Fin janvier 2013
Plusieurs fois, j'ai entamé ma saison par un bon vieux gros Raid 28 qui tâche. D'ailleurs cette année, j'ai failli le faire, en plus il y avait la formule "maxi" (24 heures de course...) qui me faisait de l'oeil. Mais bon, finalement, j'ai été raisonnable, j'ai préféré fêter l'anniversaire de ma fille à la maison, et remettre les festivités sportives à plus tard. Or donc, fin janvier se déroule une petite sauterie fort sympathique, qui consiste à aller de Paris à Mantes La Jolie, à pied. En marchant. Et ça s'appelle donc Paris-Mantes. Or, la marche (athlétique ou pas...) m'intéresse car sur du long, comme par exemple un 6 jours, on finit par marcher beaucoup, et donc faire quelques épreuves de marche, ça a du sens.
Et puis cette randonnée me faisait envie, voilà tout.
Donc, j'y vais. Inscription très simple, limite rustique, on se croirait sur un brevet cyclotouriste, et d'ailleurs ce n'est pas pour rien que le terme "Audax" est partagé par les randonneurs pédestres et cyclistes.
Je pars léger mais en imaginant pouvoir tout faire sans rien trouver d'autre que de l'eau sur le parcours. Au pire, même sans eau, je devrais m'en sortir. Je commence par un petit échauffement (!) à pied, je rejoins en effet le départ en courant, cela me fait une "préchauffe" d'une grosse vingtaine de km. Autant dire que sur la ligne de départ, même sans avoir trop forcé, j'ai tout de même transpiré. De rester immobile ainsi, je suis donc glacé, et me maudis de n'être pas venu en RER comme tout le monde. Moi et mes supers idées... C'est donc les mains gelées (j'ai un syndrôme de Raynaud qui traîne, cela n'arrange rien) que je pars. J'agite mes bras dans tous les sens pour me réchauffer. Et je marche, bien évidemment, en m'imposant de ne pas courir. Certains coureurs ne font pas cet effort et trotinent. Je trouve cela dommage, nous sommes invités, accueillis à bras ouverts par les marcheurs, cela ne coûte pas si cher de respecter leur règle du jeu, au pire on perd une heure ou deux. Et alors?
Il reste un peu de neige sur le parcours. Après ma Sainté-Lyon je suis presque blasé, mais j'en profite tout de même, la magie blanche fonctionne toujours à plein avec moi. Au fil des kilomètres, j'entame la discussion avec un coureur - qui marche, mais comme moi, en vrai, c'est un coureur - et qui bosse aussi dans l'informatique. On cause, on refait le monde. J'adore ces moments, on se croirait au café du commerce, à un petit détail d'ambiance près.
Je perds mon compagnon de route à un ravitaillement. Je ne sais pas s'il est devant ou derrière. Je l'attendrais presque, mais s'il est devant, le remède sera pire que le mal. Je décide de foncer, s'il est devant je suis certain de le rattraper (j'étais un peu en sous-régime quand nous causions) et s'il est derrière, bah tant pis, je suis pressé. Ah oui, j'ai oublié de préciser -> il ne faut pas que je traîne trop, je suis invité a déjeûner chez mon beau-frère le dimanche midi. Le temps de rentrer en train et de me changer, il ne faudrait pas non plus que j'arrive trop tard dans la matinée...
Or donc je marche. Ou plutôt non, bientôt, je patauge. Mouard, il y a une de ces boue! Certains participants sont déstabilisés, un peu surpris par ce revêtement pas très coopératif. J'en ai vu d'autres, mais je reconnais que par moment cela pouvait devenir agaçant car en courant on peut se permettre certains appuis fuyants, mais la marche n'offre pas autant de souplesse. Je suis donc passé en mode bulldozer (rien de tel pour la bouillasse) et à défaut d'être élégant ce fût instructif et parfois drôle.
Seul petit regret, l'arrivée sur Mantes était un peu tristouille, mais bon, ce n'est pas non plus le coin le plus "fun" de la banlieue, et puis la pluie qui a commencé à tomber le matin n'a rien arrangé non plus. Je ne sais plus exactement en combien de temps j'ai terminé, peut-être bien 8h30, mais je m'en fiche un petit peu. Comme pour un brevet cyclo, l'idée ici n'est pas de signer une grosse perf mais plutôt d'être en harmonie avec l'épreuve, arriver dans un état correct.
C'est donc avec un large sourire banane que j'entre dans le gymnase. J'ai les jambes fourbues et raides comme des piquets - j'ai moins l'habitude de la marche que de la course - mais je me promets d'y retourner, à ce Paris-Mantes.