24 novembre 2013
Je me suis inscrit au Marathon de La Rochelle avec, au départ, l'idée de découvrir cette course que je ne connaissais pas. Maintenant, une fois sur un marathon, on est tenté de "faire une perf" (à mon niveau, hein, je vise pas le podium, loin, très loin de là) mais la proximité des 24h de St Thibault des Vignes et de la Race Around Ireland m'a poussé à viser plutôt quelque chose de calme. Donc je me suis inscrit dans le sas des "4h et des brouettes", quitte à le faire à la marche.
Entre temps, j'ai changé d'avis, je me suis dit qu'un petit "moins de 3h" ce serait tout de même pas mal. Mais j'avais oublié mon inscription dans le dernier sas. Et c'est ainsi que sur la ligne de départ, enfin plutôt, loin derrière la ligne de départ, après avoir discuté avec Gérard Cartier, rencontré aux 6 jours du Luc , je m'aperçois de ma bêtise. Je suis gonflé à 100kg et souhaite faire un chrono, et je pars dans le sas du fond. Quel con.
C'est pas grave, on va gérer. Le départ est donné. J'y vais cool, tant que l'arche n'est pas franchie, pas la peine de s'exciter. Une fois que ma puce a bippé, j'essaye de passer la vitesse supérieure. Pas facile, surtout que je ne souhaite pas déranger les coureurs qui sont légitimes dans ce sas de départ, courent à 10 km/h et s'attendent, légitimement, à ce qu'on les laisse tranquilles à cette allure. Je slalome, je brûle des calories, je redouble d'attention, mais y'a pas le choix. Je n'ai perdu que 2 minutes avant de franchir l'arche, peut-être moins, il y a du monde à ce marathon, mais pas autant que sur un monstre comme Paris.
Je rattrape rapidement les ballons 4h00 et 3h45. Le 3h30 est un peu plus costaud à accrocher, 3h15, ça commence à me prendre un certain temps, environ une dizaine de kilomètres. Je croise Daniel Fritzsch, organisateur des 100 km et 48h de Royan. C'est lui qui m'a reconnu. Je devrais aller à sa course, elle a l'air top, je connais les 100 km, mais les 48h, jamais fait. Bon bref, je cause, mais je ne m'attarde pas, je ne souhaite pas hypothéquer mon "moins de 3h" pour une petite causette en début de parcours.
Je remonte, je remonte. Je suis un peu déçu par le parcours, assez urbain, quitte à aller près de la mer, j'en aurais bien profité plus. Mais bon c'est ainsi. Il y a quelques faux plats mais rien de méchant, disons que pour battre un record ce n'est pas le meilleur parcours, mais cela reste un marathon route, c'est un vrai billard. Je ne sais pas trop quel rythme adopter, j'ai peu de repères, je double beaucoup de coureurs, mais toujours pas de trace du porte drapeau "moins de 3h".
Je finis par le rattraper, enfin. Par le rattraper, presque. Je l'ai en ligne de mire sur le port. Le speaker parle justement de ce meneur d'allure qui a eu un problème mais qui vient d'être remplacé. Ah bon? Il est pas vraiement sur les bases de moins de 3h alors? Coton pour moi, car là je suis quand même un peu à bloc, ça fait 1h30 que je remonte comme un dingue et traîne la langue pour recoller, voilà qu'on me dit que malgré cela je suis à la bourre? Diable... Je vérifie sur ma montre, normalement cela doit être à peu près bon, si je continuais exactement à ce rythme je devrais arriver en 2h58, allez Christian, on y croit!
Je me dis que ce serait bien de vraiment le rattraper ce meneur d'allure, le dépasser, y coller 50 mètres, et basta. Mais voilà, je me tasse. Inexorablement. Je peine à l'accrocher. Aïe, non, zut, c'est trop injuste. J'essaye de me battre pour le suivre, mais rien n'y fait, il s'éloigne lentement, et se retrouve de plus en plus loin devant. Départ trop rapide? Je ne sais pas. De toutes façons il me fallait m'extraire de la foule, et sachant qu'en ce moment ma ceinture abdominable refait surface, j'ai 80kg de barbaque à trimballer, les 3h c'était l'objectif optimiste.
J'ai tout de même l'impression que je m'en sors pas mal. Il s'éloigne le porte drapeau, mais je maintiens le rythme et je double encore pas mal de coureurs qui eux, décrochent franchement. Alors je m'accroche - et c'est ce qu'il faut toujours faire - en me disant que si je rate ma cible de 10 secondes, je vais m'en vouloir pendant longtemps. Après tout j'ai deux minutes ou presque de rab' à cause de mon départ tardif, donc au "chip time" je peux peut-être encore les faire, ces moins de 3h. Cette idée m'obsède. Je tente le sprint final à 1500 mètres de l'arrivée. Je craque au bout de 200 mètres et reviens à mon rythme de base. Je dois être à 13 km/h je pense, en train d'exploser doucement, mais pas moribond quand même. Au micro, on annonce que là, c'est fini, pour moins de 3h, c'est râpé. J'y crois encore. Je force encore un coup sur les 100 derniers mètres.
Bon, bah voilà, c'est fait. Environ 3 heures et 2 minutes au temps total affiché sur l'arche.
Je vais me changer et reviens voir Valérie qui finit en 4h et des poussières, jolie course, régulière. Mais difficile, elle a souffert. J'ai aussi vu Dominique, toujours le sourire celui-là ;)
Et puis bon, sur le chemin du retour, en voiture, je stresse comme un fou. Alors, moins de 3h ou pas? Je frétille, je n'en peux plus. C'est certain j'ai tout raté... Et puis le soir, le verdict tombe : temps compensé 2h59m57s. Arf, 3 secondes de marge. C'est maigre. Mais ça suffit! J'ai donc mon dossard pref pour le Marathon de Paris mais attention, pas de blague, j'ai intérêt à m'entraîner dur car je n'aurais peut-être pas autant de chance une seconde fois.