27 août 2008
Toujours en préparation pour le Spartathlon, qui a lieu dans un mois, je viens de m'offrir une petite sortie longue. M'offrir, c'est le mot, j'ai profité d'une journée de congés, Valérie était avec les enfants, j'ai pu courir toute la journée, à peu près le temps que j'aurais passé au boulot - un peu moins, mais ne pinaillons pas - soit un total de presque 9 heures.
La sortie longue, c'est toujours un exercice difficile je trouve. Difficile non pas parce que c'est dur, puisqu'il ne s'agit pas de faire la course avant la course, mais bien de répéter la durée, d'habituer l'organisme à fonctionner "longtemps". On a vite fait de partir trop vite. Et alors on explose, et on finit carbonisé, avec des jambes en béton. Mais partir trop lentement, c'est ridicule, car le but, dans une course, c'est quand même d'aller le plus vite possible. Et puis aussi, longue comment, la sortie? Comme je le disais récemment sur le forum UFO le bon dosage, c'est : si on ne peut pas courir aisément deux jours plus tard, la sortie était trop longue. Si au contraire on n'a pas une faim de loup en arrivant, c'est qu'elle était trop courte.
J'ai choisit de faire un parcours d'environ 70 bornes (il doit en faire un peu moins, je penche pour 68km), je me suis inspiré d'un bouquin offert par Jean-Paul qui recueille des parcours VTT pour concocter ça. Départ d'Argenteuil devant chez moi, grand détour par la Forêt de Montmorency que j'ai traversé d'Ouest en Est puis grand contournement par le Nord, petit tricotage dans l'Ouest de la forêt, et retour au bercail. Mon polar annonçait 1000m de D+ à la fin, ça paraît énorme mais c'est vrai que ça montait souvent. A force d'ajouter les côtes de 50m. Il suffit d'en faire une vingtaine ;) Tiens, c'est un hasard, mais c'est à peu près le même ratio que la course, j'étais bien en travail spécifique, hormis la chaleur, malgré une belle journée d'été, on était loin de la canicule.
Bon, alors, venons-en aux faits!
Je pars. J'embarque dans mon sac à dos 2L d'eau, quelques mini-nuts, un paquet de noix de cajou, un maillot manche courte en carline au cas où il fasse frais, et c'est marre. Je suis en short+débardeur, je mise sur le beau temps.
A partir du 18ème km, je sors de mes sentiers habituels, je prends donc le road-book en main, et j'essaye de suivre le parcours. Je fais mieux qu'essayer, je le fais. Je le suis. Plutôt pas mal les parcours, jusqu'ici je n'ai jamais été déçu. Je suis le 13 au début, puis le 14, puis je termine le 13. Je me comprends. A un moment tout de même je tombe sur un chemin que je suis fort content de ne pas faire en VTT, vu mon niveau je serais obligé de mettre pied à terre tous les 30 mètres, il y a des rigoles bien profondes à traverser. En courant c'est tout bon, ça entraîne le bonhomme à poser ses pieds là où il faut.
Aux alentours du 25ème, je travaille le "power marching", la marche forcée que je pratiquerai inévitablement le jour J. Je fais ça en côte, comme si j'étais en compétition. Et... je double un joggeur ;) Mouarf, ça fait toujours plaisir de voir sa théorie vérifiée en pratique : en côte, mieux vaut marcher vite que courir lentement. En fait je ne le double pas vraiment, je dois un peu forcer pour le rattraper, et en haut de la côte, longue comme un jour sans pain, j'ai à peine 30 mètres d'avance. J'ai bien essayé d'engager la conversation mais il écoute ses MP3 dans son coin, tant pis pour lui, je passe mon chemin.
Aux alentours du 30ème, on va dire, j'ai une bonne vieille faim. Je commence à cogiter pour trouver à manger, c'est pas avec mes quelques nuts que je vais pouvoir tenir des dizaines de kilomètres. J'aimerais bien trouver une épicerie. Au pire une boulangerie, parfois ils vendent des bouteilles de coca. Bon, après un petit moment d'inquiétude, je tombe enfin sur un LIDL. Yeah! Je mets un temps fou à choisir (20 minutes...) et ressort avec 1L de jus d'ananas, un cake aux amandes de 400g, 2L de cola démarqué, 1,5L d'eau pétillante, et un camembert. Au départ je voulais prendre du fromage blanc mais sans petite cuillère, j'ai préféré le bon vieux fromage qui pue. Total : 4€30. Qui a dit que l'ultra était un sport qui coûte cher? Je mange le fromage direct, vide la moitié du jus d'ananas, mélange les 50cl qui restent avec le fond de ma poche à eau. Le reste, ce sera pour plus tard.
Le passage en ville dans Ecouen est assez sympa. J'ai une petite pensée pour le serveur Linux (pardon, GNU/Linux!) du musée, la prochaine fois que je me connecterai dessus au boulot, ça me rappellera une bonne ballade à pied d'août 2008 ;)
Ensuite, le parcours m'emmène divaguer dans la pampa, il fait maintenant vraiment très beau. Je bois. Je bois. Question physique, rien ne bouge. Je n'ai aucune douleur bizarre, les pieds -> OK, les talons d'achille -> OK, les genoux -> OK, l'estomac -> OK, le haut du corps -> OK. Tout baigne, je profite de ma ballade.
Retour dans la forêt de Montmorency, non sans avoir longé des travaux qui puent le goudron fumant (beûark) et là champagne! J'ouvre la bouteille d'eau pétillante. A plus de jus d'ananas. J'ai été assez économe d'ailleurs, car ça fait un bout de temps que je suis parti, quand même. Là je dois être environ aux alentours du marathon je pense. Et 6h de route... Vous vous demandez si ça n'est pas trop lent? Attendez-voir, il y a une nuance profonde entre courir en compétition à poil sur un parcours balisé et jardiner road-book à la main avec un sac-à -dos et toute la logistique à gérer. J'ai constaté que dépasser 7km/h sur de la rando-course, c'est vraiment très difficile. Aujourd'hui je suis tout légèrement au-dessus je pense, c'est vraisemblablement parce que la marche d'approche du parcours, je la connaissais par coeur, donc j'ai couru sans me retourner, sans réfléchir. Bon, peu importe, je suis - d'après mes calculs - à peu près dans les temps.
Beaucoup de promeneurs cet après-midi, qui me regardent avec tout mon équipement fluo - je suis habillé rose et bleu couleurs Tri91 - et mon rythme de joggeur pas très pressé. J'hésite vraiment à accélérer. Mais je ne le fais pas. Je pense que ça passerait, mais le but aujourd'hui n'est certainement pas d'user le bonhomme. Si j'avais voulu faire une sortie longue et rapide, il aurait fallu la faire avant je pense. Peut-être le regretterai-je, mais bon, je cours à 9km/h quand je cours, et après tout, c'est un rythme de fin de course tout à fait vraisemblable, le 7km/h de moyenne en courant à 9km/h quand on court. Je pense surtout que je me contrefiche de mon allure et que j'ai envie de profiter de ma belle ballade.
Lors de l'ultime boucle en forêt, je trébuche sur une racine et wolop wooow woups j'évite une belle gamelle. La fatigue. J'ai l'impression de n'être pas fatigué, mais 7h d'effort, ça laisse des traces. Très bien, de toutes façons, je ne suis pas tombé.
Retour par la ville, je traverse Ermont et passe devant la mairie où je me suis marié, l'Eglise où je ne me suis *pas* marié, et j'arrive en douceur, après 8h52 de ballade.
Ce sera ma dernière sortie longue avant le grand jour.
Alea jacta est!