CR marathon de Paris

Dimanche 14 avril 2019

Ah, ce bon vieux Marathon de Paris. Je ne compte plus mes participations, j'en ai un certain nombre. Ces dernières années, faute de travail de vitesse, je régresse pas mal sur marathon. L'année dernière, j'ai failli faire plus de 3h30 et quelques semaines plus tôt, je termine en un peu plus de 1h30 au semi . Donc, raisonnablement, moins de trois heures, c'est cuit.

Le squelette
Armature en tuyau PVC souple, fixé avec un peu de fil de fer, et des bonnes sangles pour le portage.

Mais...j'y pense, je viens de remettre à neuf mon déguisement d'Obélix pour l'Ecotrail ! Et aussi, certains m'ont un petit peu asticoté, pendant ces 80 km, sur le fait que "je n'avais même pas de menhir". Ah ouais ? J'ai pas de menhir ? C'est ce qu'on va voir !

Ni une, ni deux, je m'organise et entame la construction du bousin.

Bon, on va pas de mentir, j'ai vu large. C'est simple, j'ai fait le truc le plus gros possible, qui pouvait rentrer dans le monospace familial, un Dacia Lodgy. Spacieux et pas cher. Sur le choix des matériaux, j'opte pour une structure en plastique, avec des tubes achetés dans un grand magasin de bricolage, au rayon plomberie je crois. Il faut que ce soit assez rigide, mais un peu souple quand même. Je fais tenir ce squelette en plastique avec du fil de fer au niveau des articulations. J'arrime solidement à ce squelette les sangles qui me serviront à porter le machin. Puis je prends les articulations dans la mousse expansive. Comme ça, ça bougera plus. Le squelette est bien en place, et les sangles y sont littéralement soudées. Ne reste plus qu'à envelopper le tout. Je commence par une couche de grillage à poule, puis le recouvre de papier mâché. Pour finir, je remplis certaines parties sensibles (le haut, le bas) avec de la mousse expansive, j'ajoute du tissu (la même polaire qui m'a service pour la ceinture du costume d'Obélix) au niveau de la partie qui frottera contre le dos, et je recouvre avec de la peinture qui contient des paillettes. Effet granitique garanti.

Touche finale, je peins "42T 195kg" en gros caractères rouges sur le haut.

Et bim, un menhir, un !

La peau
Enveloppe en papier mâché, enfin de quoi rendre utiles tous les magazines gratuits distribués dans le métro.

Le poids de la bête ? Environ 10kg je pense. Juste le menhir. Mais c'est pas tellement ça le problème. Le problème, c'est le déguisement gonflé avec des ballons + la passoire sur la tête + le menhir + le petit chien qui pendouille à droite (ah oui, j'ai rajouté Idéfix, lui aussi a le droit de s'amuser) ben ça fait une grosse facture, et à la fin, l'addition est salée, et surtout c'est pas méga maxi maniable.

Mais bon, je l'ai un petit peu cherché.

Surtout, le point critique, c'est qu'il est très haut. 2m30 de la base à la tête. Donc comme le cul du menhir est juste au niveau des ballons du déguisement, on va dire environ un mètre, ça veut dire que la tête se ballade à plus de 3 mètres de haut. Et du coup, la prise au vent n'est pas nulle. Et même sans vent, dès qu'on se penche, c'est franchement le bordel. Et ça tire sur les épaules, nondoudiou, je vous dis que ça.

Allez Obélix !
Dans la communication officielle, les vrais journalistes doivent dire "un porteur de menhir" et pas "Obélix", ceci pour bien respecter les droits d'auteurs tralala pouet pouet. Mais le public, lui, s'en fout, et reconnaît bien le personnage de BD. Na.

C'est donc équipé comme un chef que je prends le départ de ce Marathon. Petit moment de stress, je me demande s'ils me laisseront rentrer dans le sas de départ. Facile de planquer quelques bâtons de dynamite dans tout ce merdier ! J'ai exprès laissé une ouverte pour qu'on puisse voir que c'est creux. Mais bon, si je tombe sur un paperassier, ou pire, un romain, je suis cuit. Fort heureusement, je passe sans trop de soucis.

Petit moment de stress avant le départ, je me dis que je dois arriver à faire 5h30, peut-être même 5h. Mais 4h30 j'y crois pas, trop lourd et encombrant, le barda.

Or donc le départ est sonné. Je descends les Champs-Élysées et explique à qui veut l'entendre que j'ai une livraison à faire, un gars m'a commandé un menhir à livrer avenue Foch, et on ne plaisante pas avec la clientèle. Il fait super beau, les photographes se régalent, paraît même que je passe à la télé.

Vidéo ici (Facebook) ou là (LCI) pour les curieux.

C'est quoi le plus grand ?
Alors, kikin'est le plus haut. Le menhir ou la Tour Eiffel ? Attention, cette question contient un piège.

La traversée de Paris se fait sans encombre, je me fais doubler par Alexandre, un ancien collègue du Bon Coin qui, me dit-il, m'a reconnu de dos, car "ça ne pouvait être que moi". Je lui souhaite bonne route et évalue mes chances d'arriver en un seul morceau.

Bon point: il fait beau, pas trop chaud, et y'a pas trop de vent.

Mauvais point: on n'a pas fait 5 km, j'ai déjà les épaules ruinées.

Vive la France !
En vrai, un drapeau breton aurait mieux donné. Mais bon, on fait avec ce qu'on a.

Certains coureurs me demandent "tu as fait l'Ecotrail" ? À ton avis gros malin, tu crois qu'il y en a quarante des débiles qui se trimballent des acoutrements de ce type ?

Arrivée dans le Bois de Vincennes. Je reste à l'affût. Des fois qu'un sanglier pointe le bout de son nez, j'ai pas envie de le rater, ce serait trop bête. Je passe devant le groupe qui, invariablement, depuis au moins 25 ans, joue du cor de chasse dans le Bois de Vincennes, donc. Je leur demande, à eux, qui semble s'y connaître un peu, dans la catégorie chasse à courre, s'ils connaissent des bons spots pour aller taquiner le cochon sauvage. Sur ce point précis, ils ne peuvent me renseigner. Mais, en lot de consolation, ils jouent, rien que pour moi (enfin pas tout à fait, ils le jouent aussi pour les autres coureurs qui continuent d'avancer pendant que moi je tape le carton avec des types habillés marrant) un morceau qui se nomme... qui se nomme... le Sanglier ! Et alors là les amis, je suis heureux comme rarement. Ils sont vraiment formidables. Mais bon, les meilleures choses ont une fin, je dois m'arracher à cette douce torpeur, la suite m'attend.

En plein effort
L'air de rien, ça pèse un âne mort, ce truc.

La suite, c'est à nouveau dans Paris. Le public est en délire. Sans déconner, j'avais été impressionné par le public au marathon de New-York l'année dernière mais là aussi, c'est du solide. Mais bon, je pense que j'ai droit à un traitement de faveur. Ce qui est marrant c'est de voir les gamins tirer la manche de leurs parents. "hé, regarde !" Et là tu vois le papa ou la maman qui tourne mollement la tête, moyennement intéressé et... "oh le con !" ...

Vers le 28ème kilomètre, je manque de complètement m'affaler sur une table de ravitaillement. Je me suis un peu trop penché. Et le menhir a commencé à m'emporter sur l'avant. Je ne sais pas trop comment j'ai rattrapé le coup, mais ça revient en place, il est à nouveau vertical. Mes épaules ? Mieux vaut ne plus y penser. Historiquement, j'ai eu une fracture de la clavicule de chaque côté. Une en 1997, une autre en 2015. Ça s'est bien remis, et je crois les médecins qui me disent qu'une fois ressoudé, c'est encore plus costaud qu'avant. Mais en est-on bien certain ? Ça tire tellement que j'ai l'impression que là, vraiment, ça va péter pour de bon. Bon allez, en route, faut pas traîner.

Ça ne passera jamais !
Problème de dimensionnement ?

30ème kilomètre, l'arche est trop basse, je dois incliner le menhir pour passer. Et voilà pour le fameux mur.

Ensuite, dans le XVIème, alors que, faut bien le dire, je commence à fatiguer, et pas que des épaules, je trébuche et manque de m'étaler, face contre terre, avec le menhir pour bien me donner l'estocade finale derrière la tête. J'évite la catastrophe et en suis quitte pour une belle frayeur. Je n'ose imaginer ce qu'aurait été le résultat. Avec la passoire en plus...

Tout de travers
Quand ça passe pas de face, en mode choc frontal, faut contourner l'obstacle. Donc maintenant on le sait, faut pas tenter de passer avec un chargement au-delà de 3m de hauteur.

Sur ces entrefaits, j'entends un type derrière moi qui me cause. Et je finis par me retourner. C'est Amir, avec qui j'étais au Marathon du Médoc. Et moi je ne l'ai pas reconnu. Faut dire, sans me retourner, c'était compliqué. On cause, on cause. C'est cool qu'il me tienne compagnie, parce que, comment dire, je marque un peu.

La suite est assez prévisible, Bois de Boulogne, avec ses grandes et interminables lignes droites. À l'entrée de celui-ci, je vois Jean-Paul et Marc (membres de mon équipe de choc à la RAAM 2018 ) et puis bon, je crois bien avoir vu Florence aussi, mais mes souvenirs sont un petit peu confus.

Je ne suis, honnêtement, pas fâché de débouler avenue Foch. Évidemment, l'arche est encore trop petite, donc je dois pencher le bazar pour passer. Petit plaisir anecdotique, je rentre sous les 5h (au "temps puce") ce qui n'est pas pour me déplaire.

Et on pourrait croire que c'est fini. Mais non, il me faut encore rejoindre la voiture (même pas la peine d'essayer de rentrer en transports en commun avec un merdier pareil) et sortir de cette aire d'arrivée, ça prend juste un temps interminable.

Bilan des courses:

  • je n'ai buté aucun romain (je suis très pacifiste ces derniers temps)
  • le type qui m'a demandé de lui livrer un menhir avenue Foch m'a bien arnaqué, j'ai fait le tour de la ville pour rien, c'est juste à côté des Champs, suffit de partir dans l'autre sens
  • déguisement et accessoire granitique validés, sur une échelle allant de 0 à 10 ou 0 c'est "chiant" et 10 "super rigolo" on doit taper un bon 9 et demi. En tous cas, de mon point de vue. Pour les spectateurs, je sais pas.

Bref, c'est vraisemblablement une de mes dernières sorties déguisées de l'année, le reste devrait être un peu plus sérieux. À court terme, j'ai quelques brevets cyclos et un 6 jours en ligne de mire.

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Mis à jour le lundi 23 septembre 2019.