Lise est née le 23 avril 2005. Pour les amateurs de chiffres, il s'agit d'une jolie suite : 23/4/5. Elle était attendue pour le 19 mais comme sa soeur ainée, elle n'était pas pressée.
Je me souviens bien de la fin de ma grossesse. Dès le septième mois, mon gynécologue m'a annoncé un col ouvert. Je devais me ménager, prendre garde à la prématurité. Je n'y croyais pas trop mais lui m'assurait que ce n'était pas la même grossesse. A partir de là, c'est devenu une blague entre nous : il me fixait le rendez-vous suivant en m'affirmant
- Mais vous aurez sans doute déjà accouché.
La dernière fois, j'ai même constaté qu'il m'avait placé en surbooking. Quand il m'a vu dans la salle d'attente, un "Encore vous !" avec un grand sourire m'a accueilli.
Et forcément, le terme est arrivé. Mais pas le bébé. J'étais repartie pour les monitorings quotidiens. Dans ma tête, tout était clair : le bébé naitrait le dimanche suivant, parce que j'aimais bien cette date. Je me ménageais donc en attendant le dimanche, sans me presser.
Le samedi, je décidai donc d'aller à l'hôpital en voiture pour mon contrôle. Pour ne pas déclencher l'accouchement. Je m'installe sur le lit, la sage-femme observe mon col.
- Il est bien ouvert.
- Oui, sans doute. Eh bien au revoir et à demain.
- Mais non, je vous dis que votre accouchement va avoir lieu !
Alors je lui explique que ce n'est pas possible : j'avais prévu d'accoucher demain. Mon mari garde ma fille à la maison, ma mère devrait venir s'en occuper... Oui, sans doute, mais la sage-femme me confond avec ses arguments : je ne peux pas prévoir mon accouchement ainsi, on va appeler mon mari, ma mère aura le temps de venir s'occuper d'Adèle.
Et me voilà finalement transférée vers la zone des accouchements. Malgré tout, je ne suis pas réellement en travail et l'accouchement doit être déclenché. Persuadée que Christian arrivera bien vite, je demande immédiatement la perfusion d'hormone. Et là, pour la première fois de ma vie, je commence à sentir des contractions. Et je suis seule !
Mon gros regret pour la naissance d'Adèle avait été de ne sentir aucune contraction. Je souhaitais tellement ne pas avoir mal que je n'ai pas senti de travail du tout. J'étais donc inquiète pendant toute cette fin de deuxième grossesse : qu'est-ce qu'une contraction ? Saurai-je reconnaître le travail ? Je souhaitais aussi accompagner mieux la descente du bébé, en sachant quand pousser plutôt que de le faire sur ordre. J'en ai donc parlé à la sage-femme. Je demanderai la péridurale au plus tard. Mais si je ne l'ai pas encore demandée et qu'elle pense que c'est le dernier moment pour la faire, qu'elle me le dise.
Elle m'annonça donc que désormais, si je voulais la péridurale, c'était le dernier moment. J'étais justement sur le point de l'appeler pour la lui demander. Le plus long quart d'heure de la journée fut celui pendant lequel la perfusion était déjà posée mais ne faisait pas encore effet. Avant, je supportais bien la douleur, puisque j'écoutais mon corps pour connaître les contractions. Mais maintenant, je n'en voulais plus, j'étais appareillée pour, et elles persistaient !
Heureusement, Christian était arrivé juste avant l'anesthésiste. L'attente de mon amoureux avait également été éprouvante. Seule dans ma salle, j'avais senti mon corps. J'avais suivi l'heure avancer. Et Christian n'arrivait pas. Seule dans la salle, j'ai fondu en larmes. Quand la sage-femme est entrée, elle m'a trouvée effondrée, demandant mon mari comme un enfant demande son doudou. Elle est immédiatement allée se renseigner pour savoir quand il arriverait : il était en train de mettre son bonnet et ses surchaussures à cet instant !
J'avais donc mon mari, ma péridurale. J'étais prête. On m'a changée de salle. Pourquoi ? En tout cas, cela a permis à Lise de venir au monde exactement au même endroit qu'Adèle !
Lise est venue très vite. La tête est passée. Ca a fait mal, mais cette fois-ci, je le savais. Puis la sage-femme m'a annoncé qu'il n'y avait plus que les épaules à passer. Je n'ai pu réprimer une réplique ironique : "Ah mais oui, les épaules, on sait bien que ce n'est presque rien !" J'ai poussé un coup et elle m'a répondu : "Ca y est". Je n'en revenais pas, je n'ai pas senti les épaules passer, ou si peu.
La magie eut lieu ensuite quand la sage-femme me proposa de faire sortir moi-même le bébé et le tenant sous les bras. J'ai pris ce petit être et l'ai amené contre moi. Je l'ai réellement mis au monde.
C'était une fille, une jolie petite fille que j'ai serré contre moi. Je crois d'ailleurs que je lui ai fait un câlin avant de savoir son sexe. J'ai voulu la mettre sur mon sein, mais ça ne l'a pas intéressée immédiatement. Elle a bu après ses examens, au bout de quelques minutes.
Le placenta ? Je ne me souviens pas l'avoir expulsé. Pourtant la sage-femme m'a dit qu'elle me l'avait même montré !
Lise est née en début d'après-midi. Adèle est venue la voir le jour même.