CR Thorigny - Argenteuil

Samedi 18 décembre 2004

Vendredi soir, sortie "Off" surprise. Je décide, un peu au dernier moment, de revenir de chez Tonverre à pied, après l'enregistrement de QuoiQu'euX. A vue de nez il y a entre 40km et 50km (35km à vol d'oiseau, mais je ne suis pas un oiseau). En fait, comme je n'ai quasiment pas pu courir de toute la semaine (douche du boulot en rade), j'ai décidé la veille de rattraper mon "retard" d'un coup, en plus ça me fera une sortie nocture qui à défaut d'être dans la boue sera "toujours ça de pris" pour le Raid28.

Départ donc à minuit et demie, le vendredi soir, ou le samedi matin, c'est selon.

Les premiers kilomètres sont durs, car j'ai un mélange de vin de cilaos martini vin blanc vin rouge dans l'estomac, et qui fait bloup bloup et n'est pas spécialement agréable ni propice à l'exploit sportif. Enfin j'ai bien mangé avant de partir (tartines au pâté + 3 tonnes d'eau) et de toutes façons je ne me suis pas trop chargé pendant l'enregistrement, mais quand même, c'est un p'tit peu dur...

Très vite je tourne à droite après le pont sur la Marne et choisis l'option "petite route" plutôt que l'artère principale. Petit passage dans un quartier résidentielle puis zone industrielle. Ouaou c'est romantique la Seine et Marne de nuit. Je suis un peu seul et y'a pas beaucoup de coureurs dans le secteur. Hum.

Assez vite je me retrouve à courir sur le bas-côté de routes où il n'y a pas vraiment de trottoirs, où je suis plus ou moins aveuglé par les voitures qui roulent en plein phare et dont les conducteurs n'imaginent pas qu'ils éblouissent un pauvre petit coureur esseulé. D'un certain point de vue c'est compréhensible. Enfin bon c'est pas trop dangereux, le bas-côté est large, pour peu qu'on accepte de courir dans l'herbe les voitures passent au large. J'accepte de courir dans l'herbe. Sans hésiter. Evidemment ma frontale et mes leds rouges clignotantes au dos du sac sont indispensables.

A un rond-point non identifié je croise 3 petits jeunes qui ne m'inspirent pas confiance. J'ai raison de ne pas avoir confiance, collés les uns aux autres ils s'écartent disctrètement et prennent toute la largeur de l'espèce de piste cyclable sur laquelle j'évolue. Je force un poil l'allure pour être en mesure de tourner à droite avant de les rencontrer. Si j'étais allé tout droit je les aurais croisés sur le passage piéton mais... je tourne avant. Deçu de ne pas me croiser un des 3 petits jeunes m'interpelle: -"Eh tu vas où?". -"'rgenteuil!" -"Eh tu vas où?" -"'rgenteuil!" Le type lâche l'affaire, il n'avait pas du prévoir que j'allais bifurquer vers une route pas éclairée, de nuit, et sur laquelle il n'y a rien avant 2km. Dommage mes p'tits cons si vous voulez me chercher les noises faudra soit être plus malins soit apprendre à courir. Allez un suppo et au lit 8-)

Effectivement cette route c'est un peu le trou du cul du monde. Je suis passé un peu au Sud pour éviter le no man's land au Nord-Ouest de chez Tonverre mais ici ça reste pas mal quand même. Il reste des espaces "libres" en Seine et Marne, c'est un fait. Je ne suis donc pas fâché de retrouver ville et trottoirs.

A un moment je regarde ma carte pour éviter de me gourrer, et un petit jeune (sans embrouille celui-ci, très sympa) me demande si je cherche quelque chose. Je lui réponds que ça va, c'est bon, je vérifiais juste, mais je ne suis pas trop perdu. Il me demande où je vais. Argenteuil. Et d'où je viens. Thorigny. Il me regarde partir incrédule. Quelques kilomètres plus tard je change les piles du GPS et de ma frontale qui tournent toutes de l'oeil. Tiens au fait les effets négatifs des diverses boissons ingurgitées en début de soirée commencent à s'estomper. J'ai la fritte maintenant.

Sur ce je suis souvent obligé de sortir la carte et essaye d'être rusé car ça devient un peu technique comme passage. De fait je me paume. La boussole me sauvera la vie. Car je peux vous assurer qu'en pleine nuit après 2h de course, rien ne ressemble plus à un échangeur d'autoroute qu'un autre échangeur d'autoroute. Bien myope par nature, mes lunettes sont embuées et avec la fatigue j'y vois moins bien, du coup j'ai du mal à lire les panneaux et numéros de nationnal. La boussole m'empêche donc de faire une monumentale erreur de 180°, je m'apprétais à partir plein Sud-Est, c'aurait été fatal.

Sur ce retour en ville. Je décide de faire simple et suivre l'artère principale qui m'emmène vers un dernier point sur la Marne, direction Le Perreux. Je fais un peu de kilométrage en plus mais suis sûr de ma route, et j'apprécie de reprendre confiance sur ma capacité à trouver le chemin de la maison. D'ailleurs maintenant c'est simple, c'est tout droit.

Je traverse donc Le Perreux. Ouille ça monte. Je marche un peu. La traversée du Bois de Vincennes est sans histoire, je ne vois même pas une seule "camionnette de l'amour", les temps changent, ou bien simplement je ne suis pas sur la bonne artère, celle prisée par l'artisanat local 8-)

Ca fait du bien d'être dans Paris, maintenant je croise plein de monde. A Nation, je décide de prendre un peu plus à droite que mon itinéraire prévu au départ. De fait j'arrive à République à la place de Bastille, c'est pas plus mal. Sur les grand boulevards, je fais la sortie des divers spectacles et autres boîtes de nuit. Des fêtards incrédules me voient passer en courant avec mon sac-à-dos. S'ils savaient d'où je viens et où je vais, ils seraient à mon avis surpris, d'autant qu'une bonne partie d'entre eux doit poireauter pour prendre un taxi qui les emmènera tout au plus à 3 ou 4 km de leur point de départ. Hé hé hé.

Je m'aperçois que je n'ai rien mangé et n'ai fait que boire de l'eau plate pendant mon trajet. Allez, on va dire que cette sortie je me la fais 100% eau plate, zéro sucre. Ca va pimenter un peu la chose. J'ai à manger au cas où, mais je réserve ça pour un "coup dur".

Au passage je constate que s'il avait plu, j'aurais été bien dans la mouise, car là je n'ai pas froid mais il ne faudrait pas en rajouter... Enfin ceci dit s'il avait plu je serais certainement rentré en train (quel dégonflé) car je manque de fringues potables pour le temps humide et froid, et le peu que j'ai je l'avais oublié à la maison.

Je décide de passer par la porte d'Asnières, ça sera plus court que par la Défense. Je pense me rappeler l'itinéraire de tête. Effectivement je m'en rappelle à peu près. J'ai un doute sur le moment où il faut bifurquer à gauche mais finalement je le trouve sans trop de soucis. A partir de là je commence à en avoir un petit peu assez - mais ça ça faisait quelques kilomètres déjà - et surtout j'ai le bide en vrac. Aïe. En fait j'ai faim, super faim, et l'eau glacée a du mal à passer. Qu'à cela ne tienne j'ai dit que je ne mangerai pas je ne mangerai pas. Na!

Je regarde le kilométrage, je viens de dépasser les 43km, et essaye de me représenter ce que ça va être de faire 220km sur le GRP Ceinture Verte Île de France. Mieux vaut ne pas y penser maintenant... Car on a beau dire, 40km c'est fatiguant, on ne sort pas de là. J'ai un coup de pas bien et paye AMHA le fait de n'avoir pas mangé, mes réserves énergétiques doivent pas être au top. Normal après 5h de course me direz-vous, même si j'y suis allé assez cool.

Et là, à même pas 3km de la maison, dans un coin que j'ai parcouru maintes fois dans les 2 sens, 2ème erreur de navigation. Je bifurque trop tôt à droite vers Argenteuil. Vers le mauvais Argenteuil, le côté gare et tout et tout, pas du tout là où j'habite. Comme toute erreur de parcours qui se respecte je m'en aperçois bien trop tard, au moment de traverser l'A86. Je suis vexé comme un poux. Je devrais être à la maison à l'heure qu'il est D'autant que je voulais arriver avant 6h pour éviter que Valérie s'inquiète. Merde alors. En plus, je me faisais juste avant la réflexion qu'une des clés pour réussir un ultra c'était d'avoir une réponse à tous les problèmes. Genre "j'ai mal au ventre" -> "ralentir et organiser un come-back foudroyant en soignant l'hydratation et l'alimentation en général". Bon, ben là comment se tirer de ce mauvais pas? En courant eh, patate!

Donc on y va, je me promets d'arriver quand même avant 6h. Je jette un coup d'oeil à la boulangerie, dès fois que, mais non elle est fermée, tant pis pour les croissants.

Bilan des courses, je suis super content de ma nuit, j'ai couru pendant 5h35, fait environ 47km, et surtout j'ai passé cette nuit un peu hors du temps, complètement décalé par rapport aux autres franciliens. Et j'ai évité de poireauter en attendant un hypothétique RER 8-) Tout ça fait que j'en oublierais presque que quand même, mes jambes sont bien atomisées et que j'ai des bonnes vieilles courbatures.

Excellent le concept de la petite sortie Off nocturne.

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Mis à jour le Thursday 05 May 2005.