez : "Vous verrez, les propriétaires actuels aiment la couleur". Maintenant c'est clair : nous aussi.
Dernière minute ! L'inspecteur des travaux finis est passé dans la chambre. Son rapport est disponible ci-contre. Mais comme l'écriture devient serrée à la fin et que l'orthographe est personnalisée, voici une transcription :
Le désastre
ADELE
Il y a trop de vert.
Dans les cuisines on met pas de la moquette.
Il y a trop de couleurs : violet, vert, orange, rose, bleu, rouge, gris, blanc, doré, noir ;
et les prises électriques doivent être rose fluo.
Les meubles ne sont pas là . Quand il seront là ça sera magnifique. Mais les meubles auront pas les bonnes couleurs et les formes. Ils seront nuls.
Bref, il faut tout refaire.