Dimanche 27 janvier 2019
Comme l'année dernière, avec les collègues de Datadog on a décidé de s'offrir une petite ballade nocture sur Paris-Mantes à la marche. L'année dernière on avait tenté le coup avec Benjamin, Océane & Dorian, cette année ce sera Benjamin, Cécile et Grégory. Pour ma part je suis un dangereux récidiviste, des Paris-Mantes j'en ai fait suffisamment pour ne plus vraiment les compter. 5, 6 ? Je ne sais plus.
En tous cas, comme l'année dernière, j'ai décidé de rejoindre le départ à pied. Avec mes gros godillots. On rappelle le concept, Meindl Perfekt, ça pèse un âne mort, mais c'est trapu costaud et avec ça t'as jamais les pieds mouillés, sauf à traverser une rivière. Pour être tout à fait honnête, je les porte comme ça, parce que c'est rigolo, et ça ajoute un peu de challenge. Faut les lever, les grolles, sur la fin du parcours.
J'ai tout bien prévu et mis une trace GPS sur mon petit Garmin de poche pour aller au départ, donc. Sauf que... je m'aperçois une fois que je suis parti que je n'ai que quelques points sur la trace, genre juste les points de passage principaux façon "route" et pas "track". Je ne comprends pas, j'ai pourtant bien téléchargé la bonne version. J'éluciderai le mystère à mon retour, en fait il y a un petit bug sur OpenRunner il faut sauver le parcours puis le recharger et l'exporter après, sinon on n'a que les temps de passage.
Enfin me voilà sur la route avec une trace approximative, en soit c'est pas très gênant je suis déjà passé par là plusieurs fois mais il y a quelques passages en forêt, de nuit, où je serais content d'avoir la trace. Et puis du coup je me plante aussi en ville, du côté de Rueil je crois, car "on a l'impression que ça passe mais ça passe pas", qui un terrain de tennis fermé, qui un passage sous la voie ferrée qu'il faut aller chercher super loin, etc. Bon, je ne m'en sors pas si mal, je pense que je perds 2 ou 3 km, sur la vingtaine qu'il y a à faire, j'ai connu pire. J'arrive donc "pas trop en avance" mais suffisamment pour m'enfiler un petit burger au fast-food du coin. Moi, marcher la nuit, je sais faire, mais faut mettre du carburant dans la machine, sinon, elle cale. La machine.
Petit coup de téléphone aux collègues, on se retrouve, on est bientôt partis, on est bons !
Le départ est assez encombré, plein de monde, comme d'habitude, mais ça va, ils gèrent, en faisant des départs successifs. C'est un peu con, on part dans une des dernières vagues. C'est un détail mais je ne pense pas qu'on ait une marge énorme sur la barrière horaire, donc 10 minutes de perdues, c'est 10 minutes de perdues. Mais c'est comme ça, on n'y peut rien. J'aurais du arriver avant.
Niveau météo, ça va, j'ai connu mieux, j'ai connu pire. Un brin humide, mais pas de franche pluie, surtout, le sol n'est pas détrempé, et pas trop de vent non plus, ni trop froid. C'est un week-end triste de janvier, gris (enfin, noir, la nuit) comme il y en a tant en Île-de-France. Classique.
J'essaye de cibler un rythme de départ qui ménage la chèvre et le choux. Pas trop vite pour ne pas exploser le groupe, pas trop lent pour ne pas cumuler de la dette et se retrouver au petit jour hors délai.
Le truc, c'est qu'ils marchent bien, les collègues. Donc on file à un petit 6 km/h, modeste mais solide. Certains passages qui m'avaient parus très boueux l'année précédentes sont un poil plus secs. Bon, Paris-Mantes c'est pas du trail, mais quand même, si on a peur de se crotter les chaussures, faut pas y venir. Compter 15% de chemins, 85% de route, je dirais.
Bon bref, on avance on avance, et à force d'avancer, pif paf pouf, 1er check-point et ravito. Ça gère bien, tout le monde est sérieux, on ne traîne pas trop, et c'est reparti mon kiki. Niveau rythme, on est toujours OK, pas une marge de dingue, mais ça va, on est dans les clous. On profite de l'autoroute A13. Un coup à gauche, un coup à droite. Diable, que c'est beau.
Arrive le second point de contrôle. Là , c'est un peu spécial, car l'année dernière on avait joué aux petits malins en se moquant du bus des abandons, et Océane avait fini dedans quelques kilomètres plus loin. Donc là , profil bas, je me tiens à carreaux, restons sérieux. Je crois Gilles et Isabelle, qu'on avait vus au départ, et Isabelle a un problème de pieds. Non mais, sans déconner, est-ce bien sérieux ? Je lui prête mon petit matériel de campagne, je dois avoir un pansement, du modèle le plus basique et stupide, le machin qui s'achète par paquet de cinquante en supermarché, et apparemment elle en est contente. Je la recroiserai plus tard (note, au moment d'écrire ces lignes, le correcteur orthographique me propose de remplacer "recroisera" par "recorrigerai", et je ne sais qu'en penser) et donc, aussi improbable que ça puisse paraître, un pansement à quelques centimes a résolu le problème. Tant mieux.
Bon bref, au repart.
On arrive bientôt sur Maule. Et là , ça me revient. Bon sang mais c'est bien sûr. L'enchaînement avec :
- la descente pourrie
- le passage interminable en ville
- le fait que bon, on a quand même 30 bornes dans le gilet
- la remontée à la sortie de la ville, longue et bien prononcée
...c'est une bonne recette pour "un grand coup de mou". L'année dernière c'était Océane qui avait calé, et là c'est Cécile qui marque un peu le coup. Cécile qui d'habitude est un véritable bâton de dynamite monté sur pattes, ne dit plus grand chose, pas besoin d'être un fin psychologue pour deviner qu'elle a envie d'être ailleurs. Sauf que bon, voilà , c'est Paris-Mantes, et Mantes c'est encore à vingt bornes.
En vrai, je pense n'avoir pas été tout à fait honnête. En y réfléchissant bien. J'ai vendu "une ballade entre amis dans la forêt". Et sur le terrain elle voit "une véritable boucherie, un truc où on ne s'arrête jamais, interminable, mal aux pieds, plus de jus, et tutti quanti". Bon, moi c'est mon truc, mais je peux concevoir qu'on envisage les choses différemment.
Ceci étant, je reste convaincu qu'elle peut aller au bout, et qu'elle sera contente de franchir la ligne. D'autant que foutue pour foutue, elle a déjà mal partout et est cuite de chez re-cuite, donc quitte à être bien pourrie, autant que ça serve à quelque chose. Alors on gère. Je laisse Greg discuter avec elle, à mon avis il est mieux placé pour la soutenir, en tant qu'initiateur de la ballade, j'ai une franche part de responsabilité, et il me semble confusément que le moment est tout à fait opportun pour, par exemple, fermer ma grande gueule.
Le jour se lève, j'attendais un regain de pêche, mais bon, ça marche pas trop. On avance toujours à peu près bien, je regarde la montre, et on devrait rentrer dans les 11h. C'est symbolique. Au-delà , on ne vous expulse pas du parcours non plus, mais techniquement parlant, on est hors délai.
Valérie et ma fille Lise sont loin devant, parties sur Maule-Mantes un peu avant notre arrivée à Maule, aucune chance qu'on les rattrape.
Au niveau du dernier point de ravitaillement, auquel il n'y a pas de contrôle, je force la halte dans une boulangerie. Ouverte. Nom dou diou. Incroyable. J'y achète des viennoiseries. On s'arrête pour une mini-pause. J'essaye de convaincre Cécile d'en manger un bout. C'est pas gagné. Elle a envie de s'arrêter là . Bon moi en général je pense être un type à peu près sympa mais le concept d'abandon c'est un truc qui ne me parle pas trop. J'adopte la ligne "ah mais oui mais non mais l'arrivée c'est pas là c'est plus loin".
Un brin risqué, mais ça marche. Cécile repart.
En chemin, j'ai trouvé, sur le bord du trottoir, une vieille passoire. Je l'embarque. Elle me donne tout de suite un style inimitable. Mais je l'ai prise pour emporter, ce n'est pas un article à consommer sur place. Je me dis qu'elle pourrait bien me servir à l'Ecotrail ... À quoi peut bien servir une passoire sur un trail ? Chut, c'est un secret.
Finalement, arriver vers 11h00 c'est plutôt bien car on double plein de gens partis sur les distances plus courtes. Ça change des arrivées tout seul au petit jour. Nous goûtons avec joie les plaisirs de ce finish totalement interminable, le long de la Seine, puis en ville. Et là , coup de théâtre, Cécile nous met une mine, un truc de feu. Avec Benjamin et Greg, on a du mal à suivre. Enfin moi au moins, j'ai du mal.
Et donc c'est avec grand plaisir que je nous vois finir, à quatre, partis, à quatre. Juste avant les 11h00. Le crime parfait. Valérie et ma fille sont déjà là , tout est bien qui finit bien.
Et maintenant, en route pour l'apéro !