Dimanche 6 février
Le maxi cross de Bouffémont est un OVNI dans le paysage du trail. On dirait un peu une course des années 80 qui aurait oublié de vieillir. J'y étais en 2019 et en 2016 , et là en 2022, j'y reviens avec grand plaisir.
Sur le papier, ça n'a pas l'air très crédible. 42 km, 1900 mètres de D+. En région parisienne. Ben voyons. Presque 2000 mètres de dénivelé positif. Et la marmotte avec le papier d'alu ? Le truc c'est : les 1900 mètres, ils y sont. Ça monte, ça descend. De temps en temps c'est plat, mais pas si souvent, et on s'amuse beaucoup. Les deux premières fois que j'y ai participé, je me suis copieusement cassé la gueule.
Alors quoi de neuf cette année ? Déjà , grosse déception en arrivant... il y a un 55 km, et je ne suis pas au courant ! Bon sang de bois, c'est quoi ce bordel ? En cherchant un peu, je m'aperçois que ce 55 km c'est un peu "la cerise sur le gâteau", ils ont ouvert les inscriptions récemment. Au moment où je me suis inscrit, c'était pas au catalogue. Il fallait être sur les réseaux sociaux pour être au courant. Je crois bien que je ne suis pas assez connecté. Je suis déçu mais je me fais une raison, 42 km c'est déjà pas mal. En plus j'ai une après-midi crèpes prévue juste après, et le 55 km m'aurait certainement mis en retard. Bon bref, c'est mieux ainsi.
Toujours est-il que même sur le 42 km, ça va être compliqué car l'organisation ne trouve pas mon dossard. Bon, ça va s'arranger me dit-on, un gars très sympa (oui Romain c'est de toi que je parle) s'occupe de mon cas. Et finalement le coureur qui avait pris mon dossard par erreur se pointe au retrait, il s'est trompé, il souhaite échanger, je récupère mon numéro officiel, tout est bien qui finit bien. Par effet de bord j'ai attendu 40 minutes à l'intérieur du gymnase, plutôt que de me peler le jonc dehors. Bien joué, j'aurais voulu le faire exprès, j'aurais pas réussi.
Je pars donc à 7 heures pétantes. Il fait nuit. Une année j'avais oublié ma frontale. Cette année, je l'ai. Le peloton est très dense, et il y a forcément un petit passage à la con où seule une personne passe à la fois, et donc ça bouchonne. La rançon du succès, on va dire. Mais ça ne dure pas si longtemps, assez rapidement ça s'étale et au lever du jour vers 8h00 il n'y a plus de problèmes, tout roule. On voit toujours du monde devant et derrière, mais il y a suffisamment de place sur le chemin.
Niveau vêtements j'ai misé sur une magnifique veste de la Protection Civile du Val d'Oise histoire de porter haut nos couleurs. Je ne fais donc pas partie du dispositif prévisionnel de secours (DPS pour les intimes) et si quelqu'un se pète une cheville, faudra pas compter sur moi ! Enfin si mais bon, pas officiellement.
Je me traîne un peu sur ce début de parcours. J'ai du mal à me rentrer dedans. Je réfléchis et me dit que sur le 55, il y a une barrière au km 35 où il fallait donc, arriver en moins de 5 heures. Soit une moyenne de 7 km/h. Je me dis que logiquement, il faut que je sois au moins à 7 km/h, histoire de me dire que si j'avais été sur le 55, j'aurais fini dans les délais. Bon bref on s'en fout un peu j'y suis pas sur le 55, mais pour faire court : il faut que je finisse en moins de 6 heures, sinon c'est pas bien.
Je suis à peu près correctement entraîné, bien que ces derniers temps, je fasse surtout du vélo, en préparation de la RAAM. Le truc gênant, c'est que j'ai accumulé du gras, et je dois faire quasiment 90 kg. J'ai peu perdu depuis le Marathon de Cernay mais bon je reste bien lourd. Je sens aussi qu'en descente, c'est pas fou fou. Pourtant cette année le parcours ne glisse pas. C'est beaucoup moins gras que ça peut parfois l'être, il y a eu 3 ou 4 passages un peu scabreux mais c'est tout, la plupart du temps ça passait crème. Mais bon, je ne suis pas un descendeur, alors bon, on fait avec.
Premier ravito : le constat est clair, tout est parfait. Je suis parti à vide, sans sac, sans poche à eau, avec juste 3 ou 4 barres au cas où je fasse une hypoglycémie, mais là il y a tout ce qu'il faut. Eau, coca, chips, madeleines, c'est ni-ckel. Un coureur mal embouché se plaint "le salé, pas terrible !". Il a pourtant un paquet de chips dans les mains. C'est quoi son problème ? S'il veut de la terrine de porc à la truffe et au roquefort, fallait pas venir ici, c'est un cross, pas un stand de dégustation de produits du terroir.
Je récupère un paquet de chips à moitié fini dans la poubelle, et m'en régale. Niveau gestes barrières, c'est OK, je ne mets personne en danger. Au contraire, ça évite qu'un coureur inconscient se saisisse du paquet pas fini et récupère les miasmes du précédent ! Moi je ne risque plus rien, 3 doses, testé positif juste après le dernier vaccin, on va dire que je suis blindé, ça risque rien.
Succulentes ces chips.
Juste en sortant de ce ravito, il y a ce petit passage étroit entre deux grillages, qui dure une cinquantaine de mètres. C'est pour ça que je ne peux pas venir avec mon déguisement d'Obélix. Ici, ce serait l'enfer. Mais en lapin, ça pourrait passer. Intéressant comme idée. À creuser.
Et puis après le second et dernier ravito, je ne sais pas ce qui s'est passé, peut-être le fait d'être avec tous ces gens qui sont sur le 27 km (les parcours se rejoignent) et vont légèrement plus lentement que nous car ils fatiguent un peu sur la fin, mais dans tous les cas, l'improbable se produit. Je récupère des jambes, et je me fais même - phénomène rare - plaisir dans les descentes. Et vas-y que je passe à gauche, à droite, je rattrape un peu de monde, franchement, j'ai passé un bon moment.
Je reste inquiet, vais-je passer sous les 6 heures ? Ma montre mécanique ne faisant pas GPS, c'est assez dur pour moi d'évaluer, mais comme je suis passé au ravito du 27ème km vers 11h00 du matin, c'est pas mort. Mais j'ai oublié... je suis passé avant, ou après 11h00 ? On s'en fout, l'important c'est d'avancer.
Au final je rentre en 5h53. Correct. J'aurais pu mieux faire, mais c'est pas si pire, on va dire que je ne suis pas encore complètement foutu. Un jour je viendrai ici avec une forme olympique, pour voir.
Un jour.