Bientôt le GRR

Mercredi 13 octobre 2004

Bon, ben pas de panique mais quand même la pression monte.

Ceci maintenant la préparation est finie. L'entraînement est derrière. D'un côté c'est bien car ça s'est plutôt pas mal passé, d'un autre côté je me dis que j'aurais peut-être du faire ça ou ci ou autre chose. Mais maintenant c'est trop tard!

Ce midi je me suis tapé mon parcours habituel d'envion 10km en un peu moins de 40 minutes. J'ai la patate, c'est sûr. Il y a 10 jours j'ai fait 30km le matin, 31km le soir, avec sac-à-dos, même pas fatigué (ou presque). Le trail du Condroz s'est très bien passé, bref, je ne pourrais pas rêver mieux. J'ai fait moult sorties avec le sac-à-dos, parfois la nuit, dans les bois, pas de problèmes. Je n'ai eu aucune blessure à l'entraînement, pas de soucis particulier, rien vous dis-je, tout baigne. J'ai préparé mon matos, les vêtements, les piles, je sais quoi manger, comment ranger mon sac, j'ai (presque) tout prévu.

Malgré cela, petite montée de stress. 140km, 8100m de D+ c'est énooooorme! Je vais caler à Cilaos, c'est sûr. Pourquoi me suis-je embarqué dans cette galère? Mes jambes vont me lâcher, mes tendons d'achile se couper en 2, mes chevilles se plier, je vais louper un virage et tomber dans le ravin, je vais finir en hypoglycémie incapable de finir à 10km du but, je vais craquer et rendre mon dossard à un bénévole au bout de 3 heures de course. Bref, la traditionnelle pétoche d'avant course, classique.

Bon, allez maintenant de toutes façons faut y aller, donc, voici mon plan de bataille.

Avant le départ: ne pas rater le départ, objectif number one. Objectif secondaire: ne pas oublier la moitié de l'équipement.

1er quart, du départ jusqu'à "Oratoire Ste Thérèse 37km 2767D+": cool Raoul! Pas de folies, rythme "ballade". Surveiller le cardio et essayer de viser autour de 130. Au pire je tolèrerai du 150 mais pas longtemps. L'idée est de voir un peu ce que ça donne. Au bout de 3 ou 4 heures je suis censé avoir encore une banane d'enfer, être frais comme un gardon. C'est jouable, ça paraît crédible mais faut pas déconner quand même. Attention à la tentation de doubler du monde au début pour "ne pas être gêné". Ca paraît tentant mais je pense que c'est une mauvaise idée. Autant rester tranquille à l'arrière, faire connaissance avec d'autres raideurs pendant qu'il me reste des neurones, les kilomètres (horizontaux et verticaux) n'en passeront que plus facilement et sans laisser de traces. Penser à bien boire. Prendre du sucré tout de suite.

2ème quart, jusqu'à "Cilaos 67,2km 4044D+": ambiance sortie longue en entraînement. L'idée est de ne jamais dépasser un rythme d'entraînement typique de mes sorties longues. Ne pas s'emballer, mais ne pas non plus hésiter à passer devant si ça lambine. Réciproquement, si ça va trop fort, ne pas essayer de suivre. Coller à mon rythme rien qu'à moi, faire comme si j'étais seul. Boire boire boire. Manger. Ambiance prevue: soleil qui cogne très fort. Boire boire boire.

Ravitaillement Cilaos: ne pas boire la piquette locale même si elle est excellente et même si j'arrive à l'heure de l'apéro! Plus sérieusement, faire un bon gueuleton, essayer de repérer si mon fan club est là pour ne pas le décevoir, et si besoin me changer. Pas sûr que ça me serve de me changer c'est quelque chose que je n'ai jamais essayé et j'aime pas essayer des trucs nouveaux en course. Idem pour les massages, si ça prend 5 minutes et que je sens que j'en ai envie (peu probable, j'ai une sainte horreur des massages, horreur qu'on me tripote) j'y vais, sinon je passe ma route. Hop. Ne pas traîner. Manger et basta on ze road again. Eviter de goûter trop au confort du ravito, ça pourrait être fatal.

3ème quart, jusqu'à "Deux-Bras 104,5km 6346D+": c'est là que ça commence. Ecouter où est-ce que ça pourrait lâcher et prendre les mesures. Manger si je sens que j'ai plus de jus, petit dodo si je dors en marchant, boire, gérer les pieds, bref, passage en revue de la mécanique. J'arrive là en terrain inconnu car je dépasserai les 15h de course (temps à Embrun) donc prudence. Ceci dit je ne me fais guère d'illusions, je serai cuit à ce stade. Donc plus besoin de me "limiter" en me forçant à aller lentement. Lâcher les chevaux, à savoir pas grand chose, et laisser filer. Question climat et météo je prévois dans ma tête: nuit, vent (à décorner les boeufs), pluie (seaux d'eau glacés), chemin en pente à 30% qui glisse, dangereux, avec ravin de 600m sur le côté, et balisage approximatif. Si jamais ça ressemblait à autre chose j'aurai une bonne surprise 8-) Ne pas oublier de boire et manger.

4ème quart, jusqu'à l'arrivée: y'a pas moyen, faudra sortir la "botte secrète", le "coup spécial". Sur le papier, aucune chance que ça passe facile, dans la réalité, aucune chance non plus. Ne pas tenir compte de là ou ça fait mal, ne pas réfléchir aux conséquences de quoi que ce soit, bourriner comme une brute avec un seul et unique objectif en tête: finir. Faire appel donc à ce je ne sais quoi qui se cache en moi et qui devrait me pousser irrésistiblement vers la ligne d'arrivée. Boire et manger encore et toujours, et faire super gaffe à ne pas perdre le parcours de vue, avec la fatigue et l'étirement du peloton ça peut devenir fatal. Attention, ne pas confondre "les 35 derniers kilomètres" avec un sprint final. 35km c'est très long, surtout quand ça monte. Aussi, essayer de faire bonne impression aux ravitos, pour éviter d'être cloué au stand par un médecin juste parce qu'on donne l'impression qu'on va rendre l'âme dans 500 mètres.

Arrivée: ouf.

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Mis à jour le jeudi 05 mai 2005.