Quand Alison nous a proposé d'aller au marathon de la bìère, ou plus précisément le marathon des amoureux de la bière (Beer Lovers Marathon) notre sang n'a fait qu'un tour. J'ai beau avoir un rythme cardiaque assez calme, ça fait pas beaucoup de temps pour réfléchir. Donc hop, allez, inscription ! Le concept est simple, c'est un "marathon déguisé" (et festif !) comme le Marathon du Médoc mais avec de la bière aux ravitos.
J'ai failli le regretter car juste après j'apprends (en me faisant un peu taper sur les doigts, et à juste titre...) que le même week-end, à 50 bornes de là , s'organise un 100km trail signé "Les Coureurs Célestes". Alors là je me sens bête... Et puis, bon, le mois de mai étant déjà bien chargé, c'est peut-être pas si stupide de ne faire "que" un marathon.
Niveau logistique, tout paraissait simple, mais devient compliqué. Notre berline familiale tombe en panne la semaine avant la course. Pierre prend le relai avec son inusable Clio. Ouf ! Ensuite, il faut faire garder les enfants, pour X raisons nous avions oublié de prévenir les bonnes personnes suffisamment tôt. Finalement tout s'arrange. Re-ouf !
Notre équipe est constituée de 4 personnes :
- Alison, qui a déjà fait un 24h en 2015
- Christian, ça c'est moi
- Pierre, un collègue, celui qui m'a mis une mine au maxi-cross de Bouffémont et au marathon de Paris , c'est ça de bosser dans une boîte pleine de petits jeunes dynamiques !
- Valérie, mon épouse
Niveau déguisement, on a opté pour la Bavière, car il paraît qu'on y boit de la bière. Pas d'innovation, juste des déguisements chopés sur Internet, mais c'est finalement, me semble-t-il, assez efficace.
La veille de la course, nous sirotons un binouze sur la place de la ville. Très joli, Liège. Dommage que certaines constructions modernes pourrissent un peu le bord de la Meuse, mais la veille ville est vraiment charmante. Ceci étant il fait un froid de canard, et ça vente. On rentre à l'hôtel, je défonce le buffet d'entrées, au dodo, et à demain.
Le lendemain, on paniquerait presque en arrivant au départ : on n'entend pas la sono ! Enfin si, on l'entend, mais bon, faut être à côté. Tant mieux, ça évite de réveiller la moitié de la ville. J'observe les déguisements. Bon, on est OK, c'est pas nous les plus originaux, mais on est dans le ton. Cool, la plupart des participants ont bien joué le jeu. On trouve bien quelques loosers (désolé les gars...) habillés en civil et/ou avec le t-shirt de la course (quelle idée !) mais franchement, dans l'ensemble, le peloton a fière allure. Je suis heureux d'être ici. On s'attendait à avoir froid, mais finalement, ça semble gérable.
Départ !
J'ai opté pour un déguisement intégral, à savoir que, fort d'un jusqu'au-bouttisme dont je suis assez fier, je porte de vraies chaussures en cuir tout à fait adaptées à la randonnée dans le Tyrol. Elles sont annoncées à un peu plus d'un kilo pièce en 42, je les ai en 46, la paire doit avoisiner les 3kg. Du lourd vous dis-je, du lourd ! Mais (il y a un "mais") elles sont ultra confortables, c'est pour mieux tromper l'ennemi. Pour courir c'est pas le top à cause du poids, mais pour marcher, c'est royal.
Petit déjeûner au km 2. Je chope un croissant. On en traîne pas non plus. Puis viennent les escaliers, vers le km 5 je crois. Bon, c'est des vrais escaliers. Tudiou ! Il y a un ravito avec de la bière en bas mais à ce stade la course est trop compacte, donc il y a la queue, je n'essaye même pas et préfère réajuster ma banane, qui me gêne un peu.
Bon bref, on monte. J'improvise et décide de tenter de la monter en sautant à pieds joints. Je lâche l'affaire à un quart de la hauteur, et reprendrai sur la fin. Je vieillis tiens, je perds de ma superbe, à une époque je pense que j'aurais fait les 100% en sautant. Une prochaine fois peut-être ;) Disons que, faut le reconnaître, sauter des marches interminables à pieds joints avec des chaussures en plomb, ça use le bonhomme. Mais si c'était à refaire, je dirais aux autres de m'attendre (ils l'auraient fait je pense) et je ferais l'intégrale en sautillant.
La suite du parcours est superbe, nous sommes en hauteur, on domine la ville et on traverse des espaces verts, un moment je me surprends à gambader dans les champs, et je regrette qu'Heidi et Birgitta (les nouveaux prénoms d'Alison et Valérie) ne m'accompagnent pas sur ce coup là . C'est franchement chouette, un bon coup de "la campagne à la ville".
Le parcours continue tranquille, après un passage sous une voie ferrée, nous tombons sur une ambiance techno endiablée. Je goûte la boisson locale. C'est frais, y'a des bulles, un léger picotement sur le bout de la langue. Mmm, c'est bon la bière !
Et c'est pas Duffman (enfin, *les* Duffmen...) qui me diront le contraire. Je rame presque un peu pour tenir le rythme de mes compagnons de route, mais je me dis que passé le 20ème, tout va rentrer dans l'ordre, il y en a bien un des 3 qui va fatiguer, et tout rentrera dans l'ordre. De toutes façons, on n'est pas pressé, le temps limite est assez large, pas de panique.
Et donc, ce qui se passe, au 20ème, c'est que, effectivement, on ralentit, mais pas à cause de la fatigue. Non, c'est juste que sur la seconde moitié du parcours les ravitaillements sont hyper rapprochés. Du coup, parfois, il suffit de 2 malheureux petits kilomètres pour rejoindre le ravito suivant. C'est tentatoire. Je me fixe un objectif "raisonnable" de 3 verres par ravitaillement. Ce sont des petits verres hein, pas des "Mass Bier" germaniques. En parlant de "Mass Bier", deux concurrents sont déguisés selon le même thème que nous, sauf que, eux, ils ont la classe internationale. Véritables culottes de peau et surtout, des p*tains de chopes d'un litre, en verre massif, qu'ils remplissent à chaque stand. Pas à ras-bord, certes, mais ces gars-là ne plaisantent pas. Ils connaissent le produit, et ils y font honneur. Respect.
Pierre a quelques soucis logistiques, la bière a du mal à descendre (ah, ces bretons...) et son genou l'empêche de courir. Bon, je ne suis pas médecin ni podologue ni expert en mécanique posturale pouet pouet ceci étant je vois ses chaussures, elles sont laminées sur l'intérieur, on dirait vraiment un coureur pronateur qui a mis des universelles, les a usées jusqu'à la toile, et s'étonne d'avoir mal quelque part. À suivre. C'est pas grave, on marchera sur la fin. D'ailleurs, on s'aperçoit qu'en courant quasi au plus vite qu'on peut (pas très vite quand même, donc) et en s'arrêtant "raisonnablement" aux ravitos tout en en profitant (mes 3 bières!) au final, on va ni plus ni moins vite que Pierre qui marche bon train et s'arrête beaucoup moins. Il y a là une leçon à retenir pour les prochains 24h à venir. Pierre et Alison vont aux 24h de Royan cette année, j'espère qu'ils sauront bien en profiter.
Les ravitos sont de plus en plus rapprochés. Moi, je suis de plus en plus bourré. On passe décidément une bonne journée. Il y a eu le petit passage en ville dans la joli ruelle, la péniche, les jolis chemins de halage, franchement, le parcours, top. On croise souvent les mêmes personnes, le Starship Trooper, les panthères roses avec leur inimitable queue, les bébés en couche culotte, et à peu près tout le monde a le sourire.
On touche bientôt à la fin, la petite cerise sur le gâteau c'est non pas une cerise mais une boulette viande (de vrais boulets sauce lapin !) avec des frites. Et je pose la question, pour un Pastafarien croyant et pratiquant comme moi, est-ce que manger des boulettes avec des frites en lieu et place des pâtes, c'est un sacrilège ? Je vous laisse juge, et préfère couper ce débat tendancieux, le blasphème n'est pas loin, et je risque peut-être gros à m'exprimer ainsi.
Un petit dessert, un ultime ravito à 200 mètres de l'arche d'arrivée (sans déconner, les gars, vous assurez !) et c'est fini.
Nous repartons heureux, pleins de bons souvenirs accumulés en un peu plus de 6 heures, et surtout une superbe médaille-décapsuleur qui va faire des jaloux !
Le Beer Lovers Marathon 2016, 1ère édition, j'y étais.