24h de marche, pourquoi ce choix ?
L'année dernière, j'avais empilé pas mal de kilomètres (382...) en 48h autour du circuit de Royan et j'en avais profité pour inviter plein de collègues du Bon Coin pour découvrir la discipline, sur 24h.
Cette année, les collègues sont remontés comme des coucous et souhaitent, à nouveau, participer à ce 24h. C'est même pire (ou mieux ?) que cela, il y en a même des nouveaux. Mais c'est comme ça, une boîte jeune et dynamique comme Leboncoin ça recrute à tour de bras et donc il y a plein de nouveaux collaborateurs, qui font autant de chair fraîche pour le 24h. Dis comme ça, on a presque l'impression que je les envoie à l'abattoir. Pas vraiment, mais il est bon de ne pas l'oublier, faut partir lentement et se méfier, parce qu'une nuit d'octobre, c'est sans pitié.
Et donc je ne pouvais les laisser seuls. Certes je reviens de la Transpy et suis "un peu fatigué" et je dois par ailleurs prendre des forces pour les 6 jours de France qui arrivent 3 semaines plus tard, mais je ne peux pas laisser tout ce beau monde tout seul.
Donc j'ai opté pour un "24h éclair". J'ai un billet de train qui m'amène à Royan le vendredi un peu après 23h. Et un retour départ 10h26 le dimanche matin, ce qui me laisse 25 minutes, une fois la course finie, pour récupérer mes affaires aller à la gare et choper mon train. Et je vais le faire à la marche, comme ça, pas trop de séquelles avant le 6 jours.
Vroum !
Départ sur des chapeaux de roue. La météo est maussade mais pas horrible. Hier il pleuvait.
En course à pied je pars toujours très prudemment mais en marche je n'ai aucune vitesse de pointe donc je pars "en marchant d'un bon pas" et je continue jusqu'au bout comme ça. En pratique je ralentis un peu, peut-être que je gagnerais à millimétrer mon allure de départ pour être plus constant. Bof, je fais surtout ça pour m'habituer à marcher longtemps, c'est une compétence utile sur 6 jours. Dans l'absolu, la performance en marche m'intéresse moyennement.
J'observe les autres coureurs. Le 48h est assez particulier. Charlotte Smith, une anglaise, a fait un départ canon. Boum ! Le truc, c'est que rien qu'en la regardant, je sais qu'elle va bientôt coincer. Il est à peine midi et on la voit biner, forcer, lutter. Sur un 48h, normalement, à cette heure là , on file vers l'infini et au-delà . À mon avis il vaudrait mieux qu'elle se pose une heure pour repartir plein gaz après. Mais c'est difficile, dans ma position, de donner des conseils, et puis, c'est sa course.
Le premier marcheur, Daniel Dubosq, est très bien placé. Il vise les 300k, et le record de l'épreuve. À ce stade je marche plus vite que lui, mais je suis frais-pimpan, tout beau tout neuf, et lui a plus de 170 bornes dans les pattes.
Mes collègues tournent bien. Un petit peu trop bien à mon goût mais bon, hein, faut bien s'amuser. Ils ont l'air de ne pas trop marquer, donc avec un peu de chance ils sont juste en train de faire une brillante course ! Cool.
La nuit, tous les chats sont gris
Et puis voilà , la nuit tombe. Et avec elle la fin du rêve pour certains. Charlotte a fini par caler. Elle s'arrête dormir et se ressourcer pour de bon. Je reste convaincu qu'en s'arrêtant plus tôt, elle aurait limité la casse.
Et comme Charlotte s'arrête, c'est Daniel, le marcheur, qui prend la tête. Un marcheur en tête, c'est pas banal. J'avais tenté le coup aux 6 jours à Privas mais sans succès. Plus récemment, toujours à Privas, en 2015, Dominique Bunel a failli réussir à gagner au scratch, mais encore une fois, un coureur, un et un seul, Fabrice Puaud, a réussi à lui passer devant. On va bien voir. Un marcheur et une fille sur les plus hautes marches du podium, ça aurait de la gueule !
Chez mes collègues, c'est assez inégal. Certain(e)s sont un peu scotchés en plein vol par la nuit et les kilomètres. Chaque fois la même histoire, on se sent bien et puis tiens, c'est marrant, après 15 heures sur le terrain, quand il est une heure du matin, ça pique un peu. Heureusement, rien de grave, et ils gèrent plutôt bien. Mention spéciale à Pauline que j'ai vue gambader un peu tout de temps, et toujours avec le sourire. À mon avis elle a un talent caché qui ne demande qu'à être creusé.
Encore un matin
Je ne battrai pas mon record personnel (167 km à Saint Thibault des Vignes) mais je suis encore en lice pour les 100 miles (161k). Je crois que c'est vraiment mon niveau, ça, les "un peu plus de 160 bornes sur 24h". Je n'arrive vraiment pas à casser la barre des 170. Faute d'investissement et de motivation peut-être. Mais quand même, j'ai pas chômé, je suis resté en piste du début à la fin, sans mollir. Simplement, je n'ai pas de vitesse de pointe, à 8 km/h, je suis pied au plancher.
Charlotte est revenue de son coup de mou, mais elle a sacrément perdu en kilométrage pendant son arrêt. Elle finie donc seconde au classement coureurs (hommes et femmes confondus) et troisième au "général" car Daniel a réussi son coup de maître : il passe la barre des 300 et gagne la course, toutes catégories confondues. Et ça a du style.
Comme un voleur
De mon côté, je fais un "finish" raisonnable, de toutes façons c'est mort pour les 170. Une fois le dernier coup de sifflet donné, je m'arrange pour :
- récupérer mon sac
- prendre une douche
- ranger mes affaires
- marcher jusqu'à la gare (qui n'est pas bien loin, mais avec 160 bornes au compteur, tout paraît loin)
...et j'ai pas raté mon train.
Je regrette de n'avoir pas pu boire une chopine avec les collègues, mais voilà , c'est ainsi. Je dois en effet retourner sur Paris illico car j'ai un rendez-vous à 17h00.
C'est ma dernière sortie longue avant les 6 jours, un petit 165 km "au carton". Et j'ai bien fait de le faire à la marche, car quand je vois qu'à la course, ça se gagne en à peine plus de 200 km, je me dis que si j'avais été coureur "je n'aurais pas pu laisser passer ça".
La suite à Privas !