Or donc, après m'être farci quelques flèches bien assaisonnées (Dieppe , Charleville Mézières , Nice , Bellegarde , Montbéliard et La Rochelle ) me voici de retour sur un format un peu moins engageant, un petit BRM de 200 kilomètres, organisé par l'UVA, le club cyclo d'Argenteuil, dont je fais partie. Aucune excuse pour ne pas y aller, c'est juste la porte à côté. Et pour ne rien gâcher, ma fille Lise, qui est à l'école de vélo du club en question, sera de la fête.
En effet, j'ai décidé de déterrer le tandem familial pour l'occasion, et il va pouvoir reprendre du service. C'est une bonne bête, je ne le sors pas souvent, mais quand je le sors, on s'amuse bien. Lise a l'habitude de rouler le samedi après-midi, ils font parfois des sorties de 40 km en VTT, donc elle sait rouler. Ceci étant, là , 200 bornes, y'a quand même un peu de changement. Le parcours a l'air plutôt simple sur le papier, comme pour la plupart des 200 au départ de Paris d'ailleurs. Lise n'a que 13 ans, non je ne suis pas une brute, oui je lui ai demandé si elle était d'accord, et puis si ça ne passe pas, simple, on fait demi-tour. Sachant qu'en plus le grand-père, j'ai nommé Paulo, est de la fête, on est deux adultes pour pouvoir gérer, ça devrait le faire.
Départ donc au petit matin, il fait un peu frais, et j'ai explicitement recommandé à Lise de s'habiller chaudement mais de ne pas non plus emmener trop de trucs, car à la fin faut tout transporter et puis, tout de même, la journée s'annonce bonne et on devrait vite réchauffer.
C'est bien une idée de couillon à moi ça, de se dire qu'on va vite réchauffer. Partis à 6h30 de la maison et à 7h00 du lieu de départ officiel, il nous faudra bien attendre le premier point de contrôle, soit environ 10h00 du matin, pour enfin nous sentir confortable. Sur la fin, pour être tout à fait honnête, j'arrivais à peine à contrôler le tandem, j'avais les doigts tellement engourdis et gelés, que ça en devenait presque dangereux, j'étais obligé de passer les vitesses avec la paume de la main. On va dire que ça passait, mais sans une marge de fou.
Au premier contrôle, nous remarquons avec intérêt l'échoppe d'un boucher charcutier qui a, d'après ce qui est écrit sur sa boutique, une médaille d'or 2018 pour son fameux boudin aux oignons. Diantre, ça fait envie. Dommage que je n'aie pas de frigo sur le tandem, j'en aurais presque ramené à la maison. Mais là , 150 bornes à température ambiante, ça va pas le faire, on va casser la chaîne du froid.
Premier contrôle passé avec brio donc, et puis on enchaîne sur la suite destination Gerberoy, un patelin tout au nord, qui est donc le point le plus éloigné du parcours. Et ça vallonerait presqu'un peu sur la fin, dis-donc. En tous cas c'est très joli, je félicite ceux qui ont dégotté ce petit parcours, il est très mignon dans ce secteur.
Une fois à Gerberoy, sachant qu'on a plutôt bien roulé, on pointe dans un restaurant qui a la bonne idée d'avoir une terrasse, ensoleillée qui plus est. Il est midi quarante, c'est juste totalement parfait. On commande donc des salades, qui arrivent finalement assez vite, on se régale au soleil et on cause gentiment avec d'autres cyclos. Voilà , c'est ça une vraie sortie cycloutouriste, du vélo et du plaisir, ça me change de mes galères nocturnes et humides des semaines précédentes. Là , on se dit qu'on a choisi le bon sport, et que pas de doute, faut rien changer.
On repart donc plein sud, et petit plaisir indescriptible, le vent qu'on avait dans le dos à l'aller n'a pas tourné. Donc il nous pousse littéralement, et on se paye quelques bonnes sections à 30 km/h, sans appuyer sur les pédales.
Lise continue de pédaler, invariablement. J'ai transporté pas mal de monde sur ce tandem et je peux l'affirmer, elle fait sa part du boulot. Je peux sentir quand elle a un petit passage à vide ou quand elle en rajoute de trop. Dans l'ensemble, elle assure, je n'ai pas traîné le tandem pour deux pendant 200 bornes, loin de là . Je pense qu'elle aurait peut-être bien pu faire les 200 seule sur son vélo, mais pas la peine de brusquer les choses, on verra ça pour plus tard. Elle a tout le temps devant elle.
On arrive donc au troisième et dernier point de contrôle avant l'arrivée. Petit moment de panique car aucun commerce ne semble ouvert. Ah si, finalement, en sortie de patelin, on trouve un café et une superette. Je vais acheter une brioche et des fraises à la superette pendant qu'idéalement, Jean-Paul commande deux oranginas et un coca. C'est pas gagné, la patronne semble débordée, de mauvaise humeur ça c'est certain, et on arrive péniblement à lui extorquer trois cocas. C'était peut-être pas son jour. Mais bon, si on n'aime pas les clients, faut pas faire commerçant, je dis ça, je dis rien.
Sur ces entrefaits, dernière étape de 50 bornes, pour revenir sur Argenteuil. Ça pique un peu car on est en bordure du Vexin, et le Vexin, ça monte, et ça descend.
Au final on rentre au bercail sur les coups de 19h30. Lise valide son premier BRM 200 en 12h30, ce qui est ma foi tout à fait honnête. Il nous reste 4 petits kilomètres pour revenir à la maison, au total ça lui fera une journée à 210.
Et maintenant, repos !