Dimanche 18 - mercredi 21 août 2019
Paris-Brest-Paris, PBP c'est le rendez-vous de tous les cyclos au long cours, tous les 4 ans.
J'y étais en 2011 , en 2015 et mon seul regret c'est de ne pas avoir eu l'idée d'y aller avant. J'aimerais en faire 10. En 2019, c'est mon troisième.
Que dire de cette édition ? J'y allais un peu en répétition du double déca et dans la foulée d'un triple iron donc avec du vélo dans les pattes, et une préparation en cours. Je pensais donc raisonnablement pouvoir tourner "assez vite".
Départ l'après-midi, comme à chaque fois, je prends la vague des "rapides". Pas tellement pour aller plus vite. Mais surtout parce qu'ainsi, ça évite de poser trop de jours de congés. Sur un malentendu on peut arriver à bosser dès le mercredi.
Départ cette fois-ci de la bergerie, à Rambouillet. C'est bien parce qu'il y a de la place. C'est pas très bien parce que c'est loin de tout, compliqué de se garer - faut marcher des kilomètres pour retirer son dossard - mais en vrai, sur un événement avec autant de monde, 5000 cyclos, je crois qu'il n'y a pas de solution magique.
Départ dans la chaleur, et sur des chapeaux de roue. Je discute un peu avec un gars qui connaît un ultra-triathlète. Ah oui, c'est qui ? Et ça ne manque pas, le milieu est si petit, on se connaît quasiment tous, je crois.
Dès le début, je sens que c'est un peu la forme, mais pas trop la forme quand même. J'ai du mal à rester dans les pelotons.
Premier ravito à Mortagne, rien à signaler. Et ensuite, pareil. Rien de particulier. Je commence à connaître le parcours, presque. J'y ai de bons souvenirs, à PBP. J'ai quand même, toujours un peu de mal à m'imprimer un vrai rythme. Je sens que par rapport à 2011, je suis en retrait.
Arrivé à Brest, ça ne loupe pas, je suis plutôt un peu en retard par rapport à mes espoirs. C'est le soir, et même, bientôt la nuit. Je pourrais essayer de me reposer mais il est presque trop tôt. Alors je mange mon poulet, et je décide de ré-attaquer direct. Je vais me retrouver dans les hauteurs des monts d'Arrée en pleine nuit, mais je ne crois pas que j'ai le choix
Or donc, j'attaque cette grande montée, quelques dizaines de bornes après Brest, sur le chemin du retour. Et là , énorme, grosse fatigue. Je ne tiens plus debout. Je m'endors sur le vélo. Merde.
Et je monte, je monte. Il fait froid. Je décide de m'arrêter dormir un peu, sur un banc. Puis je repars. À un moment, un spectateur, sur le bord, avec son camping-car, me propose du café. Je ne dis pas non. Je bois son café, lui raconte un peu ma vie, j'ai dormi, je suis fatigué. Il m'explique qu'il a une place dans son camping-car, pour dormir. T'es sérieux mec ? J'hésite. Mais pas trop. J'accepte l'offre. Mais il me prévient "je suis désolé, avec mon fils, on va continuer à applaudir les autres coureurs donc ça va faire du bruit, et ça va vous réveiller". Je le rassure. Quand je suis fatigué, je dors. Et puis tout de même, il faut bien qu'il encourage les autres, pendant que moi je pionce au chaud comme un vieux crevard.
J'ai bien dormi. Une heure, peut-être. Je reprends la route. J'arrive assez rapidement en haut de la bosse, la route passe près du Roc Trevezel et redescend direct. Heureusement que j'ai dormi, car même ainsi, c'est limite.
Ensuite, la route est relativement bondée, surtout dans l'autre sens, celui de l'aller. Moi, je suis sur le retour. Mais au fil de la journée, ça finit par s'étioler.
J'adore cette ambiance des ravitaillements sur le retour. Ils ont vu déferler 5000 coureurs dans un sens. Et maintenant c'est la deuxième vague, dans l'autre sens. Plus plate, celle-là , mais avec des coureurs vraiment fatigués.
À Villaine la Juhel, haut lieu du Paris-Brest-Paris (on peut raisonablement leur attributer le prix du ravito le plus sympa) je décide de dormir à nouveau. Il fait déjà nuit, et je pense ne pas être capable de refaire une nuit blanche, d'une traite. Je dors un peu mais au réveil j'ai froid. Je dois, en plus, marcher dehors assez longtemps pour récupérer mon vélo.
Je remets en selle, frigorifié. Un coureur me rattrape, j'essaye de l'accrocher. Il n'a plus de loupiottte arrière. Je lui en prête une. Il est espagnol. On se fait quelques beaux relais, mais c'est surtout lui qui tire. Au bout d'un moment, je suis à nouveau complètement cuit, je dors sur le vélo, à nouveau. Je décide de m'arrêter. Je lui dis juste de laisser ma lampe au prochain ravito, à Mortagne. D'ici là il fera jour...
Je dors sur le trottoir dans un quelconque patelin, et effectivement, arrivé à Mortagne, je récupère ma lampe. Je prends un énorme petit déjeuner, et en route !
Dernier ravito à Dreux. Je téléphone à Valérie pour lui donner une heure d'arrivée approximative. Ce sera dans l'après-midi. Après 69h15 de route. Wow, je crois bien que c'est mon PBP le plus lent.
Mais là n'est pas le sujet, c'est fini, c'est dans la poche, et ça me fait un très bon entraînement pour la suite.