CR 24h Villenave d'Ornon

Samedi 29 août 2020

OK, donc malgré cette satanée panique épidémique qui a remanié tous mes projets, le plan B semble réaliste, et ce week-end j'étais donc aux 24h de Villenave d'Ornon et je ne remercierai jamais assez Thierry Pelletier, organisateur de l'épreuve, et toute son équipe, qui ont fait un BOULOT D'ENFER. C'était juste nickel, merci les amis.

Or donc voilà, on s'inscrit, on prend le train, on arrive, on rencontre les gens, déjà là, on se met bien, et rien que ça c'était super. Bon va falloir courir quand même mais bon...

Top départ ! Je fais mon premier tour en marchant. Je ne suis toujours pas mûr pour faire 100% de la course en courant. Ce serait peut-être faisable, mais pas en reprise, là, après 10 mois (10 mois !) sans aucune grosse compétition. Donc je me suis dit:

  • pendant les 8 premières heures, je marche 10 minutes et court 1h50, et je répète
  • pendant les 8 heures suivantes, la même chose mais juste 5 minutes de marche
  • pendant les 8 dernières heures, que de la course.
La marche, ça marche
En bonne compagnie avec Annette, un petit tour de marche.

Si vous faites le calcul ça fait juste 60 minutes de marche en tout. Admettons que je marche à 5 km/h et court à 10 km/h, ça me fait juste "perdre" 5 km. En vérité on perd moins car la marche repose un peu et on repart plus fort. C'est ce genre de "truc" qui me permet de ne jamais avoir besoin de m'asseoir sur une chaise. Je me repose en marchant. Par ailleurs le vrai objectif ce sont les 6 jours de Hongrie trois semaines plus tard, donc bon, marcher un peu c'est pas hyper déconnant.

À ce sujet, mauvaise nouvelle avant le départ, il semblerait que la frontière hongroise soit fermée à partir du 1er septembre. Je garde espoir, mais c'est vrai que ces 6 jours ont l'air compromis. On verra bien. Au moment où j'écris ces lignes, la messe est dite, les 6 jours ont été annulés.

La Légende
Jean-Gilles Boussiquet, indéboulonnable. Sourire et casquette, on ne change pas une équipe qui gagne. Si vous ne le connaissez pas, cherchez sur Google. Comme le disent les articles putaclic "la suite va vous surprendre"...

Enfin bref je pars donc en marchant. Alors que d'autres partent... Hum... Comment dire... Ça faisait longtemps que j'avais pas vu un départ canon comme ça. Ça file à 14 voir 15 km/h, et ça sautille et ça bondit et wow, c'est pas ma tribu ça. Donc deux choses, soit ils sont très, très, très forts. Soit ils vont se prendre un mur, le genre qui fait PANG au bout de 50, 100 ou 150 km, c'est selon. Ce n'est pas mon affaire, je fais ma course.

Je profite de ce tour marché pour discuter avec Jean-Gilles Boussiquet, ce n'est pas tous les jours que c'est possible, j'en profite. Et j'adore sa casquette. Si vous ne connaissez pas Jean-Gilles, son histoire, son talent, vous ratez quelque chose. Sa fiche sur D-U-V est impressionnante mais c'est surtout le bonhomme, qui est incroyable. Bon bref, je me fais plaisir et échange quelques mots, voilà c'est tout.

Foulée rasante
Parmi les petits trucs de rien du tout qui aident à aller loin, la foulée rasante, ça fonctionne plutôt bien.

Et puis je commence à courir. Même en courant je me fais enfumer au classement, quelque chose de mignon. Ensuite les 3 heures prennent le départ. Là ça va vraiment vite sur la piste. Je commence à regarder ce qu'il y a au ravito. Comme un con j'ai "oublié" de lire le menu affiché sur un poteau juste devant les tables. L'idée est qu'on peut commander tout ce qui est écrit sur le menu, on le demande aux bénévoles, et ils remplissent notre "case" personnelle de 30x30cm avec ce qu'on veut. Par exemple je dis "pour le 2428 du coca, des cacahuètes et une banane" et au tour d'après, devinez quoi ? J'ai un coca, des cahouètes et de la banane. C'est juste mortel. Ça doit leur demander une énergie de dingue, mais au moins c'est compatible COVID-19 et le préfet est d'accord. Moi du moment que tout le monde est content et que j'ai à manger, je suis un homme heureux.

Il y a du beau monde sur le circuit. Fabrice Puaud, avec qui il faudrait que je fasse un 6 jours un de ces 4. Fabrice, que j'avais déjà croisé à mon premier 24h en 2009 à Brives mais depuis, je crois qu'on n'avait jamais couru ensemble. On trouve aussi Patrick Pierre, Bernard Bouliteau, les Pallaruelo (Gilles et Angel, deux pour le prix d'un), Jimmy Boubakeur, Nicolas Soubies (vous avec remarqué qu'il a le même prénom que Sarkozy ?) et plein d'autres que j'ai oublié de mentionner et j'espère ne m'en voudront pas. Et dans les spectateurs, Bob Miorin, Val Mente, et Alain David. Idem, si je vous ai oublié, ne m'en voulez pas, ou plutôt si, tenez-moi en rigueur et bon en discute autour d'un verre ou d'un circuit la prochaine fois.

Voir des gens.

Je crois que c'était ça le truc. Vivre, rencontrer du monde, être dehors, prendre le soleil, la pluie, le chaud, le froid, en bonne compagnie. La vie quoi. Vous l'aurez compris, je ne suis pas un grand fan de la psychose actuelle sur les maladies. Si je devais attraper un quelconque virus, je crois que je l'aurais déjà attrapé dans une piscine au Mexique donc je ne risque plus rien. Évidemment, je fais attention aux autres, et je respecte scrupuleusement le protocole mis en place par l'organisation. Pas de blagues.

Valérie
Valérie qui renoue avec la compétition et va nous sortir un très beau 140++.

Je discute un peu avec des marcheurs du 3 heures. Oh les gamins ils vont aussi vite que moi en courant mon salaud ! Et en début de course en plus. Diable, ça rigole pas. Ensuite on a une petite heure tranquille sans personne, et ça rempile avec le 6 heures. Sainte Marie mère de Dieu, je reconnais cette foulée ! C'est évidemment Stéphane Ruel. Il avance, le bougre. Je serais incapable de faire des temps pareils sur 6 heures. Faut vraiment que je travaille un peu ma puissance, je déconne. Non pas que je puisse rattraper Stéphane, il est définitivement devant. Mais un petit peu de travail de vitesse ne me ferait pas de mal. Bon bref, c'est un avion.

Une autre personne m'interpelle sur le 6h, il s'appelle Ray. Et vous savez quoi, ce n'est pas tous les jours que ça m'arrive, cet homme de bon goût connait Liquid War alors si ça c'est pas une coïncidence, je n'y connais plus rien. Il est très sympa, j'essaye de discuter un peu, mais il est sur un rythme de dingue pour moi, il finira 3ème de sa course. Excellente rencontre.

J'essaye des nouveaux trucs côté bouffe, à un moment je vois Angel commander des pâtes jambon fromage. Je demande "moi pareil". C'est délicieux.

Je commence à regarder un peu le classement mais c'est pas très pratique, je peux juste connaître ma position quand je passe, mais impossible de savoir qui sont ceux devant, ni s'ils sont loin, ou près ni quoi ni qu'est-ce. Bon tant pis. C'est un peu ça de venir sans assistance, on fait avec les moyens du bord, et c'est très bien comme ça. Attention, je ne suis pas venu seul ! Je suis venu venu avec mon épouse Valérie mais elle court aussi. Elle espère battre son record personnel et aller taper les 100 miles (161 km). C'est dans ses cordes je pense, mais pour cela il faut faire un "sans fautes". C'est compliqué, de faire la course parfaite.

À un moment d'ailleurs, elle fait une légère hypoglycémie, mais elle gère ça comme une chef, elle ralentit, s'arrête un peu, s'alimente, bois un coup, et paf ! Ça repart. D'autres auraient jeté l'éponge. Bon boulot, je suis fier d'elle.

À un moment, le 6 heures se termine, et ensuite vient le 12 heures. Nous, on est, justement, aux alentours des 12h. Dans ce 12h, on retrouve la famille Ségui, Gérard et Virginie. Elle prépare le Spartathlon. J'espère que la course aura lieu. C'est en dehors de notre contrôle. Mais en tous cas bravo à Gérard d'avoir réussi à maintenir les 6 jours de France car ça n'a pas du être simple.

Ah et oui, j'allais oublier, l'organisateur nous avait demandé si on avait des préférences niveau musique, avant la course. Et là paf, je suis tout content, v'la t'y pas que mes tubes préférés passent à la sono. J'entends d'ailleurs un nouveau titre de mon groupe favori, Shaka Ponk, et je ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous -> Funky Junky Monkey. À écouter sans modération.

Niveau kilométrage, j'ai noté environ 10h20 pour 100km, et 115km environ aux 12h. Mais c'est peut-être faux, apparemment il y a eu une correction de kilométrage en route. Bon on s'en fout, un peu plus de 100 bornes aux 12h, c'est bien, et puis c'est tout. Je suis bien en ligne pour un solide 200, maintenant faut finir le boulot. Là réside toute l'astuce du 24h, arriver aux 12h pas trop cramé, mais avec suffisamment de kilomètres au compteur car c'est a priori impossible d'accélérer sur la seconde moitié.

Niveau classement, nom de Zeus je viens à peine de passer 4ème je crois, je suis 5ème depuis assez longtemps mais je ne comprends pas qui peut être devant... Il y avait bien Jimmy, qui est parti très vite, mais il a lâché l'affaire à environ 80 bornes je crois, donc il est derrière c'est certain. Alors il y a bien ce coureur super rapide que je vois me reprendre un tour souvent, et ça c'est Patrice, il est certainement devant. Il y a aussi ce coureur sautillant et super dynamique, ça c'est Alexis je crois, mais je n'ai aucune idée de son classement. Devant pas devant ? Et pour les autres, je ne vois pas. Assez bizarrement, je n'ai pas du tout remarqué Pascal, qui est pourtant premier depuis longtemps, et le restera assez longtemps. Fabrice, qui a fait un carton aux 100 miles de France la semaine précédente, marque quelques (!) signes de fatigue. Sans blague.

Bon mais quel que soit le classement, je m'en fous, il n'y a plus qu'une chose à faire, avancer. Sur la papier j'avais prévu "plus aucune course, de la marche jusqu'à la fin", mais en vérité, il faut bien que je m'alimente, et donc 5 minutes en marchant, toutes les deux heures, pour ingurgiter une purée, c'est pas déconnant.

La nuit
OK j'ai un petit peu douillé pendant la nuit, ça n'a pas toujours été facile. J'ai bien tenté de revenir sur Pascal, mais je manquais un peu de coffre. Aïe caramba.

Pour la nuit, j'ai mis mes écouteurs de compétition, boum boum boum je suis en mode boîte de nuit. C'est assez efficace. J'appuie assez fort entre minuit et 3 heures du matin je crois. Aux ravitaillements, je suis essouflé au moment de commander qui un coca, qui des tucs. Une bénévole me dit "Christian, vous nous faites peur". Ha ha, t'inquiètes Madame, je ne vais pas vous claquer dans les doigts, et puis c'est une course après tout hein, merde, on a bien le droit de forcer un peu !

Je finis, péniblement, à me hisser à la seconde place. Là c'est bon j'ai identifié le classement. Devant moi Pascal, et derrière Patrice. Pascal me dit à un moment qu'il a un record personnel à 209 km, et vise juste ça, pas davantage. Mec, prends-moi pour un jambon, au moment où je vais venir te gratter, tu vas lâcher la première place ? J'espère bien que non ! Et de fait, son accompagnateur le booste bien comme il faut, et il nous fait du super bon boulot le Pascal, il terminera à plus de 230 bornes. J'ai bien essayé de le rattraper, mais rien n'y fait, il est trop fort. Je m'arrête moins souvent que lui, mais niveau allure de course, il me met la grosse misère. Et encore, pas autant que Patrice, derrière, qui lui avance vraiment super fort. Mais il fait de grosses pauses, donc ça compense, et je creuse doucement l'écart avec lui. Disons que, s'il avait couru tout le temps, il aurait fait 260 ou 270 km... Après c'est comme ça le 24h, quelle que soit la technique, à la fin ce qui est compliqué c'est de faire monter le compteur.

Et enfin, le jour se lève. Il reste 2 ou 3 heures à peine. L'écart entre moi et le premier est de 9km, et avec le second 5km. Bon, ça devrait rester stable, sauf si l'un d'entre nous explose, mais ça paraît peu crédible. Il faut juste finir ;) Il me reste une petite botte secrète pour me motiver sur la fin: la sélection pour le Spartathlon c'est, de mémoire, 225km. Or ça se tente je suis passé à 216 à 23h00 de course, donc il faut faire du 9km/h, c'est faisable. J'appuie donc sur le champignon et j'ai cette petite satisfaction d'y arriver donc sauf grosse erreur d'appréciation, j'ai mon ticket d'entrée. Et aussi, j'ai battu mon record personnel, et ça c'est cool.

Je félicite Pascal pour sa première place, il a géré, c'était superbe.

Valérie n'a pas atteint les 100 miles mais elle a tout de même fait une très belle couse, avec plus de 140 bornes à la fin. Elle est toujours restée dans la course.

Et encore une fois, le plus important c'était d'être là, dehors, avec des gens, ceux qui vivent par procuration derrière un ordinateur n'ont rien compris. Je veux dire, j'adore ça, les ordinateurs, c'est mon boulot, l'informatique. Mais il y a un temps pour tout, et un être humain ça bouge, ça transpire, ça crache, ça pète, ça court.

La suite ? Ah, vous m'en direz tant... Je devais aller à L'Infinity Trail de l'Île d'Aix le 22 Octobre mais ce dernier a été annulé. COVID-19, si tu m'entends... Mais grâce à un concours de circonstances tout à fait fortuit j'ai pu me rabattre sur la finale du backyard ultra, le Big Dog qui aura lieu cette année non pas uniquement au Tennessee mais un peu partout dans le monde, en simultané. En ce qui me concerne je serai avec 15 français au départ à Saint Laurent du Pont, le 17 octobre. Le concept sera simple : 6,7 km toutes les heures, le dernier homme (ou la dernière femme !) debout a gagné. Simple, efficace, pas de chichis.

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Mis à jour le jeudi 17 septembre 2020.