La naissance d'Adèle

Adèle est née le 18 janvier 2004. Sa naissance était prévue pour le 14. Oh, cela ne m'a pas étonnée, ma mère comme ma grand-mère avait accouché après terme. Une anecdote amusante concernant ma grand-mère : elle a eu quatre enfants, ce n'était pas encore l'époque des échographies. Et chaque fois, le bébé se faisait attendre, le médecin s'inquiétait, s'impatientait. Qaund elle a été enceinte du quatrième enfant, elle a menti de 2 semaines sur la date de ses dernières règles. Et ainsi, enfin, le médecin ne s'est pas inqiété pour un post-terme !

J'attendais donc sereinement. En préparation à l'accouchement, les autres mamans craignaient une prématurité. L'une d'elle attendait des jumeaux. Une fois, légèrement, sans inquiétude à vrai dire, je demande s'il existe également des risques pour un bébé après terme. Je suis tombée des nues en apprenant que oui. Il était nécessaire de vérifier qu'il n'y avait pas de souffrance foetale.

Et en effet, mon terme est arrivé. A partir de ce jour, je devais me rendre chaque jour à la maternité pour un monitoring et parfois une échographie. La sage-femme était très sympa, mon col bien ouvert. Chaque jour elle m'annonçait que je serais certainement en salle d'accouchement à l'heure de mon rendez-vous.
Et le chat revint, le lendemain matin
Le chat revint, le fait est et certain
Nul ne saura ni comment ni pourquoi
Mais dès le lendemain le chat était là

Bref, la sage-femme a tenté de me faire accoucher par beaucoup de moyens, et moi aussi. Il y a eu le décollement de membrane. Ce n'est pas agréable, même si je n'ai pas non plus trouvé cela douloureux. Par contre, ce fut inutile. Et puis la méthode du déclenchement à l'italienne. C'est bien plus agréable ! C'est simple, le principe est de considérer que les Italiens sont connus pour être de bons amants. Et que le sperme et les contractions lors de l'amour peuvent être des déclencheurs de l'accouchement. Le papa est donc mis à contribution pour faire venir l'enfant. Bon, ça n'a pas marché non plus.

Mon col était donc un peu ouvert, depuis longtemps. Les membranes entièrement décollées. Et le bébé restait dans mon ventre.

Le dimanche 18 janvier, nous nous rendîmes à l'hôpital pour accoucher. A l'hôpital d'Argenteuil, on déclenche l'accouchement de façon médicamenteuse s'il n'a pas eu lieu cinq jours après terme. Nous étions quatre jours après et c'était dimanche. Ca y était, j'en avais marre d'attendre.

Nous sommes donc allés à pied à l'hôpital - si la marche pouvait déclencher l'accouchement ! Et j'ai sonné au visiophone de la zone de naissances.
- Je viens pour accoucher.
- Vous m'avez l'air bien pimpante pour cela !

Examen du col, monitoring... Pas de souci, je ne suis pas en train d'accoucher. Y a-t-il des chances pour que j'accouche bientôt ? D'après la sage-femme, je peux encore attendre une journée si je le souhaite, mais elle ne voit rien venir. Non, j'en ai marre. Et puis c'est dimanche, Christian ne travaille pas. Je demande la perfusion d'hormones pour le déclenchement. Il est 9h30 du matin, j'ai pris un bon petit déjeuner contrairement aux recommandations, j'ai un bon livre et Christian aussi. Nous sommes prêts.

Et voilà donc l'attente qui commence. Je demande rapidement la péridurale. Je n'ai pas mal, mais l'anesthésiste est dans le service, et j'ai peur d'avoir mal plus tard. Je ne sentirai donc rien. Je vomirai, j'aurai soif. J'ai redemandé du calcium dans l'après-midi uniquement pour avoir un verre d'eau !

Ce fut une grande journée d'attente. J'ai eu le temps de savoir qui était le meurtrier de mon roman policier. Christian a prévenu par téléphone nos parents et les futurs parrain et marraine. Il était près de moi sauf quand il partait téléphoner, manger. Ce n'était pas grand chose, mais c'était beaucoup.

La journée avançait. Six écrans montraient les monitorings des six salles d'accouchement. Nous avons vu les courbes devenir plates, entendu les nouveaux-nés crier. "Tiens, la dame de la salle 4 a accouché." Il y a une dame qui a énormément crié. La sage-femme m'a dit ensuite qu'elle n'avait pas été suivie et n'avais évidemment pas fait de préparation à l'accouchement. Elle le regrettait vivement.

Nous avons vu des courbes se bomber à nouveau. "Tiens, ils ont posé un nouveau monitoring en salle 4"... Puis vers 20h, j'étais la seule encore présente en salle.

Malheureusement, ça n'avançait pas beaucoup. Mon col s'ouvrait, le bébé allait bien. Mais bof. La sage-femme était là depuis neuf heures du matin. Elle m'a proposé d'esssayer de pousser. Elle aurait souhaité voir le béb avant la fin de son service, à 21h. Mais ça n'a pas été possible.

Vers 21h, nous nous sommes sentis un peu moins seuls : une courbe de monitoring se réveillait dans une salle voisine. Mais ça n'a duré qu'une petite demie-heure. J'ai entendu le bébé en pensant : "Déjà !". Deux mois plus tard, j'ai rencontré une dame à la PMI. Elle m'a dit que son bébé avait environ le même âge que le mien.
- Il est né quand ?
- Le 18 janvier. Ca s'est très bien passé. Il est arrivé rapidement.
- Il est né à 21h30 ?
- Oui, comment le savez-vous ?

Enfin vers 22h la sage-femme de nuit a annoncé que la descente s'amorçait. Elle avait l'air bien partie, alors elle m'a proposé de faire cette naissance à trois : elle et nous. L'autre sage-femme venait vérifier de temps en temps derrière une lucarne qu'il n'y avait pas besoin d'elle.

Ce fut donc très intime. Mon problème était double : je n'avais pas assez mal en haut et trop mal en bas. Il a fallu diminuer le dosage de péridurale, mais malgré cela, je ne sentais pas mes contractions. La sage-femme devait donc me prévenir quand pousser. Mais je poussais bien, le bébé descendait. Et voilà que j'avais trop mal en bas. Je n'avais pas retenu que la péridurale n'anesthésiait pas cette douleur : la tête du bébé qui écarte le passage ! J'ai voulu plusieurs fois serrer le vagin et faire remonter le bébé ! Je ne pensais qu'à cela. A chaque fois que je poussais, la tête prenait plus de place. Je disais : "J'ai mal, là, et là." Christian m'a dit ensuite qu'il voyait à la tête de la sage-femme à quel point c'était normal.

Enfin, la tête est passée. Ne restaient que les épaules. Bon, ça je me souvenais de la préparation : on les sent un peu, mais ce n'est rien comparé à la tête. Oui, sauf que moi je les ai senties, ces épaules. Et ce qui m'a retenu de faire remonter le bébé c'est de penser que la tête était fixée dessus. Une épaule, puis une autre. Comme deux petites têtes supplémentaires...

La sage-femme était très satisfaite d'avoir évité l'épisiotomie, d'avoir pu réaliser cet accouchement dans l'intimité. Je ne me suis rendu compte qu'après coup de la chance que nous avions eu en effet.

Le bébé était sorti. Christian a coupé très naturellement le cordon, ce qu'il ne pensait pas faire a priori. Naturellement, sauf que c'était plus dur qu'il ne s'y attendait ! Le bébé est venu sur mon ventre.

Etait-ce une fille ou un garçon ? C'est Christian qui a regardé le premier, mais je me souviens aussi de mon émotion lorsque j'ai vu cette grosse zézette. C'était donc Adèle. Le petit bracelet Edouard pouvait être mis de côté.

Un gros câlin à ce bébé nu, une émotion intense. Adèle était belle et étonnamment propre. Elle a fait ses examens sous le regard d'amour de son père, puis a tété sur mon sein. Il était minuit maintenant et nous commencions notre vie de parents.

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Mis à jour le jeudi 25 janvier 2007.